Les élèves ont repris, hier, le chemin des écoles, des collèges et des lycées sur fond de très haute tension entre le ministère et certains syndicats. Malgré des espoirs de dénouement de la crise, la prudence reste de mise Pour la première fois depuis le début de la grave crise entre le ministère de l'Education et le Syndicat général de l'enseignement secondaire (Sges), il y a lieu de croire à un dénouement proche. Pour la première fois, aussi, les différents responsables syndicaux ont fait allusion à un possible accord sur les principales revendications. Le ministère avait avancé, à plusieurs reprises, des propositions qui n'ont pas plu aux responsables syndicaux. Ces derniers étaient agacés du fait que ces annonces étaient faites à travers les médias et non à travers les canaux de négociations. En tout cas, l'engagement des autorités est plus que certain. Des propositions plus concrètes et plus substantielles sont à l'étude. Elles visent des majorations au niveau des primes et des promotions notamment. Si les structures syndicales avaient placé la barre très haut en exigeant des augmentations allant jusqu'à 300 dinars (selon les ballons d'essai), le ministère n'en est pas très loin. Le ministre lui-même a déclaré dans les médias que les montants dont pourraient bénéficier les enseignants atteindraient les 280 dinars. Prestige des enseignants, dites-vous ? Il n'est pas question des augmentations salariales qui découleront des négociations sociales générales pour les années 2014, 2015 et 2016. En d'autres termes, cela pourrait plaire au Sges. La « détermination » du syndicat était dictée par sa volonté de ne pas faire machine arrière au risque d'être discrédité par sa base. A cette étape des négociations qui ont repris entre les deux parties, on peut parler d'une issue probable. Chacun sait que le seuil critique est atteint et qu'il est hors de question de continuer dans la même voie. La direction de la Centrale devrait avoir son mot à dire dans la résolution de ce problème inédit et grave par ses conséquences. Le mal est déjà fait à tout le système scolaire. Le niveau des élèves et de leurs acquisitions est entamé. Le discrédit a été jeté contre le corps enseignant et, moralement, le « prestige » n'est plus qu'un vague souvenir. Il sera très difficile de recoller les morceaux vu que l'impact moral dont devait se prévaloir l'enseignant n'est plus de mise. Les atteintes contre le corps enseignant (matériellement et moralement) n'ont jamais été aussi élevées. La société s'est élevée contre les structures syndicales des enseignants et les accuse de prendre leurs enfants en otage. Les menaces d'escalade n'arrangent pas les choses.Le souci des autorités de garantir une année scolaire sans problèmes a contribué à fléchir sa position en faisant pencher la balance en faveur d'un syndicat à bout de souffle et qui risque de s'attirer encore les foudres des parents et des élèves. On ne sait pas si, vraiment, ces responsables font cas de la réaction des Tunisiens. Quant aux enseignants, ils ont subi cette épreuve sans état d'âme. Une période chargée d'examens La majorité silencieuse parmi eux est à bout de nerfs. Les responsables syndicaux le savent. Aussi, ne peuvent-ils plus pousser plus loin ce bras de fer qui n'a que trop duré. L'image de l'enseignant a été largement écorchée. Le danger de causer davantage de tort aux élèves doit être pris en compte sinon la situation va exploser de l'intérieur. Les élèves sont désorientés. Ils n'ont jamais vécu une situation pareille. Tous les efforts qu'ils ont faits à la fin du deuxième trimestre sont restés vains à la suite du boycott des examens par le Sges. A l'heure actuelle, ils voient mal comment ils pourront aborder en toute sérénité une seconde phase avec des devoirs de synthèse décalés. Et, justement, quelles seront les dates des devoirs en question sachant que pour les classes terminales, les épreuves d'éducation physique commenceront le 20 avril et se poursuivront jusqu'au 2 mai. Immédiatement après, ce sera au tour des épreuves pratiques (technologie, éducation musicale, informatique, algorithme, etc.) du 15 au 26 mai. Le bac blanc se déroulera dans la première moitié du mois de mai. Donc il n'y a pas de grand choix pour la réalisation des devoirs de synthèse au titre des examens du deuxième trimestre. Le Sges ne « permet » pas au ministère de fixer les échéances de ces devoirs. Il veut être partie prenante. De ce fait, on a l'impression que les autorités officielles sont prisonnières du bon vouloir des syndicats et qu'elles ne peuvent plus agir de façon libre. Y aura-t-il chicanerie à propos des dates qui seront fixées ? Ce qui constituera un autre motif de retard. Objectivement, la seule période possible se situe entre le 13 et le 18 avril pour prétendre réaliser les devoirs. D'un côté les élèves auront le temps matériel de refaire leurs révisions et de l'autre, l'administration pourra prendre toutes les mesures nécessaires pour cette opération. On ne pourra pas aller au-delà de cette date. Après, il deviendra très difficile d'entreprendre quoi que ce soit vu les nombreux engagements qui attendent les enseignants, les élèves des classes terminales et le cadre administratif. Malheureusement, le secteur de l'enseignement est entré dans une très mauvaise passe où l'administration n'est plus le véritable acteur. Et le ministère n'est pas au bout de ses peines puisque d'autres syndicats font pression pour «faire appliquer», disent-ils, des accords passés précédemment. Il s'agit des syndicats de l'enseignement de base, des inspecteurs du primaire, des surveillants, etc.