Le concert du collectif de l'Association jazz club de Tunis fait swinguer l'assistance. Deux quartets de jeunes Tunisiens, deux sets de jazz et l'Agora a swingué. Basse, guitare, saxophone, piano et l'incontournable batterie ont fait frémir les corps de l'assistance. Les spectateurs, venus nombreux, se sont bien régalés. Le rythme est cadencé, haletant, on a même envie de faire quelques pas de danse. «Before Jazz à Carthage» est un avant-goût des plus délicieux. La musique fuse, elle est entraînante et le rythme est fou. La batterie donne le tempo, puis le saxo la rappelle à l'ordre et elle lui obéit... et à la guitare de prendre la relève. Suave et lancinante, parfois aiguë, elle nous entraîne dans une sorte de béatitude. Ainsi, face à un auditoire tout ouïe, deux quartets ont fait valser la salle. Musique intense, forte en émotions, aiguë ou parfois grave, elle a envoûté l'assistance. Somme toute, de jeunes musiciens se sont rencontrés autour d'un tempo vivace. Dans le premier quartet, la batterie domine, puis le saxophone prend la relève, mélodieux et rebelle, son parfois aigu, il se démène. La basse, plus grave, tempère et la guitare nous porte loin, là où le swing se ressent comme une forme artistique. On assiste alors à une souplesse et à un rebondissement du rythme. Sensation pure qui crée une ambiance faite pour la danse. Bien rythmées et non moins joyeuses, les mélodies sont entraînantes... On a eu droit à un fervent hommage aux plus grands noms du jazz, rendu sans fausse note par de jeunes instrumentistes talentueux... Ils ont créé un climat musical équilibré entre pulsion vitale, chaleur d'expression et maîtrise instrumentale. Le second quartet, fort de son piano, de sa basse, de sa guitare maître des lieux et de sa batterie, s'approprie la salle... On découvre un jazz joué sur un tempo lent... certes joyeux et festif, mais essentiellement langoureux et suave d'une puissance douce et pénétrante. Pleine dans le haut et onctueuse dans le grave avec une belle maîtrise instrumentale. Cela dénote une œuvre musicale spontanée venue droit des tripes... Un petit voyage à la New Orleans, berceau du jazz, avec pour passeport un quartet qui sait semer l'émotion à travers un rythme lancinant et pas du tout agressif... Ce quartet fait montre d'une grande cohérence rythmique à l'impact viscéral. Cela crée une réponse telle que le hochement de la tête. Ça swingue avec le deuxième quartet, mais ça swingue avec beaucoup de douceur. Il nous offre un mélange délicieux de rythmes harmonieux et ô combien entraînants. Résultat : ça sème une belle bouffée d'émotion. La grande surprise est quand le jeune jazzman Jihed Bédoui nous a offert l'une de ses propres compositions. Un rythme soutenu, pur, doux comme une caresse qui titille un peu le blues. A travers ce morceau, le jeune musicien rend hommage aux mères... D'ailleurs, il le dédie à sa propre mère. Sur un rythme lent... douceur et tendresse s'emparent du tempo. Ça monte crescendo et ça descend imprégné de sentiments sincères. Emouvant, ça touche les cœurs. Jihed Bédoui caresse sa guitare et rend un hommage vibrant et jazzy à toutes les mamans... sous un tonnerre d'applaudissements. Les deux quartets ont fait jazzer l'assistance. Ils ont secoué de l'émotion et du rythme étincelant et vivant. On a assisté à une souplesse et à des rebondissements tels qu'ils créent une ambiance faite pour la danse.