Le saxophoniste franco-tunisien Yacine Boularès et la chanteuse de pop franco-camerounaise Irma inaugurent la 10e édition de jazz à Carthage vendredi dernier au Palais des congrès. Une soirée d'ouverture tant attendue par les férus de jazz tunisiens et étrangers était à la hauteur des attentes tant sur le plan de l'organisation, les mesures de sécurité... etc. que sur la qualité du programme offert. D'autant plus que le confort d'un espace fermé et l'étendue du Palais des Congrès — abritant pour la première fois le Festival — convenaient parfaitement à ce genre de spectacles et offraient de meilleures possibilités techniques et esthétiques. Ce fut le saxophoniste Yacine Boularès qui donna le coup d'envoi du festival ; à son apparition, toute la scène fut allumée et électrifiée grâce à un jeu de lumière éblouissant, à un corps d'amplificateur imposant, à la batterie à double caisse... Un coup..., deux coups..., trois coups... et allez, le charme qui opère à tout bout de champ produisant une belle effervescence dans la foule. «...Un son superbe, lisse et voluptueux quelque part entre Lester Young et Mark Turner...», voilà comment Jean Marc Gelin — DNJ — introduit Yacine Boularès, qui, en compagnie de Cédric Bec à la batterie et Simon Tailleux à la contrebasse, occupe la scène avec une aisance jouissive. Et comme Don Juan, il est condamné à séduire la galerie, ce soir, par le charme de sa musique, dont les thèmes sont un mélange audacieux d'influences africaines et de jazz. Au début, une magnifique intro de saxophone soyeux... puis une attente anxieuse qui va grandissante, puis viennent la contrebasse et la batterie faisant vibrer le silence et le fragmentent en échos, soupirs, halètements et murmures tissant un climat onirique et chaleureux. La mise en scène est simple et signifiante, c'est le saxophone qui anime les autres instruments, il est celui qui tire les ficelles, qui fait briller les lumières. Il est également le maître du rythme qu'il impose et du jeu du temps. Après une belle version jazzy de «Lama bada yathanna», s'ensuivent «Les cinq Blues» dont la maîtrise du son confère à chaque note émotion, profondeur et beauté. A chaque nouveau morceau, on sent encore et encore la profondeur, la transparence et l'originalité des couches sonores et des accords jazzy... Le grand public présent a longuement applaudi le trio dont la musique est rendue avec beaucoup de maîtrise et de ferveur ! Le feu aux poudres.... Après la pause, s'ensuit, au grand plaisir du public présent, le deuxième concert qui a été donné par la chanteuse de pop franco-camerounaise Irma, en compagnie de Nicolas à la batterie et Elise à la contrebasse. Tout en jouant à la guitare acoustique ou électrique, la jeune chanteuse nous a ensorcelés avec une voix qu'on n'est pas près d'oublier. Fruit de mélange et le résultat de ses racines africaines mêlées au jazz et au pop, sa voix est exceptionnelle. Ni trop cajoleuse, ni trop brûlée, sa voix enveloppe l'oreille d'un souffle émouvant. Avec son joli timbre soul soutenu par une batterie et une contrebasse irréprochables, Irma aborde une série de chansons tirées de son dernier album «Faces» plongeant le public dans un charmant et intimiste univers de soul folk funk ainsi qu'un ensemble de reprises originales de titres connus, tels que : «Rolling in the deep» d'Adele, «No diggity» des Blackstreet... Irma a carrément mis le feu aux poudres avec une belle présence sur scène, son énergie, sa ferveur et surtout sa voix. Le concert s'est achevé à une heure tardive de la nuit, mais tout le monde en est sorti plus que ravi et la fête du jazz ne fait que commencer !