Jusqu'au 17 mars 2015, quelque 848 espaces anarchiques pour enfants ont été détectés dont 313 condamnés à la fermeture. Depuis la création, le 20 août 2014, d'une Commission nationale ainsi que des Commissions régionales chargées du contrôle et du suivi des jardins d'enfants anarchiques et jusqu'au 17 mars 2015, quelque 848 espaces anarchiques pour enfants ont été détectés dont 313 condamnés à la fermeture. Des espaces implantés dans toutes les régions et qui usent du bien-être des Tunisiens de la prime enfance pour gagner de l'argent à leurs dépens. Cela fait des années que le phénomène des jardins d'enfants anarchiques va crescendo, favorisé qu'il est par une certaine facilitation législative. En effet, la loi ne restreint aucunement la création de jardins d'enfants aux seules personnes ayant suivi une formation spécialisée. Toute personne désireuse de monter un tel projet ne trouve aucune contrainte pédagogique à réaliser son objectif. Aussi, n'est-il pas rare de trouver des directeurs de jardins d'enfants dont la formation n'a rien à avoir avec l'éducation de l'enfance. D'autant plus que la substitution de l'autorisation, jadis accordée par l'institution de tutelle, par un simple reçu en guise d'admission du dossier déposé par un particulier, a quelque peu délesté ce domaine de la notoriété qui le caractérisait. Manifestement, l'implantation d'un jardin d'enfants anarchique est à la portée de tous. Cependant, ce qui confère auxdits espaces le qualificatif «anarchique», c'est la non-conformité de l'espace, du programme et du cadre animateur et éducatif aux consignes inscrites noir sur blanc dans le cahier des charges. «Cette non-conformité décelable à travers l'infrastructure de l'établissement en question, les équipements disponibles, les programmes opérationnels représente le motif qui décide du qualificatif "anarchique" et, par conséquent, des mesures prises par les inspecteurs et visant à rappeler à l'ordre les directeurs desdits espaces», explique M. Lotfi Belazi, directeur chargé de l'animation socio-éducative et des loisirs à la direction générale de l'enfance. Pour reprendre les choses en main, la direction générale de l'enfance, relevant du ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, entreprend de nouvelles mesures susceptibles de combattre efficacement le phénomène des jardins d'enfants anarchiques. Outre la création de la Commission précitée et la multiplication des inspections sur terrain dans l'optique de rappeler à l'ordre les réfractaires et de fermer les espaces dont la non-conformité aux normes inscrites au cahier des charges expose les enfants au danger, une autre commission a vu le jour le 18 juillet 2014. «Cette commission a pour mission la révision du cahier des charges usuel afin qu'il soit désormais plus rigoureux et donc en parfaite harmonie avec les directives de la Convention internationale des droits de l'enfant ainsi qu'avec l'article 47 de la Constitution», souligne M. Belazi Cette Commission est formée des représentants des ministères concernés, ceux des Chambres nationales des jardins d'enfants et des crèches, ceux de l'UGTT, des cadres inspecteurs, des cadres de la direction générale de l'enfance ainsi que des représentants de l'observatoire national des droits de l'enfant. Révision méticuleuse du cahier des charges La révision du cahier des charges accorde une place de choix au contenu, plaçant davantage les directeurs et les animateurs des jardins d'enfants face à leur responsabilité, à savoir garantir des prestations éducatives et de loisirs de qualité. Une qualité qui exige de la part des animateurs et du directeur une connaissance confirmée et une qualification certaine des besoins psychoaffectifs et moteurs de l'enfant. Ce qui nécessite, indubitablement, le recours à des sessions d'une formation continue. Les articles 2 et 3 mettent l'accent sur l'indispensable implication de l'enfant dans les activités qui lui sont destinées, son intégration dans la vie sociale et l'ancrage, chez lui, des principes de citoyenneté et d'appartenance à la patrie. Par ailleurs, les articles allant de 6 à 11 clarifient les nouvelles procédures relatives à l'octroi du cahier des charges ainsi qu'aux actions de contrôles menées par les cadres inspecteurs. Les procédures précéderont désormais le démarrage des activités du jardin d'enfants en question et dont les résultats traduiront l'acceptation ou le refus de la tutelle. Une fois le dossier accepté, il est recommandé au fondateur du projet d'afficher le numéro du reçu d'acceptation, et ce, selon l'article 28 du cahier des charges. La protection, synonyme de bien-être Parmi les principes fondamentaux autour desquels s'articule le projet de réforme, figurent la protection de l'enfant et la prévention de tout ce qui serait susceptible de nuire à son bien-être, comme les équipements et l'infrastructure inappropriés. S'agissant de sa santé, la loi recommande aux parents de présenter aux directeurs de ces espaces un certificat médical et une photocopie du carnet vaccinal de l'enfant avant même son inscription. De son côté, le directeur de l'espace éducatif se doit d'être garant de prestations respectant les normes d'hygiène, la santé de l'enfant ainsi que sa bonne alimentation. Dans l'article 26, les membres de la Commission de révision du cahier des charges insistent sur l'impératif de lutter contre la discrimination. Ainsi, les enfants à besoins spécifiques ont droit aux prestations offertes par les jardins d'enfants, et ce, sur un pied d'égalité que les enfants sains. Le présent cahier des charges souligne la responsabilité des directeurs et des animateurs pour enfant à les protéger contre toute forme de violence et de promouvoir le rôle du délégué à la protection de l'enfance. Encore faut-il souligner qu'outre les efforts fournis par la direction générale de l'enfance dans le but de délester le domaine de l'animation et de l'éducation infantiles des intrus, le rôle des parents est plus que déterminant dans la lutte contre l'invasion des jardins d'enfant anarchiques. Savoir déceler les lacunes perceptibles, relatives aussi bien au cadre qu'au programme et savoir s'abstenir d'inscrire çàles enfants dans des jardins d'enfants qui manquent de rigueur et de conscience professionnelle constitue déjà un premier pas vers la lutte contre ces espaces. La protection des enfants relève, d'abord, de la responsabilité des parents. Ces derniers doivent faire preuve d'exigence afin de pouvoir placer leurs progénitures entre de bonnes mains.