Intense a été la séance plénière de jeudi au cours de laquelle le chef de gouvernement désigné, Habib Essid, a présenté le programme de sa nouvelle équipe gouvernementale. Parmi les décisions urgentes annoncées par Essid, l'obligation pour chaque ministre de présenter, dans les dix jours, un calendrier des priorités de son ministère. A noter que les ministres de Mehdi Jomâa ont été chargés par ce dernier d'élaborer, pour chaque département, un document présentant les réalisations ainsi que les projets en cours ou futurs. Cinq de ces ministres, rencontrés jeudi dans le hall de l'ARP, ont bien voulu livrer à chaud, à La Presse, leurs premières impressions. Taïeb Baccouche, ministre des Affaires étrangères : Les Tunisien enlevés en Libye, d'abord C'est à partir de ma réunion avec le staff du ministère que nous allons établir une liste de priorités, mais je peux d'ores et déjà dire que l'un des dossiers que je traiterai en premier est celui des deux journalistes enlevés en Libye. Il y a aussi l'épineuse question des relations avec des pays comme la Syrie et la Libye. Chiheb Bouden, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique : Poursuivre le processus de réforme Les voies sont tracées pour notre ministère étant donné que le ministère de l'Enseignement supérieur a entamé une action de réflexion sur une réforme et une restructuration de l'enseignement supérieur. Enseignants, étudiants, syndicats et tous les partenaires ont travaillé ensemble dans une commission pour faire ressortir les plans stratégiques de cette réforme. Ce plan a été adopté par les universités le 17 janvier dernier. Actuellement, nous sommes dans la phase de mise en application. La priorité est de mettre un calendrier de travail. Autre priorité, c'est le retour des élèves ingénieurs aux salles de classe. Cette grève n'a duré que très longtemps. Il est temps de trouver une solution. Zied Laâdhari, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi : Mettre en œuvre, d'abord, un dispositif unilatéral Ce ministère est très important, mais de toute façon, il n'y a pas de ministère facile. Chaque département a son importance. Evidemment que le dossier de l'emploi est un dossier prioritaire vu qu'il est à l'origine de la révolution. Nous allons tout mettre en œuvre de manière à ce que ce dossier soit convenablement traité par le gouvernement. Je ne vais pas définir de manière unilatérale un dispositif pour l'emploi, mais nous allons y travailler avec toutes les parties concernées. Néjib Dérouiche, ministre de l'Environnement et du Développement durable : Priorité à Djerba J'ai eu beaucoup de discussions avec les députés et la société civile qui m'ont informé des dossiers à traiter en urgence. Si je devais citer une, c'est sans doute Djerba, je vais programmer au plus vite une visite dans la région pour reprendre le dossier, voir où en sont les solutions qui avaient été envisagées et peut-être pas encore exécutées. Malheureusement, lorsqu'on parle d'environnement, on pense à des dossiers nobles comme l'économie verte et la production d'énergie à partir des déchets, mais nous en sommes très loin pour le moment, nous en sommes encore au stade basique de l'environnement. Nous ne pouvons pas avoir un dialogue environnemental du 21e siècle. Les gens souffrent encore d'un manque d'hygiène. Samira Maraii, ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance : Quatre priorités Quatre dossiers importants attendent d'être traité avec efficacité dans ce département. Le dossier de la protection de l'enfance, plusieurs jardins d'enfants sont hors de tout contrôle où l'on endoctrine les enfants. La violence à l'égard des femmes, qui malgré les efforts déjà fournis, mérite une attention particulière. L'autonomisation économique de la femme et plus spécialement la femme rurale. La femme active ne représente que 25,8% et c'est un taux très faible. Le taux de chômage des femmes diplômées est de 41,8%, c'est énorme, et dans le sud, il dépasse 50%. Enfin, il existe une discordance entre ce qu'on retrouve dans les textes de loi et la réalité. L'égalité effective n'a pas encore été réalisée. 35% des femmes se trouvent dans les zones rurales et dans un état de précarité et de vulnérabilité. Je vais m'occuper particulièrement de ce dossier.