Le oud de Abderaouf Ouertani est toujours là pour tempérer et dompter les autres instruments. Quatre musiciens, quatre instruments différents. Piano, clarinette, oud et percussion... en face un grand nombre de mélomanes. On les a vues s'unir pour nous offrir dans une parfaite symbiose, des mélodies émouvantes. Telle une brise, ces mélodies caressent l'oreille qu'elles emportent loin au gré d'un rythme profond, émanant du fond du cœur. Ce rythme est apaisant, il ouvre les portes d'un univers parsemé de paix et de sérénité. Les instruments nous parlent et leurs mots sont d'une douceur ineffable... La première balade est un hymne à l'amour. Là, tous les musiciens touchent leurs instruments avec délicatesse, pour émettre des sons envoûtants, tout en criant leur peine. Le oud pleure à voix basse, la percussion baisse le ton, la clarinette se lance dans une sérénade et le piano flirte avec le classique. Le tout effleure l'âme du spectateur, lui déploie les ailes pour qu'il s'envole loin à travers un rythme langoureux et sensuel... Telle une flûte enchantée, les instruments s'entremêlent et ne deviennent qu'un pour envelopper l'espace de l'Agora d'une mélodie douce. Puis le quartet hausse le son, dans un rythme enfanté par nos traditions musicales, imprégnées par un son presque andalou. La musique devient alors plus saccadée... Là, les musiciens se lancent à la recherche de la «Médina égarée», et ce, à travers un son intense savamment rythmé. Chaque instrumentaliste s'adonne à un solo entaché de mélancolie. On voit naître un rythme sobre et élégant qui se perd dans les ruelles de la Médina. Dialogue des instruments, dialogue des cultures, on croit entendre un mawel à l'effigie d'une Tunisie qui se recherche. Les instruments crient à tue-tête. Ensuite, vient un hommage à une jeune fille atteinte de bipolarité: le rythme s'apaise et fait transparaître les tourments de la jeune fille... Nous bénéficions ainsi de sons mélodieux, lancinants, très intimes, voire fort émouvants. Ainsi, le compositeur Abderaouf Ouertani puise sa musique dans la réalité et le vécu social, politique, psychologique et culturel. Le voilà plus engagé rendant hommage à Gaza et à l'Irak meurtris. Là, la musique est tantôt rythmée, tantôt calme et voluptueuse. Elle donne même envie de se lancer dans une chorégraphie gracieuse. La musique du quartet est très élégante telle une belle femme qui s'offre aux regards admirateurs du public. Parfois oud, percussion, clarinette et piano se déchaînent face à une réalité douloureuse, ils crient leur peine, leur désarroi. Mais souvent le rythme est lent, gracieux tel un baume au cœur. Le quartet va même caresser la mer. Sur une mélodie romantique langoureuse et tel un chant de sirène... Il emporte le spectateur, on croit même entendre le va-et-vient des vagues. Puis l'on assiste à un délicieux mélange de jazz et de musique orientale qui transcende l'âme. Oud, clarinette, piano et percussion nous offrent des mouvements musicaux instrumentaux poétiques. Tels des charmeurs de serpents. Ils envoûtent l'assistance. La musique est docile. Un timbre chaud extrêmement brillant, voire perçant, tel un murmure, effleure l'ouïe. Amplitude sonore très expressive... Toutes tripes dehors, les mélodies sont fluides, procurant ainsi une sensation de bien-être. Mais parfois elles deviennent haletantes, brusques et excessives et sans retenue. Mais le oud de Abderaouf Ouertani est toujours là pour tempérer et dompter les autres instruments.