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Le recours palestinien à la CPI, dessous, enjeux et perspectives !
Publié dans Tunisie Numérique le 30 - 01 - 2015

Passée plus ou moins inaperçue dans la presse tunisienne, l'adhésion de la Palestine à la Cour Pénale Internationale (CPI) a été bien bouclée. Etant précisé que la CPI est la juridiction internationale compétente ayant autorité à juger les crimes de guerre, d'agression et de génocide ainsi que, les crimes contre l'humanité. Le Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-moon, en sa qualité de dépositaire de l'Instrument juridique en question, à savoir le Statut de Rome, instituant la CPI, a entériné la demande d'adhésion, assurant que la procédure est en règle et que la documentation requise est en ordre. Conformément audit Statut, l'adhésion de la Palestine ne sera effective que le 1er Avril 2015. Par conséquent, à partir de cette date, la CPI sera en mesure de statuer sur les requêtes palestiniennes et d'enquêter sur les accusations de crimes commis par Israël dans les Territoires palestiniens depuis 2008.
La décision de la Palestine de recourir officiellement à la CPI est d'une part, un nouvel instrument dans la stratégie de lutte au niveau international, inscrite dans le cadre d'une offensive diplomatique menée aux Nations Unies et d'autre part, le fruit de deux situations fortement corrélées ayant constitué une sorte de rampe de lancement, au timing idoine, pour plaider la cause palestinienne et confondre Israël dans ses crimes :
1- Depuis qu'elle a bénéficié du statut d'Etat non membre observateur, en vertu de la résolution 67/19 adoptée par l'Assemblée Générale des Nations Unies le 29 Novembre 2012, la Palestine n'a pu saisir le CPI car elle n'en est pas membre (n'étant pas signataire du Statut de Rome) et, de ce fait, la CPI s'était toujours déclaré incompétente, à juste titre, et ce fait, toute demande palestinienne était, le cas échéant, irrecevable. Le 31 Décembre 2015, en réaction au rejet de son projet de résolution au Conseil de Sécurité (voir ci-dessus), l'Autorité Palestinienne a soumis officiellement la demande d'adhésion.
2- Le 30 Décembre 2014, la Jordanie, au nom du Groupe Arabe à New York, a introduit un projet de résolution, présenté comme nouveau cadre d'un accord de paix avec Israël, aux termes duquel l'occupation israélienne cessera dans deux ans et l'Etat palestinien avec sa capitale à Jérusalem-Est sera reconnu. Outre d'autres dispositions incriminant la colonisation en tant qu'agression contraire aux normes du droit international et exigeant d'Israël de cesser immédiatement les constructions dans les colonies et à Jérusalem. En plus, le projet fait référence au règlement de la question des prisonniers palestiniens et au caractère illégal du mur de séparation.
Le projet de résolution n'a recueilli que huit voix pour sur les neuf nécessaires pour passer, deux voix contre et cinq abstentions. Les Etats Unis, membre permanent, n'ont pas eu à user de leur sempiternel et tout aussi immoral droit de véto qu'ils ont brandi tout le long des négociations. Et ce contrairement à la France, la Chine et la Russie, également membres permanents, qui ont voté en faveur du projet. Le Royaume-Uni, membre permanent aussi, s'est abstenu, tout comme la Lituanie, la Corée du Sud et le Rwanda. Il en était de même pour le Nigeria, favorable au projet au départ mais qui a fait volte face, contre toute attente, à la dernière minute, préférant le confort de l'abstention. A l'instar des Etats Unis, l'autre pays proche et inconditionnel allié de l'entité sioniste, en l'occurrence l'Australie, a voté contre.
Il n'est pas exclu de penser qu'en coulisses, la diplomatie américaine ait déployé ses ailes, ait pesé de tout son poids et ait exercé toute forme de pression pour réunir cinq abstentions (le vote négatif de l'Australie étant acquis outre le sien) et faire ainsi d'une pierre deux coups : D'abord, faire capoter le projet de résolution. Ensuite, s'éviter un énième veto, scénario que les Etats Unis ont tout fait pour l'écarter de peur que l'exercice effective de veto ne risque de décourager certains pays, notamment arabes et musulmanes, de faire partie de la coalition contre l'Etat islamique que Washington veut former. Les Etats Unis ont joué très serré mais ils ont obtenu gain de cause somme toute. Ils étaient satisfaits de leurs manœuvres et ils ne s'en étaient guère cachés. Le désistement en extrémis de Nigéria est semble-t-il le fruit de l'attaque américaine de harcèlement.
Non moins content et soulagé du rejet de la résolution, le chef de la diplomatie de l'entité sioniste, Avigdor Lieberman de sinistre mémoire, quand le texte était même encore en cours de négociation, n'en a pas abusé de son langage au vitriol pour fustiger la démarche palestinienne. Il a éructé que ce projet de résolution est « un acte agression » commis par les palestiniens, qui ne font que porter atteinte aux Israéliens et nourrir « l'escalade du conflit et la dégradation de la situation sur le terrain« , ajoutant dans un rictus arrogant et non moins hideux « il n'y a pas de règlement sans le consentement d'Israël, sans quoi rien ne changera« . Le sioniste pur jus Avigdor Lieberman a poussé l'imposture jusqu'à brailler que son pays, qui n'accepte jamais les diktats palestiniens visant à imposer un nouvel ordre dans la région, à même de mettre en danger sa sécurité, fait face « avec intelligence et détermination » à un assaut diplomatique ourdi par des parties hostiles.
Rien qui soit imprévisible ou insondable, l'histoire moderne enseigne que le Conseil de Sécurité n'a été qu'une succursale du Département d'Etat américain et son cheval de bataille. Comme Goebbels parlant de culture, mais à rebord de son sens initial, l'Administration américaine, quelle qu'en soit sa nature, sort son revolver dès qu'elle entend le mot Israël, au Conseil de Sécurité ou ailleurs. L'entité sioniste est intouchable, inattaquable devant aucune juridiction. On dirait qu'elle bénéficie d'une immunité multilatérale qu'aucun traité ne prévoit.
Après cet échec au Conseil de Sécurité, rapport de force et veto américain obligent, l'Autorité Palestinienne a immédiatement réagi et déposé le lendemain, 31 Décembre 2014, sa demande d'adhésion à la CPI comme il a menacé de le faire si le projet de résolution en question était bloqué ou rejeté. Mettant sa menace à exécution, l'Autorité Palestinienne s'était conformée aux procédures en vigueur pour rejoindre le CPI et obtenir ainsi le droit de faire juger les crimes sionistes.
Avant même le lancement de la procédure d'adhésion, le tristement célèbre premier ministre Benyamin Netanyahou a sorti lui aussi son fusil pour torpiller l'opération. Cultivant l'amalgame jusqu'au bout, il a catalogué la démarche palestinienne de « demande hypocrite faite par l'Autorité Palestinienne, qui n'est pas un Etat, mais une entité liée à une organisation terroriste, le Hamas, auteur de crimes de guerre« . Dans sa myopie sioniste, il a oublié que l'Assemblée Générale des Nations Unies a fait bénéficier la Palestine du statut d'Etat non membre observateur. La résolution onusienne ne parle pas d'entité mais bel et bien d'Etat. Tous les coups tordus et bas sont permis quand il s'agit de casser les reins, les droits et les perspectives des palestiniens.
A l'annonce de l'adhésion de la Palestine à la CPI, les Etats-Unis et Israël ont cherché à faire couler l'entreprise, remettant en cause sa légalité juridique aux yeux du droit international. En effet, ils ont estimé, dans la foulée, que la Palestine n'est pas éligible à la CPI dès lors qu'elle n'est pas un Etat souverain et que son statut aux Nations Unies, à savoir, Etat non membre observateur, ne lui confère pas le droit d'accéder au titre de membre à part entière à la CPI. Il ne serait pas inutile de rappeler que les Etats Unis ont tout mis en œuvre, en 2012, tous les épouvantails et menaces en main, dans un véritable racket politique, indigne d'une démocratie se voulant gardienne des valeurs de liberté, d'ouverture et de modernité, pour que l'Assemblée Générale des Nations Unies n'accorde pas le statut d'Etat membre à part entière et sans exclusif à l'Autorité Palestinienne, contrairement à leurs engagements antérieurs. Les promesses américaines, on sait de quel bois elles se chauffent !
Pire encore, en sauvage riposte, dans un total déni de vie, le gouvernement sioniste n'a pas trainé le pas pour sévir de la plus lâche manière. Tout juste le lendemain de l'adhésion de la Palestine à la CPI, il a gelé le transfert de 106 Millions d'Euros de taxes collectées pour le compte de l'Autorité Palestinienne. Voilà comment les autorités sionistes confisquent l'enveloppe fiscale que les palestiniens apportent de leur labeur et leur travail. En tout cas, le gouvernement sioniste a toujours recours à ce genre de couperet pour sanctionner et fragiliser l'Autorité Palestinienne. Une arme lâche et inhumaine avec laquelle l'entité sioniste adore flinguer les palestiniens de tout bord.
Shame on you, Barack Obama!
Revenons aux promesses américaines en faveur de l'établissement de l'Etat palestinien.
En effet, le président américain Barack Obama , qui plus est prix Nobel de la paix ( assourdissant scandales dans les annales de l'institution et de l'histoire), n'a t-il pas transmis un message clair et net à l'adresse et en faveur des palestiniens, en déclarant, le 4 Juin 2009, à l'Université du Caire, que « l'Amérique ne tournera pas le dos à l'aspiration légitime du peuple palestinien à la dignité, aux chances de réussir et à un Etat à lui« . En bientôt six, rien n'a évolué, bien au contraire, Washington continue, mine de rien, de saboter toute manœuvre qu'esquisse l'Autorité Palestinienne pour l'établissement de son Etat.
A cet égard, il y a lieu de souligner que, de sources palestiniennes, à l'heure actuelle 134 pays ont officiellement reconnu l'Etat de Palestine. En Europe, il s'agit de la Bulgarie, la Hongrie, Chypre, Malte, la Pologne, la Roumanie et la Suède. Dans d'autres pays européens, comme la France, le Royaume-Uni, l'Irlande, l'Espagne, le Portugal, le parlement national a annoncé un avis favorable à la reconnaissance de la Palestine.
Dans le même funeste ordre d'idées, peut-on passer sous silence la décision des Etats Unis, sous l'Administration Obama, (Israël en a fait de même) de suspendre leur contribution financière, en guise de représailles, à l'UNESCO (environ le quart de son budget annuel), accusée d'avoir ouvert ses portes à la Palestine, suite à la décision que ses membres ont prise, le 31 octobre 2011, de modifier le statut de la Palestine d'observateur en membre à part entière. Depuis, l'UNESCO est en crise financière et contrainte à faire de fortes coupes dans ses programmes et ses projets. Au diable la diversité culturelle et l'héritage humain !
En tout cas, la CPI est restée de marbre, fidèle à sa ligne, elle n'a cédé en rien. Les menaces, les injonctions et autres mesures coercitives n'ont pas modifié la donne. En effet, le 16 Janvier 2015, sur demande palestinienne, le procureur de la CPI, Mme Fatou Bensouda, a ouvert un examen préliminaire concernant les crimes de guerre perpétrés sur le territoire palestinien par Israël. Le Bureau est en cours d'effectuer son analyse en toute indépendance et en toute impartialité. Et si Israël n'est pas membre de la CPI et n'a pas signé le Statut de Rome, la CPI n'en reste pas moins compétente de se saisir et de statuer sur tout dossier présenté, du moment que les faits incriminés aient été perpétrés dans un pays membre.
Comme prévue, cette nouvelle offensive palestinienne, arme judiciaire à la main, n'a pas été du goût d'Israël, qui a osé répliquer que la démarche palestinienne auprès de la CPI est « une action unilatérale susceptible de torpiller les perspectives des négociations de paix entre la Palestine et Israël« . Quelle négociation de paix Ya Ableh ?! Pour Benyamin Nétanyahou, droit dans ses bottes fascistes, l'Autorité Palestinienne « a choisi la confrontation avec Israël« . Plein dans le mille, Bibi ! Cela fait plus de six décennies que ça dure. Et dans une phrase farcie d'a propos et qui trahit sa principale préoccupation, il a fait savoir que jamais « Nous ne laisserons les soldats et les officiers de l'armée être traînés devant la CPI« . Quant au ténébreux Avigdor Lieberman, pris de frayeur, redoutant de sombres verdicts, a dégainé de nouveau en vociférant qu'il s'agit d'une « décision scandaleuse dont le seul but est de saper le droit d'Israël à se défendre contre le terrorisme« . A les entendre fabuler et mystifier la réalité, on ne sait plus qui est David et qui est Goliath !
Sans être en reste, en fidèle complice et porteur d'eau de l'entité sioniste, l'Administration américaine est allée également de son coup de sabre, qualifiant la décision de la CPI de « ironie tragique, compte tenu des milliers de roquettes terroristes tirées contre Israël ». Aucun sourcillement devant la disproportion des forces et des frappes sur le terrain, comme si Hamas, d'un point de vue strictement militaire, est en mesure de constituer une menace ou un adversaire de poids. La roquette ne peut en aucune manière valoir une bombe atomique ou une flotte aérienne à la pointe de la technologie. Et d'ajouter sans surprise et sans aucune sens de la mesure que les Etats Unis sont » fermement opposés à l'action lancée par le procureur de la CPI ».
En résume, le recours à la CPI et l'acceptation de celle-ci d'ouvrir un examen préliminaire sur les crimes sionistes est de nature, tout au moins, d'ébranler la carcasse d'impunité d'où l'entité sioniste tire sa force et son arrogance et de fissurer un tant soit peu le mur de compassion, voire de compromission derrière lequel le bloc occidental dissimule ses penchants néo-colonialistes et ses réflexes impérialistes. Pas de grosses illusions à nourrir en tout cas, la CPI n'est pas tenue à un délai pour se prononcer sur l'affaire. Le procureur de la CPI, Mme Fatou Bensouda, n'a-t-elle pas d'ores et déjà averti que « Le statut de Rome n'impose aucun délai pour rendre une décision relative à un examen préliminaire« . En tout cas, personne n'ôte à la CPI le mérite d'avoir fait ce qu'il devait faire, acte pourtant naturel et simple qui est devenu en soi une prouesse dans ce monde pourri.


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