Annoncé partout et... nulle part, l'homme le plus recherché du pays serait à l'étranger en train de planifier des attentats en Tunisie, avec la complicité de Daech Mais où est donc passé Abou Iyadh ? Qu'est-il devenu ? Où se cache-t-il, en ce moment ? Quels sont ses «projets» ? Sera-t-il, un jour, de retour dans nos murs ? Comment sera la fin de sa cavale ? Ces questions sont aujourd'hui posées avec autant d'insistance que d'inquiétude aux ministères de l'Intérieur et de la Défense. Ici et là, les services de renseignements respectifs s'y affairent, jour et nuit, sur la base d'informations tantôt fiables, tantôt fantaisistes distillées à satiété aussi bien par les terroristes arrêtés que par les agences d'espionnage arabes et occidentales. La détermination avec laquelle se poursuivent les opérations d'investigation et de suivi témoigne évidemment de la sensibilité d'une affaire impliquant l'homme le plus recherché en Tunisie. S'agissant d'une pièce clé sur l'échiquier du terrorisme où son triste record d'attentats n'est plus à présenter, Abou Iyadh — c'est normal — inquiète, dérange et, pour ainsi dire, torture les crânes. «Quand on ignore tout sur lui, du moins pour le moment, il y a, bien sûr, de quoi se donner des soucis», soutient un enquêteur qui en sait quelque chose. Il est vrai que rien, absolument, rien n'a encore filtré sur la cache du number one d'Ansar Echaria. En effet, tantôt signalé en Libye, tantôt annoncé en Algérie, voire au Mali, en Irak et en Syrie, il serait, aux dernières nouvelles, en Egypte, et plus précisément dans la péninsule du Sinaï pour prêter main-forte au groupe terroriste de «Jond Al-Khilafa» qui mène actuellement une féroce insurrection dans cette région, sous les coups de boutoir de Daech. Relooking Dans la foulée, et sur la base de fraîches informations ultraconfidentielles, on prête à Abou Iyadh l'intention de refaire surface, un jour, en Tunisie, dans le cadre de l'objectif machiavélique tracé par Aboubaker Al Baghdadi et visant la transformation des pays de l'Afrique du Nord en émirats islamistes. «Titularisé» par Daech dans les escadrons de la mort devant exécuter ce plan fou, Abou Iyadh n'a de cesse, affirme-t-on çà et là, de multiplier les réunions avec d'autres caïds de son rang, tels que Mokhtar Belmokhtar, Abou Yahia, Ali Chaâlali, Abou Meryem et autres Othman Al-Assimi. Parallèlement, et selon les mêmes confidences, Abou Iyadh s'est occupé, ces jours-ci, à remettre de l'ordre dans ses troupes, dans une opération de relooking rendue... inévitable par l'élimination en Tunisie et en Libye de certains de ses principaux lieutenants dont Gadhgadhi et Lokman Abou Sakhr. Et pour ressouder ses rangs et reprendre du poil de la bête, il a pu récupérer ses proches élèves en cavale, en l'occurrence Kamel Zarrouk et Aboubaker Al Hakim, en attendant de retrouver son actuel cheval de bataille en Tunisie, Mourad Gharsalli, qui court encore dans nos murs, précise une source policière bien informée, ce qui constitue un démenti aux rumeurs faisant état de sa fuite en Libye. Et comme tout terroriste soucieux de protéger sa cavale et de planifier ses projets d'avenir, Abou Iyadh s'emploie, en ce moment, à étoffer ses objectifs et combattants, à renflouer ses caisses pour subvenir à ses besoins en hommes et en armes. Le tout avec l'étroite collaboration des daechistes, l'objectif étant le lancement de l'assaut final sur le Sud tunisien, à coups d'attentats à la voiture piégée et à la ceinture explosive.