Pris en étau entre la position du ministère de l'Education et celle du syndicat, les élèves du gouvernorat de Kairouan ne veulent pas faire les frais de ce bras de fer. D'ailleurs, le démarrage des cours en cette matinée du 2 mars a été très difficile car beaucoup d'institutions éducatives ont fonctionné en veilleuse, surtout après que des perturbations ont eu lieu aux alentours de lycées et de collèges, que ce soit en ville ou dans les délégations. Ainsi, et à titre d'exemple, le collège Ibn Charaf a été attaqué à coups de pierres par des élèves qui ont fini par défoncer la porte principale afin d'empêcher le déroulement des cours. Le même sort allait être réservé au collège du 2 Mars 1934 et au lycée Ibn Rachiq n'eût été l'intervention de la police qui a tout mis en œuvre pour calmer ces jeunes en colère qui scandaient des slogans hostiles aux enseignants. Neanmoins, à Hajeb El Ayoun où la colère était à son paroxysme, le mouvement de protestation a dégénéré puisque 6 élèves ont été blessés à cause des jets de pierres. Pour ce qui est des enseignants dont la plupart campent sur leurs positions, ils imputent la responsabilité de ce mouvement de boycott des examens au ministre de l'Education qui continue de faire la sourde oreille aux revendications relatives à l'amélioration de leur situation matérielle. Adel Nagati, professeur au lycée Chedly-Atallah, estime qu'il faudrait mettre fin au dialogue de sourds entre le syndicat et le ministère et faire en sorte que les deux parties fassent un peu de concession quant aux revendications des uns et des autres: « On ne peut pas rester dans le flou et ne pas savoir quand aura lieu la semaine bloquée ..» Quant aux élèves et à leurs parents, beaucoup d'entre eux sont inconsolables et désabusés. Rym Romdhani, inscrite en 3e année mathématiques, nous confie : « Bien sûr il y a ceux qui veulent perturber nos cours, mais il y a aussi les élèves assidus qui travaillent jour et nuit pour réussir. J'ai peur qu'il y ait une année blanche car avec tous ces mouvements de grève, on n'est plus concentrés. Cela est malheureux, surtout lorsqu'on voit les sacrifices de nos parents qui arrivent à s'endetter pour payer nos études! Je suis très déçue !». Notons par ailleurs qu'une élève inscrite en 8ème année au collège de Menzel Mhiri (délégation de Nasrallah) s'est jetée des escaliers du premier étage de son collège, ce qui a nécessité son hospitalisation. Son geste, qui a eu lieu hier vers 14 heures, serait dû à sa peur d'être punie par l'administration puisqu'elle serait impliquée avec d'autres élèves qui ont enlevé le drapeau national en cette journée de grève.