Même si les termes de l'accord ne sont pas clairs jusqu'à présent, le diplomate iranien le considère déjà comme une victoire pour son pays Mortadha Sarmadi : « Cet accord avec les grandes puissances n'entrave en rien le projet nucléaire pacifique et civil de l'Iran » L'ambassade d'Iran à Tunis a convoqué hier la presse tunisienne à une conférence de presse assurée par le vice-ministre des Affaires étrangères de la République islamique iranienne, M. Mortadha Sarmadi. Ce haut responsable de l'Etat chiite, en visite officielle en Tunisie, a estimé devant les journalistes que l'accord historique conclu entre l'Iran et les six puissances occidentales (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France et Allemagne) permettait à l'Iran de poursuivre son programme de développement du nucléaire civil en toute transparence vis-à-vis de la communauté internationale. L'accord en question impose à l'Iran une réduction de l'enrichissement de l'uranium de l'ordre de 98% pendant 15 ans, une réduction du nombre des centrifugeuses de 19000 actuellement à 6000, ainsi qu'une ouverture des installations nucléaires aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). En contrepartie, l'Iran pourra bénéficier d'une bouffée d'oxygène au niveau économique, et ce, à travers la levée des sanctions (progressive ?) décidée par le Conseil de sécurité. Toutefois, aucun calendrier n'a encore été fixé entre les parties prenantes pour l'application de cet accord. Il s'agit en effet d'un accord-cadre. Victoire iranienne ? « Nous entamerons prochainement des négociations autour du calendrier d'application de l'accord, a précisé Mortadha Sarmadi. Au mois de juin, ces détails seront tranchés et nous obtiendrons du Conseil de sécurité de l'ONU la suppression de l'ensemble des sanctions imposées à l'Iran ». Même si les termes du « contrat » ne sont pas clairs jusqu'à présent, le diplomate iranien de haut rang le considère déjà comme une victoire pour son pays. « Nous avons abandonné l'enrichissement de l'uranium parce que nous n'en avons pas besoin pour le moment, dit-il. Cet accord avec les grandes puissances n'entrave en rien le projet nucléaire pacifique et civil de l'Iran ». Il est vrai que le Conseil de sécurité des Nations unies avait demandé clairement à l'Iran d'abandonner à 100% l'enrichissement de l'uranium. Grâce à cet accord, l'Iran sauve la face et « vend » l'idée d'une victoire du pays de Khomeiny. Lutte contre le terrorisme Au cours de la conférence de presse, Mortadha Sarmadi a évoqué à plusieurs reprises la détermination de son pays à lutter contre l'extrémisme et le terrorisme, et ce, « avec l'ensemble des pays qui sont sincèrement prêts à le faire ». Selon lui, certains pays utiliseraient le terrorisme lorsqu'il est à leur avantage. « On ne peut pas prétendre lutter contre le terrorisme en Irak par exemple et le soutenir dans d'autres pays tels que la Syrie et le Yémen », a-t-il précisé. « Au Yémen, certains suggèrent de renforcer Al-Qaïda pour affaiblir un autre groupe armé, Ansar Allah, et c'est là un soutien clair au terrorisme, affirme le responsable iranien. Ce sont les situation de chaos qui permettent la prolifération du terrorisme et nourrissent les extrêmismes ». Pour lui, les frappes de la coalition menée par l'Arabie Saoudite au Yémen sont « une erreur stratégique et une agression contre un pays pour des raisons illusoires et non justifiées ». Impulser la coopération tuniso-iranienne « La coalition détruit l'infrastructure d'un pays pour remettre en place un président qui s'est enfuit », a déclaré Morthadha Sarmadi d'un ton légèrement sarcastique. Il a exhorté l'arrêt immédiat des bombardements pour passer à la table des négociations. Des négociations qui pourraient être hébergées par un pays « neutre » tel que le Sultanat d'Oman. L'officiel iranien qui rencontrera, au cours de son séjour à Tunis, le président de la République, le ministre des Affaires étrangères et le président du parti Ennahdha, a salué la réussite du modèle tunisien caractérisé par « la sagesse de sa classe dirigeante ». « Nous avons une forte volonté d'impulser les relations de coopération entre la Tunisie et l'Iran dans divers domaines et nous mettons à la disposition de la Tunisie tous les moyens dont elle a besoin », a annoncé Mortadha Sarmadi.