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L'attentat
Propos de culture et d'inculture
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000


Par Habib Bouhawel
Un attentat, encore un. Il survint quelque part dans ce village universel que jadis on appelait monde. Quelque part, dans ce village planétaire où l'acte étrange et étranger de terreur n'était suivi qu'à la télé, entre deux réclames, et que la météo, en épilogue de l'info, effaçait illico de la mémoire. Quelque part où la barbarie humaine n'était qu'image virtuelle, ressentie passivement comme faisant partie d'une fatalité naturelle propre à une espèce parquée dans une réserve d'une lointaine banlieue et où la violence renvoie à un quelconque exotisme politique de bon aloi. «Cocotière» ou bananière, la terreur devient ainsi spectacle et divertissement. Jusqu'à ce 7 janvier, quelque part dans la partie huppée du village, quand elle s'invite, tire à balles réelles et rappelle que dans un village, même de la grandeur d'une planète, on est tous logés aux mêmes enseignes, et qu'on n'est pas à l'abri de l'acte absurde.
La tragédie est certaine, et les mots se font impuissants devant l'horreur. On est tous, curieusement ou paradoxalement, solidaires avec cet hebdo qui ne nous a pas épargnés, qui nous a harcelés et qui s'est spécialisé dans la discrimination religieuse et l'exacerbation des passions intracommunautaires. Mais assassiner l'esprit est la pire des abominations, et reconnaître et défendre le droit à la libre expression même si elle est hostile, ennemie ou perverse, est un acte fondamental de civilisation, et qu'au-delà de ces libertés, même présumées, il y a une fraternité d'armes qui nous unit dans la tragédie, autant qu'elle pouvait nous séparer sur le plan éthique de la profession. Et parce que nous appartenons à une grande pensée, islamique, dans un sens strictement culturel et d'appartenance, nous considérons le pardon comme valeur sacrée et l'élevons à une hauteur métaphysique. C'est au nom de cette miséricorde enseignée par ce même prophète qu'ils ont caricaturé à dessein et abusivement diabolisé, que des citoyens et intellectuels musulmans se sont unis au deuil français, et voulu exprimer clairement leur désaveu d'un crime voulu intentionnellement en leur nom.
On en est même arrivés à oublier les dizaines de milliers de victimes arabes et musulmanes innocentes, exécutées froidement par les bombes «industrialisées» et les armes «civilisées», à oublier les enfants palestiniens, syriens ou irakiens, livrés aux affres de la faim et de l'intempérie, victimes des convoitises cyniques de ces nations exportatrices des libertés et dont la barbarie se drape justement du pudique messianisme démocratique. Des Arabes et des musulmans, nombreux, ont oublié, face à la tragédie, les entourloupes droit-de-l'hommistes qui ont plongé leur monde arabe dans le pire cauchemar qu'on puisse imaginer, et qui ont justifié ces croisades modernes. Cependant que l'éminent Robert Misrahi, autre chroniqueur de Charlie Hebdo, déclarait sans rire, qu'il fallait «condamner clairement le fait que c'est l'Islam qui part en croisade contre l'Occident et non pas l'inverse!». Ce philosophe «du bonheur» adepte de Spinoza et admirateur de Sartre, n'est qu'un échantillon parmi d'autres activistes et manipulateurs d'opinion au service d'une stratégie mise en place depuis la guerre du Golfe et visant au remodelage d'un monde arabe malade, en difficulté avec sa mémoire et ses ressorts culturels, et l'empêcher de reprendre souffle pour des raisons évidentes.
Les caricatures anti-islamiques commises au nom de la sacro-sainte liberté d'expression ne sont que l'illustration — sans jeu de mots — de cette infernale stratégie. Soutenir le contraire serait nuire aux valeurs nobles de la démocratie et trahir l'esprit de ceux qui ont milité pour qu'enfin soient garanties nos libertés. Tourner en bourrique les religions ou Dieu ne devrait pas être un crime et la seule chose de sacrée n'est rien d'autre que la liberté et la continuelle remise en cause de l'ordre du monde. L'évolution humaine est à ce prix. Mais quand la liberté est instrumentalisée, quand la démocratie devient élément de chantage dans des jeux troubles et criminels, quand ces nobles concepts sont l'enjeu de démarches suspectes, et qu'ils deviennent délit sitôt qu'ils sont appliqués à des «intouchables», il convient de réagir avec lucidité et courage pour justement, ne pas dévoyer cette liberté.
Assassins et victimes de cet horrible carnage, n'en doutons pas, étaient directement ou indirectement manipulés par les mêmes commanditaires, ceux-là mêmes à qui le crime profitait, et croire à une simple et banale vendetta de zélotes extrémistes relève de la naïveté mais aussi nous éloigne de la véritable piste. Et quand bien même nous devrions continuer à être vigilants sur la question des libertés et des valeurs et acquis démocratiques, cela ne nous autorise nullement à faire le jeu d'enjeux qui, souvent, dépassent l'intellectuel non averti, surpris sous le coup de l'émotion et par les rafales soutenues d'une info dirigée et complice et qui fonctionne majoritairement avec le «bad buzz» comme les couvertures de Charlie.
La manipulation est une arme perverse, et rien que le fait qu'à chaque attentat on force les gens à penser uniformément, est en soi suspect. En mettant à chaque fois nos consciences à mal et en nous affligeant d'une culpabilisation collective, les maîtres du jeu prennent notre raisonnement en otage. Mais en fait, avons-nous seulement essayé de nous libérer de ce fameux syndrome de Stockholm qui consiste à trouver, entre autres, des circonstances atténuantes au geôlier?


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