Le musée, actuellement sous contrôle sécuritaire, rouvrira ses portes aux visiteurs d'ici mardi prochain. Hier, quelques membres de la nouvelle cellule de communication créée conformément à la décision du Conseil des ministres tenu mercredi y a tenu une conférence de presse pour revenir sur l'attentat du Bardo et certaines de ses conséquences. Vingt-quatre heures après ce drame tragique, une conférence de presse a été donnée, hier à midi, dans les locaux du musée sinistré, mitoyen de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), un des symboles de la souveraineté nationale. Selon la ministre de la Culture et du Patrimoine, Mme Latifa Lakhdhar, membre de la cellule de communication gouvernementale qui vient d'être mise en place, la tenue de la conférence sur les lieux du crime terroriste, aveuglément perpétré mercredi à midi, ayant fait 23 victimes dont 20 touristes de différentes nationalités, se veut, ainsi, révélatrice d'un message fort symbolique. Le sens du défi et du patriotisme y est éloquent. D'emblée, la ministre a commencé par présenter aux familles des victimes ses condoléances, tout en regrettant de voir le terrorisme frapper de plein fouet sous nos cieux, soulignant par ailleurs que ce phénomène complexe n'a pas de frontières, il est aussi bien régional qu'universel. La symbolique d'un lieu sinistré Mme Lakhdhar revient sur la symbolique d'un tel attentat meurtrier à cibles multiples. Car il n'est pas fortuit, à ses dires, que les terroristes aient visé le musée du Bardo. C'est parce que, poursuit-elle, ce haut monument patrimonial reflète bel et bien le temple de la mémoire collective, de celui de notre histoire millénaire qui incarne, dans sa profondeur, notre identité socio- culturelle. « Voilà pourquoi ils ont ciblé ce musée national, lequel est considéré parmi les plus reconnus au monde, surtout qu'il abrite la plus grande collection de mosaïques comptant plus de 5000 m2 de pièces précieuses... », a-t-elle expliqué. Même si ce lâche attentat a abouti à des pertes en vies humaines, cela, a-t-elle relevé, n'affecte en rien l'union nationale, ni la solidarité dont fait, toujours, preuve la société civile tunisienne. Celle-ci a répondu présent, ici et maintenant, aux côtés de l'Etat et de ses institutions militaires et sécuritaires. L'intervenante n'a pas manqué d'énumérer les récentes mesures prises en urgence par son département, suite à ce crime odieux. Il s'agit d'insister sur le fait que la mémoire collective relève de l'intouchable et que la réouverture du musée du Bardo est imminente. Autre décision et non pas des moindres : il a été convenu, en coordination avec le ministère de l'Intérieur, d'assurer la sécurité de tous les sites et monuments archéologiques et de réussir le défi d'organiser, du 24 au 28 courant, le Forum social mondial (FSM) Tunis 2015. Non, la Tunisie n'est pas finie... De son côté, M. Kamel Jendoubi, ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, a tenu à rendre hommage à la mémoire des victimes et à la nation. «Attaquée dans son cœur au Bardo, symbole de la souveraineté nationale, la Tunisie est en deuil. On a essayé de saper notre moral, en touchant ce qu'il y a de plus cher à nos yeux ; le tourisme est le symbole de notre système politique démocratique», affirme-t-il. Sans pour autant oublier de rendre hommage aux forces de l'ordre qui sont encore mobilisées sur les lieux du drame, aux quatre coins du musée fermé aux visiteurs. Pour lui, « l'heure n'est pas à la récupération politique ou partisane, ni à la fuite en avant. L'heure est plutôt au recueillement, au rassemblement et à l'action responsable... ». Et l'orateur d'ajouter que le terrorisme n'aura jamais sa place en Tunisie, d'autant plus que le pays est pleinement engagé dans la consolidation de l'Etat de droit. « Aujourd'hui, la Tunisie est en deuil, demain elle se redressera. Les Tunisiens, leur Etat, leur gouvernement, leurs partis et leur société civile agiront pour le bien commun». Et de conclure: «Non, la Tunisie n'est pas finie, elle ne fait que commencer». Le ministre de la Justice, M. Mohamed Salah Ben Aïssa, est intervenu pour mettre l'accent sur la mise en vigueur de la loi antiterroriste de 2003, soulignant qu'il n'y a pas un vide juridique, comme le prétendent certains. Le projet de loi de lutte contre le terrorisme est fin prêt, disposé à être soumis à l'ARP pour adoption. Et là, le ministre a indiqué que la guerre contre ce phénomène n'est pas tributaire uniquement de cette loi, mais elle nous commande d'élaborer une approche de traitement multidimensionnelle. Réunion sécuritaire mixte : une première Sur cette lancée, M. Yassine Brahim, ministre de la Coopération internationale et de l'Investissement, a fait savoir qu'une réunion mixte, première dans l'histoire du pays, du Conseil supérieur des armées et celui des forces de l'intérieur a eu lieu, hier matin, afin de décider des mesures nécessaires qui seront annoncées dans les jours à venir. Entre-temps, il a indiqué qu'une marche de solidarité contre le terrorisme est prévue et dont la date n'a pas encore été fixée. Evoquant l'attentat du Bardo, M. Brahim n'a pas écarté la thèse des représailles, suite à des poursuites sécuritaires ayant abouti à l'arrestation, en un mois, de plus de 400 terroristes. Mais, maintenant que les dés sont jetés, il est temps de resserrer les rangs et de s'unir, comme un seul homme, contre l'hydre terroriste. L'essentiel consiste également à prendre d'autres mesures de développement au profit des régions de l'intérieur. Cela, à l'en croire, fut l'objet du programme du gouvernement Essid dès les premières semaines de sa prise de fonctions.