Les lampions du second trimestre ne se sont pas encore totalement éteints et les élèves n'ont pas encore commencé à savourer des vacances bien méritées après les labeurs et les fatigues endurés voilà que déjà et dès le premier jour de repos, et sans le moindre répit, les cours particuliers occupent les devants de la scène au grand dam des parents contraints de mettre la main à la poche et pas en petite monnaie ! Le sujet a été débattu en long et en large par le passé mais ce qui interpelle ce coup-ci, c'est la promptitude et la célérité qui ont caractérisé les décisions des enseignants de dispenser aussi rapidement leur savoir. Une précipitation suspecte et clairement significative quant aux intentions vraies de ses instigateurs. Un problème qui se pose avec acuité au niveau des classes terminales mais les autres niveaux n'en sont malheureusement point épargnés.
La profusion des concours instaurés (4ème ,6ème , 9ème , bac, etc.) n'a fait que conforter la position de ces insatiables maîtres supposés détenir les clés du savoir. Et pour ne pas être en reste, même les professeurs de sport mettent leur grain de sel dans l'affaire surtout pour les futurs bacheliers. Objectif, réussir les enchaînements futurs du Bac sport ; rendez-vous quotidiens sont donc programmés dès 8 heures du matin dans des salles de sport privées que les proprios ravis de l'aubaine louent à l'heure aux instits. Des gosses qui n'auraient eu de la sorte que le dimanche pour jouir d'un soupçon de grasse matinée ! Comment vont-ils récupérer du marathon astreignant du second trimestre ? Allez savoir !
Argumentation massue, mais cousue de fil blanc Pour les autres disciplines, la « sérénade » est des plus classiques et la ficelle tellement grosse qu'elle ne trompe plus personne tant elle est ressassée par la plupart de ces enseignants portés à arrondir copieusement leurs fins du mois par des moyens peu orthodoxes se sucrant sans vergogne sur le dos des pitoyables parents aux abois. Mais on est obligé de s'y plier car un troisième trimestre important voire décisif se profile déjà à l'horizon et le risque réel d'une mise à l'écart de l'élève récalcitrant est patent. Massacrer les notes de ceux qui ne souscrivent pas aux heures supplémentaires est une monnaie courante. Récemment, des 2/20 et des 3/20 en informatique pour des futurs bacheliers scientifiques qui ont osé ne point répondre aux appels pressants du pied de leur enseignant ont été enregistrés sans que l'on ne s'en offusque outre mesure. Des plaintes ont certes été déposées auprès de l'administration, mais elles sont restées lettre morte... Dans le but de bien appâter la « clientèle », le discours est quasi identique du nord au sud du pays du genre : pendant ces vacances, on va tout revoir et récapituler en focalisant surtout sur les lacunes des uns et des autres. De plus, on va tenter d'avancer et de gagner du temps car nous risquons d'être un peu courts et justes en fin d'année et de ne point pouvoir boucler le programme. Enfin un argument massue pour conclure, histoire de bien enfoncer le clou et de convaincre ceux qui hésitent encore à adhérer à ces séances de supplices : la constitution des groupes est définitive ; en ce sens que d'ici la fin de l'année aucune inscription nouvelle ne sera acceptée.
Responsabilités partagées Une fois les listes arrêtées, les modalités de paiement sont de deux sortes. Payer au jour le jour et au début de la séance ( à croire qu'on est devant les guichets d'une salle de spectacle), ou ce qui est pire et constitue une aberration monstre, donner un chèque de garantie mentionnant le montant global correspondant à toute la durée restante de l'année scolaire histoire de contraindre les élèves à aller jusqu'au bout et à ne point changer de camps à l'approche de la date fatidique des examens. Les pauvres parents ne savent plus à quel Saint se vouer et sur quel pied danser. Avec une moyenne de quatre enfants concourant à des niveaux différents, ils n'ont qu'à s'exécuter et se plier à ces exigences exorbitantes et non moins extravagantes au prix de privations monumentales et de choix cornéliens douloureux. Une parenthèse cependant : si la situation a empiré de la sorte atteignant un point de non retour, c'est en grande partie dû aux parents pour avoir accepté d'entrée de jeu de se plier à ce vil et mesquin marchandage. Nos enfants aussi en ne se concentrant guère comme il se doit en classe tablant sur ces cours de rattrapage nous ont en quelque sorte forcés la main à plier l'échine. La tutelle a certes formellement interdit pareilles pratiques en ce sens qu'aucun enseignant n'est autorisé à donner des cours supplémentaires à ses propres élèves. Mais en dépit de cette circulaire, on continue à faire la sourde oreille.