Dans le cadre du cycle de conférences du Collège de France en Tunisie 2014-2015, l'Institut Français de Tunisie organise deux conférences avec le Pr Philippe Walter, titulaire de la Chaire annuelle (2013-2014) : «Innovation technologique Liliane Bettencourt». Philippe Walter interviendra dans la première conférence intitulée «Sur la palette de l'artiste : rencontre entre les sciences et les arts», le lundi 2 février à 15h00 au Musée national du Bardo. La deuxième conférence intitulée «Pourquoi un peintre choisit-il un pigment particulier ?» se déroulera le mardi 3 février à 10h00 à la Faculté des sciences de Tunis (Campus universitaire, El Manar). Les conférences seront suivies de débats. Philippe Walter est un chimiste spécialisé dans l'étude des matériaux du patrimoine culturel. Né en 1967 à Saint-Cloud, il est diplômé de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud - Lyon (1986-1990). Il est directeur de recherche au Centre de recherche et de restauration des musées de France jusqu'en 2011. Il y dirige l'équipe CNRS de 2008 à 2011 et, début 2012, crée à l'Université Pierre et Marie Curie (Paris 6) le Laboratoire d'archéologie moléculaire et structurale, une nouvelle unité mixte de recherche avec le CNRS. A l'appui de ses recherches qui l'ont amené à développer des instruments innovants, il a contribué au développement des analyses du Palais du Louvre, dont il a dirigé l'équipe de 2003 à 2011. Il a joué un rôle pionnier dans ce domaine et a fédéré la communauté nationale, contribuant à la création du groupement de recherche « Synchrotron et Patrimoine ». En Chine et au Chili, il a travaillé sur des peintures corporelles de momies. En Tunisie, il participe à un projet de recherche sur les traces de couleurs sur la statuaire romaine du musée du Bardo. Sa démarche dans le domaine de l'archéologie et de l'art l'a conduit à s'intéresser à des périodes variées, de la Préhistoire à l'époque moderne. Il a dirigé différents programmes de recherche, dont un au sujet des habitudes cosmétiques de l'Antiquité, en collaboration durant 16 ans avec les laboratoires de recherche L'Oréal. « Sur la palette de l'artiste : rencontres entre les sciences et les arts » au Musée du Bardo portera sur les multiples innovations technologiques, à l'image de celles réalisées dans le domaine de la médecine ou de l'exploration des planètes, elles sont utilisées aujourd'hui pour étudier les œuvres d'art à l'aide d'analyses non invasives (sans prélèvement ni dommage) et in situ (sur le site historique ou dans les musées). La complexité des matériaux employés par les artistes est ainsi étudiée pour apporter des informations aussi bien sur les pratiques artistiques que pour aider à la conservation des œuvres ou contribuer à l'évaluation de leur degré d'authenticité. Cette conférence visera à montrer de quelle manière ces outils d'analyse aident à traduire et à comprendre le geste de l'artiste en termes de propriétés physico-chimiques de la matière picturale, d'interaction de l'œuvre avec la lumière, de perception visuelle et de réception culturelle par la société. La seconde conférence « Pourquoi un peintre choisit-il un pigment particulier ? » à la Faculté des Sciences de Tunis portera sur l'utilisation par l'homme des pigments naturels qui remonte à plus de 100 000 ans. Comment les peintres ont-ils pu trouver et sélectionner les pigments naturels avant de bénéficier des nouvelles couleurs issues de la synthèse chimique ? Cette conférence permettra d'expliquer comment ces couleurs ont permis de répondre aux attentes des artistes pour obtenir des effets particuliers dans leurs œuvres. L'exemple des pigments bleus synthétisés aussi bien par les civilisations égyptienne, chinoise et maya, que par les chimistes des XIXe et XXe siècles sera une des illustrations de cette évolution.