Pour elles, la fête de la femme se célèbre en prison    Rania Toukebri: Les satellites, les données et l'après-IA    Le gouvernement examine les équilibres financiers du budget 2026 au service du développement national    ALKIMIA valide ses comptes et affecte 46 millions de bénéfices    Intrants agricoles et subventions : le WWF prépare deux notes pour une transition verte    Tunisie : Les réserves en devises couvrent 104 jours d'importations    Saisie et destruction de fromages et de beurre stockés dans de mauvaises conditions à Jendouba    Tunisie : Lancement expérimental du centre médical à distance    La LTDH alerte sur un recul préoccupant des droits des femmes    Situation humanitaire à Gaza : une coalition de 26 partenaires appellent à agir en toute urgence    Nouvelle Porsche 911 Cup : plus puissante, plus légère, plus durable    Le mufti Hichem Ben Mahmoud : l'IA doit rester en harmonie avec l'islam et la charia    Le Club africain recrute Saidou Khan pour deux saisons    Egypte, USA et Qatar relancent la médiation pour une trêve à Gaza    Vague de feu en Grèce : évacuations et appels à l'aide internationale    Caravane Soumoud : le gouvernement prépare des poursuites après des révélations d'irrégularités    La CAF valide trois stades tunisiens pour les compétitions africaines 2025-2026    Eruption du volcan Merapi en Indonésie : un panache de cendres de 1600 mètres signalé    L'Union des travailleurs de Tunisie dénonce des propos « diffamatoires » contre Kaïs Saïed    Tataouine : Des licenciements massifs après l'interdiction de la sous-traitance ?    Fête de la femme : Plus de 300 Tunisiennes mises à l'honneur    Expo Osaka 2025 : la Tunisie célèbre sa culture et la femme tunisienne avec le spectacle « Asayel »    Inscriptions scolaires 2025-2026 : payez à distance facilement avec le Wallet e-Dinar    Najwa Karam, Soleil de la chanson arabe signe un retour triomphal au Festival Carthage 2025    La Galaxy Watch contribue à améliorer le bien-être grâce à son capteur innovant : explications    Yasser Jradi : un an après sa disparition, Tunis et Gabès lui rendent hommage    Kairouan : suspicion d'enlèvement d'une adolescente de quatorze ans    Un séisme de magnitude 5,3 secoue le nord des Philippines    Illuminez Chaque Moment : OPPO Dévoile le Tout Nouveau Reno14 F 5G avec Photographie Flash IA et Design Sirène Irisé    Saisie de 36 kg de cannabis    De cœur à cœur, Rafik Gharbi ressuscite Aznavour dans le spectacle "Hier encore" à Boukornine    Kamel Lazaar - Fadhel Jaziri, par son exigence et sa créativité, a hissé la Tunisie au rang des grandes scènes internationales    Scandale des orientations universitaires au Kef : un élève soupçonné de falsification encourt jusqu'à 80 ans de prison    Déficit commercial en hausse de 24% en un an, selon l'INS    Tunisie 13 août 2025 : Femmes, exil, climat, vieillesse... le recensement d'une rupture    L'Algérie rejette une nouvelle mesure française visant ses diplomates    Attention : mer dangereuse et risques d'orages en Tunisie aujourd'hui    Le métro de Tunis à l'arrêt complet suite à une panne majeure    Le Festival de Hammamet fait ses adieux à Fadhel Jaziri, sur les notes de paix du groupe malien Ngoni Ba    Rania Toukebri : « Les missions lunaires font partie de ma vie »    FIC2025 – "Ballets folkloriques du monde" : un voyage scénique au cœur des traditions musicales de dix pays    Le champion du monde tunisien Ahmed Jaouadi rejoint l'Université de Floride pour préparer les JO 2028 à Los Angeles    Assassinat d'Anas Al-Sharif et les journalistes d'Al Jazeera à Gaza : la SNJT dénonce un crime contre la presse    Décès de Fadhel Jaziri    Moez Echargui, champion à Porto, lance un appel : je n'ai pas de sponsor !    Décès de Me Yadh Ammar, une illustre figure du barreau, de l'université et de la société civile    Ahmed Jaouadi : Un accueil présidentiel qui propulse vers l'excellence    Tunisie Telecom rend hommage au champion du monde Ahmed Jaouadi    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les accouchements douloureux de la politique
TRIBUNES
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 04 - 2015


Par Brahim KAROUI
Ce dernier 14 janvier, date historique qui représente les espérances trompées des Tunisiens, n'a pas pu nous réconcilier avec les charmes de la nostalgie révolutionnaire. Cette révolution n'accouche de rien, dit-on de toutes parts. Les «réactionnaires» agissent dans l'ombre, se disent démocrates, libertaires, mais la liberté n'est pas une acquisition de circonstance, achetée dans une galerie marchande qui suinte la spéculation. Jamais une œuvre humaine aussi chère n'a coûté peu de frais. Les discours changent, mais les hommes ne ressentent pas le besoin de transformer leur esprit, leur conviction, leur habitude, leur perception de la vie. La voix de la liberté est enfumée de quelques assassinats, de beaucoup de lâcheté, de raisonnements logomachiques; elle ressemble à un marécage bourbeux. Les habitudes ont été corrompues dans plusieurs domaines jusqu'au vol prémédité des effets des passagers à l'aéroport de Carthage. De petites bandes se constituent pour saborder tout changement, toute poussée vers le mieux et le bien. Des délits nombreux courent les lieux et se pratiquent toujours à visages découverts pour de petits et bas intérêts. Quand la sincérité manque dans le cœur, la liberté boite. Quant le vice domine et reste impuni, cette liberté demeure suspecte, parce que de telles abominables pratiques montrent que le banditisme n'est pas seulement un vice néfaste, mais encore une affirmation avouée du pouvoir mafieux des spoliateurs. Dans une ère traversée par un vent de liberté, la vie doit être plus chère que l'argent, les valeurs respectées plus en mesure de faire adhérer que les tortures de l'esprit en quête d'argent sale. La liberté ainsi n'est pas sortie victorieuse à cause du défaut de sa conscience chez ces malfrats. La liberté est la liberté de l'esprit, de la foi, des opinions, assumée et défendue non pas seulement pour soi, mais aussi pour autrui. Si donc un acte cause le chagrin, la déception de l'autre, il est délibérément conduit sous la direction de la ruse qui, appliquée dans le travail, nuit à une tierce personne, et établit le mal. Ce n'est pas général : mais il faut frapper pour redresser et corriger les consciences malades. La liberté disparaît sous le vice qui ravage et qui bénéficie du silence lâche des témoins sans pouvoir.
Depuis 2011, il y avait un vide, puis des élections, des gouvernements successifs et provisoires coupés de meurtres et d'échecs sur tous les plans. Le gouvernement actuel s'installe avec difficulté, peine, dès le départ, à se faire approuver. En fait, les attentas sur l'un des organes symboliques de la liberté, la presse, en France, annoncent une année sombre et tragique. Charlie Hebdo fut victime d'un massacre abominable qui lui enleva presque la totalité des membres de sa rédaction. Dans le tintamarre bruyant et intoxiqué de guerre dirigée par Daech, des mercenaires jihadistes basés en Irak et doublés de milices en Syrie, au Yémen, en Libye, et d'assassins en Tunisie, qui fut un pays de paix et de joie, mettent une partie de l'Orient à feu et à sang, en défendant une cause perdue et lâche, en tuant des innocents et en portant leurs mains criminelles jusqu'aux monuments de notre patrimoine culturel en Irak.
Le crime médité et exercé avec impassibilité par des jeunes que la mort n'effraie pas et le sang qu'ils font couler ne dissuade pas, est à l'œuvre à Tunis, le 18 mars dernier. Le musée du Bardo fut la cible historique d'un tragique attentat qui coûte très cher à un pays en construction. C'est une vingtaine de morts, tous venant en ce temps et lieu pour voir des mosaïques romaines témoignant de notre civilisation marquée par le passage des grandes civilisations, Rome et Carthage. C'est aussi le douloureux moment qui présage une nouvelle crise sociale, économique et morale. Si le tourisme est visé, il est établi que le terrorisme entraverait la reprise de la croissance, ou le redémarrage du secteur touristique qualifié par les spécialistes comme incertain et flou en ces dernières années. S'il est touché ainsi, c'est notre économie accablée sous l'effet des dettes de l'Etat, et de la frilosité des investisseurs, qui en subira nettement les conséquences.
Sur ces entrefaites, la réponse scandée du gouvernement et des chefs de partis compose avec leur intérêt immédiat, le retour de l'ordre, soit-il précaire, et cela se doit au moyen d'une répression sans merci contre les éventuels auteurs du crime. Tant que le crime sévit et plonge le pays dans un deuil sans fin, il ne sera pas définitivement déraciné. Tant il est vrai que la Tunisie est fragilisée par le marasme financier dû en effet à l'absence de l'Etat dans les secteurs de l'économie les plus rentables, et son rôle de garant de postes et de significations administratives ombiliquées et coûteuses, conjoncture sévère doublée par l'éclatement du tissu politique, si décousu et donnant dès le départ à voir les signes avant-coureurs de l'usure. Cette lutte contre le terrorisme qui fait saigner le ministère de l'Intérieur et l'armée, s'avère des plus dures en ce moment précis.
Quand un auteur s'autolicencie et ne va pas jusqu'au bout de son raisonnement, il y a un malaise, il y a qu'il ne se sent pas protégé. On a trop parlé de la liberté de penser en Tunisie que ce mot ne revêt qu'à un slogan amer. Cette liberté est gênante, est acquise sans lutte, est donnée comme une prime gonflée à l'œuvre révolutionnaire de notre peuple qui a chassé le dictateur qui l'avait terrifié et muselé. L'histoire est succincte, les changements sont à faire, les difficultés découragent si fort les caractères trempés de volonté et d'audace pour qu'un changement profitable puisse se fonder et augurer des situations meilleures. Cette guerre contre le terrorisme, le prisme fallacieux des âmes perdues et malades en quête d'une spiritualité fourvoyée dans le massacre et le crime; cette guerre, dis-je, paraît ambiguë. Une juridiction n'a pas encore vu le jour, et on nous fait remarquer que les tergiversations risqueront de repousser à bien loin sa mise à effet. Jusqu'à cette date indéterminée, la politique payera les frais du laxisme, et de l'omerta si observée dans les milieux proches de la contrebande et des fiefs du terrorisme. Si le silence dure encore, en traînant des paroles et des déterminations ardentes, cela suffira-t-il pour une lutte efficace ? Mais en attendant, le gouvernement actuel, blessé depuis son arrivée, sera-t-il cicatrisé avec le temps qui coule, d'autant que les contraintes économiques paraissent en ce moment ardues ? L'histoire des grandes nations l'a prouvé : toutes les ténèbres avaient été dissipées quand le sentiment de l'amour et du sacrifice patriotique avait pénétré les cœurs. Sachant que les plus probes payent de leurs peaux, combien de Marat, recensés par l'Histoire pour avoir voulu et défendu la justice humaine, auront en Tunisie le même sort ?


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.