Par Jamel HENI (Paris) A Nice, les propos du jeune Ahmed, 8 ans, sont tendancieusement déformés. A Villers-Cotterêts, Aymen, 9 ans, est entouré de képis en gendarmerie suite à une dénonciation calomnieuse. Ylies, 6 ans, dans une petite ville dans l'Eure est purement et simplement traité de terroriste par un directeur récidiviste. Aux Alpes-Maritimes, une fille de CM2 subit le même sort... La France est en guerre contre ses écoliers! Alors que le gouvernement rejette d'instaurer le «Patriot Act», l'islamophobie, elle, semble arracher une voix au chapitre dans certains établissements scolaires. Les enfants y ploient sous une confusion institutionnelle et pédagogique. Activement pour certains enseignants, de guerre lasse pour d'autres. Les enfants cités à comparaître devant un juge pour mineurs ou simplement auditionnés «auraient eux-mêmes été plusieurs fois victimes de propos ou d'actes racistes», s'indigne M. Mathlouthi, père de Aymen, en CM2. «A Villers-Cotterêts, commune dirigée par l'extrême droite, mon fils a eu droit à ‘‘sale arabe'' au moins huit à neuf fois, sans que cela soit signalé», vitupère-t-il au micro de Beur-FM le 30 janvier dernier. Selon sa mère, convertie à l'Islam, Ylies, CP, aurait subi des violences physiques ayant nécessité un repos de deux jours. En tant que représentant légal de l'enfant, elle fut convoquée à une «drôle» de conciliation à la mairie, sans le ministère d'avocat! Face à ces écoles d'exception, les parents d'élèves sont déchirés entre un silence indigne et une réaction suspecte. Seuls quelques-uns ont jugé utile de déposer plainte pour dénonciation calomnieuse. Les conseils juridiques des associations de défense d'élèves vont plus loin et demandent l'ouverture d'une enquête administrative. «Si l'on n'agit pas dessus, ces griefs d'apologie du terrorisme resteront dans les fichiers internes de la police et poursuivront l'enfant toute sa vie», met en garde Ahmed Takouti, conseil des familles. Parent-ils les coups ou pansent-ils les blessures? Les parents d'élèves sont dans la tourmente. Incompris, suspects exécutoires, jetés en pâture, ils ne savent plus à quel saint se vouer... Les enfants, eux, voient parader à la télévision des leaders politiques ou d'opinion qui ne « sont pas Charlie». A la différence près que ces grands gaillards blancs ne sont pas auditionnés...