Finalement, les Américains ont pris leur courage à deux mains pour décider de doubler leurs aides sécuritaires à la Tunisie dans la lutte contre le terrorisme. Seulement, on attend que ces aides nous parviennent le plus tôt possible et que notre pays définisse ses alliances sur les plans arabe et africain «Le budget d'aides sécuritaires américaines à la Tunisie sera doublé. Le président Obama cherche à ce que le volume de ces aides passe de 100 à 200%». Les propos d'Antony Blinken, secrétaire d'Etat adjoint américain, sont clairs et tranchants. Vendredi soir, devant les journalistes et à l'issue de sa rencontre avec Habib Essid, chef du gouvernement, le responsable américain a révélé que les aides en question consisteront «en équipements, armes, aides techniques et échange de renseignements». Seulement, il n'a pas livré de détails sur la nature des équipements qui seront fournis à la Tunisie, ni sur la date à laquelle ils seront à la disposition des forces armées nationales. Quant à la valeur financière de ces aides, Antony Blinken a gardé le silence. Certes, ce genre d'informations relève du secret dans nos contrées sauf qu'aux USA, rien n'est caché et la commission parlementaire du Congrès américain qui aura à statuer sur la proposition d'Obama pour l'avaliser ou la rejeter saura tout et le dévoilera à l'opinion publique américaine et internationale. On attend la concrétisation Du côté du ministère de la Défense nationale, c'est le silence total. Le commandant Belhassen Oueslati, porte-parole du ministère, confie à La Presse : «Il s'agit d'aides sécuritaires comme le précise le responsable américain lui-même, et le ministère de la Défense nationale n'est en rien concerné». Une réponse qui pousse à la réflexion quand on sait que le ministère de la Défense est engagé pleinement dans la lutte contre l'hydre terroriste et que s'il y a des aides sécuritaires à fournir à la Tunisie, il devrait y avoir un droit de regard ou au moins être informé de ce que nos forces de sécurité s'apprêtent à réceptionner en quantité d'armes ou d'équipements. Au ministère de l'Intérieur, c'est toujours la même réponse. Mohamed Ali Laroui, le responsable de la communication, est constamment injoignable. Et son portable répète la même phrase : «Il est impossible de joindre votre interlocuteur. Essayez de nouveau». Heureusement, les analystes sont toujours disposés à répondre aux questions des journalistes et à essayer d'éclairer l'opinion publique en opérant une lecture dans les propos tenus par le secrétaire d'Etat adjoint américain. «L'aide sécuritaire américaine à la Tunisie n'est pas nouvelle. Elle remonte aux premières années de l'indépendance et il est normal que les Américains nous viennent au secours, surtout en cette période où nous affrontons les foudres de la nébuleuse terroriste. Mais, cette aide doit répondre à un besoin clairement exprimé par la Tunisie et il faut qu'elle serve exclusivement les intérêts de notre pays. Pour le moment, personne ne sait quelles sont les aides que notre pays a sollicitées auprès des USA. La seule information dont nous disposons officiellement consiste en la décision d'Obama d'essayer de doubler les aides sécuritaires américaines à la Tunisie. Le secrétaire d'Etat adjoint américain Antony Blinken l'a déclaré vendredi soir aux médias sans préciser si cette demande a été faite par la Tunisie ou si s'est Washington qui l'a décidé de lui-même en opérant sa propre évaluation de la situation en Tunisie et des besoins en matériel et en armes qu'il lui faut fournir», révèle à La Presse un analyste voulant garder l'anonymat. Il ajoute : «Le flou et la navigation à vue continuent de plus belle puisque même en matière de coopération avec l'Algérie, il n'y a rien de visible. Idem pour la force d'intervention interafricaine fondée en 2014 et qui devrait être opérationnelle en 2015. La même remarque est valable pour la force d'intervention interarabe annoncée fin mars dernier lors du sommet arabe tenu à Charm Esheikh en Egypte. La Tunisie n'a pas émis de réserves officielles et le président Caïd Essebsi s'est contenté de déclarations vagues. Et même concernant la commission parlementaire dite la commission des forces armées, on ne sait pas quelles sont ses atributions et ce sont les membres de cette commission qui sont les premiers à déclarer qu'ils ne savent pas quoi faire. Le résultat est là. Aussi bien du côté de l'exécutif que de celui du législatif, on navigue à vue. Quant aux partis politiques, ils essayent d'agir à travers des réflexions encore disparates, alors que le temps presse plus que jamais en vue d'un congrès national qui aura la tâche de définir une stratégie nationale en matière de lutte contre le terrorisme. Il ne s'agit pas d'un débat de réflexion, mais bien de la définition d'une alliance avec l'Algérie, de déterminer nos besoins à court, moyens et long termes et de définir nos alliances également avec nos partenaires à l'échelle arabe et africaine».