Peu importe les adversaires, l'équipe de Tunisie doit être aussi appliquée et solide qu'il y a quelques mois Le Togo, le Liberia et Djibouti seront nos adversaires pour une place à la CAN 2017. Mauvais ou bon tirage au sort ? On va dire que c'est un groupe accessible, pas difficile sur le papier. On dit bien sur le papier, car sur le terrain et au moment où ça commencera, beaucoup de paramètres vont changer. Ça dépendra plus de ce que vaut la sélection réellement que de ce qu'elle vaut nominalement. On a beau verser dans le passé, se targuer d'être une sélection forte, la réalité est tout autre. Le «process» d'usure et de régression de la sélection a commencé pratiquement en 2006, depuis que Lemerre a atteint la saturation et laissé la sélection peiner aux éliminatoires de la CAN 2010. Coelho, Marchand, Sami Trabelsi n'ont pas fait mieux grosso-modo. Maâloul a, lui, enfoncé la sélection, alors que Leekens a réussi à redonner une âme au groupe tunisien avant de fléchir, lui aussi, à la CAN 2015. On est passé, tout au long de l'histoire, d'une sélection éblouissante (Chetali) à une autre réaliste (Kasperczak), sans oublier la version triomphante (Lemerre en 2004), la sélection à problèmes et polémiques (Zouaoui, Mahjoub, Maâloul) et aussi la sélection aux joueurs limités. Avouons-le, Leekens a réussi là où les autres ont échoué : optimiser les moyens dont il dispose, c'est une génération de joueurs moyens, à l'exception de quelques éléments. Passer à la CAN 2015 avec 14 points et une première place a été un grand exploit. Sauf que lors de la CAN 2015, les repères de la sélection ont changé. Ce n'est plus la même solidité en défense, la même union et le même cachet de jeu. Le périple asiatique a confirmé la période creuse de la sélection. C'est un énorme passage à vide où Leekens n'a pas l'air de tout contrôler. Perdre ou gagner, ce n'est pas le plus important. La façon de jouer, le blocage en attaque (peu d'occasions créées) et les soucis de la charnière défensive nous inquiètent avant le démarrage de la phase des éliminatoires. Oser changer ! L'ossature qui a permis à la sélection de passer à la CAN peut-elle encore être aussi efficace? Nous pensons que le changement s'impose, du moins pour les compartiments de la défense et du milieu. Si on s'amuse à jouer en largeur et à céder des espaces en défense, jouer contre le Liberia, le Togo et Djibouti ne sera pas une sinécure. Les Gouida, Larbi et probablement les autres nouveaux débarqués en sélection suffisent-ils? Est-il plus intéressant de donner plus de temps de jeu à Mansar (jusqu'à quand Leekens va-t-il l'utiliser comme excentré droit?), Mohsni, Sayehi et les autres joueurs mis à l'écart? Aujourd'hui, notre sélection a besoin de changer de look pour aborder tranquillement les éliminatoires. Nous avons une sélection qui a beaucoup progressé, mais qui n'a pas de joueurs exceptionnels. Aidé par un peu de chance et un peu de réalisme, la sélection tunisienne a intérêt à chercher de solides atouts. Au moins, retrouver l'identité qui lui a permis de compenser son déficit technique.