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Il n'est jamais trop tard pour achever sa mission
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 12 - 2014


Par Moncef Kamoun*
Béji Caïd Essebsi est né le 29 novembre 1926 à Sidi Bou Saïd, avocat, fils d'agriculteur et arrière-petit-fils d'Ismaïl Caïd Essebsi, haut fonctionnaire dans l'administration beylicale
Il effectue ses études secondaires au Collège Sadiki. A 12 ans déjà, il était marqué par les événements du 9 avril 1938, revendiquant des réformes politiques, notamment l'institution d'un parlement, qui aboutissent à une sanglante fusillade qui marquera le mouvement national tunisien. Ces événements déclenchent alors son intégration dans la jeunesse du Néo-Destour.
Par la suite, il se rend à Paris où il effectue ses études de droit, Parallèlement, il était vice-président de l'Association des étudiants musulmans nord-africains et membre actif de la résistance contre le protectorat français.
Juste après l'indépendance, le 24 avril 1956, Bourguiba, Premier ministre de la Tunisie indépendante, fait convoquer BCE, qui n'était alors qu'un avocat prometteur, et le nomme séance tenante chargé de mission à la présidence du Conseil, puis chef de l'administration régionale au ministère de l'Intérieur.
À la suite du complot contre Bourguiba, ce dernier le charge du dossier en tant que directeur de la sûreté nationale et assiste, en qualité de secrétaire d'Etat adjoint à l'Intérieur, Taïeb Mehiri, alors ministre de l'Intérieur souffrant de diabète. Caïd Essebsi est nommé ministre de l'Intérieur le 5 juillet 1965.
Le 5 juin 1967 pendant la guerre des Six-Jours, BCE refuse en tant que ministre de l'Intérieur que la police ouvre le feu sur les manifestants qui avaient investi le centre de Tunis.
Le 8 septembre 1969, un remaniement ministériel eut lieu et Caïd Essebsi est désigné ambassadeur de Tunisie aux Etats-Unis, poste qu'il n'occupera pas car il est reconduit dans le gouvernement Bahi Ladgham en tant que ministre de la Défense,
Il quitte son poste avec le remaniement ministériel du 12 juin 1970 et devient ambassadeur de Tunisie en France.
Solidaire d'Ahmed Mestiri et du groupe des libéraux, qui plaidaient pour davantage de démocratie interne et qui considéraient qu'un parti qui n'est plus en mesure d'assurer la démocratie en son sein n'est pas crédible quand il prétend réaliser la démocratie dans le pays à la suite de ces déclarations, une motion est votée à l'encontre des signataires. En résulte leur suspension du parti et de l'Assemblée en septembre 1974. Il perd son mandat de député.
S'ensuit alors une longue traversée du désert durant laquelle il exerce son métier d'avocat
Son exclusion sera annulée par Bourguiba en 1980 et il reintègre le gouvernement en tant que ministre délégué auprès du Premier ministre Mohamed Mzali, avec la condition d'instaurer la démocratie en Tunisie et de mettre fin au pouvoir personnel de Bourguiba. Il est par la suite nommé ministre des Affaires étrangères, le 15 avril 1981.
Il est resté ce poste de 1981 à 1986. Son fait le plus marquant restera le vote, le 4 octobre 1985, par le Conseil de sécurité de l'ONU, de la résolution 573, qui condamne l'agression israélienne contre le territoire tunisien (le bombardement du QG de l'OLP à Hammam-Chott). BCE réussira à infléchir la position de l'ambassadeur américain, Vernon Walters, initialement décidé à voter contre le projet de texte
Après le 7 novembre 1987, il intègre le Rassemblement constitutionnel démocratique du nouveau président Zine El-Abidine Ben Ali. Il devient député puis président de la Chambre des députés en 1990, convaincu de pouvoir insuffler un zeste de vitalité démocratique à une institution réduite au rôle de chambre d'enregistrement. Déçu du régime de Ben Ali, il demande à céder sa place dès octobre 1991 mais averti, il achève son mandat et se retire des affaires publiques en 1994, pour se consacrer à son métier d'avocat.
Il y revient vingt ans après à la suite de la révolution. Le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, démissionne et lui cède sa place le 27 février 2011. Il est chargé notamment de l'organisation de l'élection de l'Assemblée constituante.
En 8 mois, BCE a réussi à calmer les manifestants et résoudre les conflits intérieurs et à l'echelle internationale. Il a été invité par le président Nicolas Sarkozy et participe au 37e sommet du G8 tenu les 26 et 27 mai à Deauville et à la discussion focalisée sur les moyens d'aider les peuples du monde arabe à instaurer des démocraties.
Il a été invité aussi le 5 octobre 2011 par le président Barack Obama qui déclare : «Je voudrais saluer la Tunisie, le tout premier pays de l'Afrique du Nord et du monde arabe à avoir entamé cette transformation extraordinaire que nous appelons le printemps arabe», et rencontre le président du Sénat, Daniel Inouye, et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. Le 7 octobre, il rencontre Obama à la Maison-Blanche.
Le gouvernement le plus fort de l'histoire du pays !
Tout commence après les élections d'octobre 2011. Ennahdha arrive au pouvoir et met en route son programme gardé secret pendant plus de 30 ans et ayant un discours d'unité nationale et de promesses à tous les niveaux
Hamadi Jebali avait fait une déclaration, alors que les résultats définitifs n'étaient pas encore publiés, affirmant qu'il avait reçu des «signaux divins» et qu'il allait «instaurer le 6ème Califat». C'était en fait pour appeler à la réunification de la « oumma islamique».
Cédant la présidence de la République au CPR et celle de l'Assemblée nationale constituante à Ettakatol, Ennahdha se focalise sur les ministères souverains de la Justice et de l'Intérieur qui deviennent des outils pour établir leur politique, et pour satisfaire tout le monde, il nomme plusieurs ministres, conseillers, super-conseillers, attachés et détachés. Il change la majorité des gouverneurs et délégués et nomme des fidèles, infiltrant tous les rouages de l'administration.
Ennahdha libère par la suite des milliers de criminels à l'occasion du 1er anniversaire de la révolution et refuse la prise en charge des blessés de la révolution.
Les Tunisiens ont été agressés le 9 avril 2012 par une milice nahdhaouie et à Siliana avec de la chevrotine, on assiste après à des crimes politiques contre des leaders de l'opposition.
Enfin, la dernière touche du «plus fort gouvernement dans l'histoire du pays» pour faire tomber le pays dans le chaos, c'est l'entrée fracassante des groupes terroristes. Après s'être entraînés en toute quiétude dans les montagnes tunisiennes, voilà qu'ils entament leur œuvre destructrice de notre appareil sécuritaire.
Enfin, Ennahdha refuse de se prononcer sur les échéances électorales et de remettre au travail l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie).
Ce bilan «remarquable » a été réalisé en un temps record par un gouvernement provisoire. Qu'en serait-il s'il s'agissait d'un gouvernement élu pour 5 ans ?
Le phénomène Nida Tounès
Le 20 avril 2012, Béji Caïd Essebsi, qui croyait achever sa mission, annonce son initiative sous le nom de Nida Tounès et se fixe les objectifs suivants :
Nécessité pour la Constituante de délimiter officiellement et avec précision la durée de son exercice pour l'écriture de la Constitution, d'entamer immédiatement les préparatifs des prochaines élections dans les délais impartis
Mise en place d'un plan de sauvetage de l'économie nationale
Nécessité sur le plan social d'accorder un intérêt accru aux jeunes et d'établir un plan urgent en faveur des catégories et des régions précaires sur la base de l'équité sociale et de la solidarité nationale
Lancement du processus de la justice transitionnelle à travers un mécanisme indépendant
Rupture avec les dangers d'un retour à l'interférence entre l'appareil de l'Etat et les appareils des partis au pouvoir
Neutralité des mosquées tout en mettant un terme au phénomène des milices
Sauvegarde des libertés collectives et individuelles acquises et les prémunir contre toutes les éventuelles violations et menaces, et ce, aussi bien pour la liberté de la presse, d'expression et d'organisation, tout en préservant les acquis modernes pour la société tunisienne et en premier les droits de la femme
Application de la loi de façon à prévenir les dangers du terrorisme qui menacent la sécurité sociale et les intérêts nationaux et internationaux de la Tunisie
Consolidation du rôle de la Tunisie au niveau international en évitant l'alignement sur aucun axe étranger
Le 16 juin 2012 au Palais des congrès de Tunis en présence de 6 à 7.000 personnes lors d'un grand meeting, on annonce la transformation de l'initiative Nida Tounès en un parti politique.
Le lendemain, le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a affirmé que Nida Tounès, présidé par Béji Caïd Essebsi, est plus dangereux que les salafistes pour la Tunisie en expliquant sans gène qu'il est plus facile de lutter contre le salafisme que contre Nida Tounès, car les salafistes ne sont qu'une minorité naissante et maîtrisable alors que Nida Tounès dispose des RCDistes, implantés dans tout le pays.
Quatre mois plus tard, le 18 octobre 2012, le coordinateur du parti à Tataouine et dirigeant régional de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche, Lotfi Nagdh, meurt en marge d'affrontements entre ses partisans et des manifestants proches d'Ennahdha
Le 29 janvier 2013, l'Union pour la Tunisie est officiellement fondée avec une coalition entre Nida Tounès, Al Joumhouri, la Voie démocratique et sociale, le Parti socialiste et le Parti du travail patriotique et démocratique.
Le 28 avril 2013, Caïd Essebsi annonce officiellement sa candidature à la prochaine élection présidentielle.
Beji Caïd Essebsi a réussi, en quelques mois, à attirer de grandes personnalités et à ramener dans ses rangs des élus d'autres partis.
Il représente un choix alternatif crédible, avec une option nationaliste et un modèle d'Etat civil et social et une garantie d'une stabilité institutionnelle et de grandes chances de fédérer, d'agglomérer les forces politiques et de relancer le chantier de l'unité nationale.
Achever sa mission
Béji Caïd Essebsi, premier président de la IIe République à l'âge de 88 ans, est un phénomène de longévité politique.
A 12 ans, il est marqué par le mouvement national. A 29 ans, il est conseillé du Premier ministre H. Bourguiba.
A 44 ans, il démissionne en raison du refus de Bourguiba d'entériner les élections libres internes du parti.
A 55 ans, il réintègre de nouveau le gouvernement Mohamed Mzali, avec la condition d'instaurer une démocratie en Tunisie. Déçu, il demande à être libéré de ses fonctions. En 1990, sous Ben Ali il prend la présidence de la Chambre des députés, convaincu de pouvoir insuffler un zeste de vitalité démocratique à une institution réduite au rôle de Chambre d'enregistrement. Déçu du régime, il demande à céder sa place, et se retire des affaires publiques, pour se consacrer à son métier d'avocat.
A 85, ans il est Premier ministre lors de la période transitoire
Aujourd'hui à 88 ans, il est président de la République. Disciple de Habib Bourguiba, chef de file du bloc moderniste, ses concitoyens redécouvrent le leader au charisme intact, habité par le sens de l'Etat. Un grand stratège, mesurant la faiblesse des partis progressistes existants et leur incapacité à dépasser leurs querelles, il crée son parti et rassemble toutes les sensibilités: la gauche, les indépendants, les intellectuels, les syndicalistes et aussi les destouriens.
Il séduit par sa finesse d'analyse, sa vision politique, sa certitude quant à ses objectifs et, je dois dire, par sa vivacité d'esprit, comme son inspirateur Habib Bourguiba, il possède une aisance en arabe dialectal et un sens de la formule qui le différencient de tous ses adversaires.
L'enthousiasme provoqué par ses premières sorties médiatiques s'explique par le contraste entre ses prestations et celles auxquelles les Tunisiens étaient habitués. Le personnel politique était d'une grande médiocrité.
La primauté de l'Etat est une notion capitale dans la pensée politique de Béji Caïd Essebsi.
Béji Caïd Essebsi, comme Bourguiba, pense que le pouvoir et le style ne sont pas dissociables. Il l'écrivait dans son livre, paru en 2009 : «L'Etat s'impose par ses institutions et par la qualité et la culture des hommes choisis pour le servir».
*(Architecte)


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