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Pour que la Tunisie ne se «daechise» pas
Terrorisme
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 08 - 2014

Tous les moyens sont désormais bons pour la Tunisie afin de faire barrage à l'incursion qu'on dit imminente de Daech dans nos murs. L'état des lieux...
Lors de sa première apparition publique au premier jour du mois de Ramadan, à la mosquée «Al Hadba» de la ville irakienne de Mossoul, l'homme fort du mouvement Daech, Aboubakr Al-Baghdadi, de son vrai nom Ibrahim Al Badri, a, entre autres «paris», promis d'ériger un immense empire islamique qui englobera les pays de l'Afrique du Nord, de l'Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient et du Golfe pour s'étendre jusqu'en Asie, voire en Espagne. Soit grosso modo la moitié de la planète Terre !
Poussant le défi à son paroxysme, il a aussi juré «d'éliminer tous les ennemis de l'Islam parmi les dirigeants des pays arabes et musulmans qui ont choisi le camp de l'Occident».
Prononcé dans une mosquée debout qu'encerclaient des milliers de fidèles tout feu tout flamme, ce discours tonitruant a vite fait le tour du monde à travers les médias et la Toile pour donner aussitôt matière à réflexion. In fine, tous ceux qui l'ont, au départ, taxé de «propagandiste» et de «fanfaron» ont déchanté, tout simplement parce qu'il s'est avéré que cet homme ne mâche pas ses mots et semble plutôt résolu à transformer ses rêves en réalité. Jugez-en : il a annexé une bonne partie de la Syrie, avant d''imposer, quelques jours seulement après, sa mainmise sur de larges étendues du territoire irakien. Le plus curieux est que, ici et là, Daech a réussi, en un temps record, à asseoir son autorité. Au nez et à la barbe des pouvoirs en place dans les deux pays ! Pis encore, les régions prises par ce mouvement au terme de percées fulgurantes se sont rapidement mises à l'heure de la charia, soit en rupture définitive avec les pratiques et traditions, pourtant multimillénaires, de «l'ancien régime»!
L'art d'exporter le califat
Inspiré de l'idéologie de son maître et premier entraîneur, le défunt Ben Laden, l'élève qu'est Aboubakr Al-Baghdadi lui a emboîté le pas en jouant à fond la carte de l'exportation de la révolution». Et cela, à travers des visées expansionnistes pour l'accomplissement desquelles sont chargés les nombreux réseaux jihadistes sévissant un peu partout dans le monde. Ces derniers sont vite tombés sous le charme de Daech, en s'y ralliant, à corps perdu, pour le meilleur et pour le pire.
Aujourd'hui, et au bout de seulement quatre mois d'existence, Daech ne compte plus les sympathisants et «adhérents» au nombre pratiquement incalculable. Le bras décidément long, il a désormais implanté des points d'appui en Irak, en Syrie, au Liban, en Egypte, en Algérie, au Yémen, au Soudan, au Maroc, en Mauritanie et, bien sûr, en Libye, cette capitale mondiale de la nébuleuse intégriste qu'il est en train de transformer, doucement mais sûrement, en chasse gardée. Mais, ce qui est non moins spectaculaire, c'est justement cette facilité déconcertante avec laquelle Daech a pu amadouer et aimanter de dangereux groupuscules terroristes jusque-là acquis à la cause de son concurrent n°1, Al Qaïda. C'est ainsi que les groupes jihadistes de Boko Haram (Nigeria), Shebab (Somalie), Aqmi (Al Qaïda au Maghreb Islamique), connus pour être les plus redoutables en Afrique, se sont «daechisés».
Idem pour 80% des réseaux takfiristes faisant la loi en Libye. Non content d'avoir réussi tous ces «exploits» témoins d'une étonnante capacité de rassembleur, Al-Baghdadi, à en croire des rapports de services de renseignements occidentaux, aurait lancé ses hommes dans plusieurs régions d'Europe et d'Amérique, allant jusqu'à... flirter avec le groupe islamique chinois de Ori-Gor autour de plusieurs soulèvements populaires vite réprimés par le régime communiste de Pékin.
Menaces sur la Tunisie
Et la part de la Tunisie dans tout cela ? Si nous voulions bien croire en la véracité de la version officielle qui tient à rassurer que «Daech n'a pas encore donné signe de vie dans nos murs», et que «nous sommes sur le qui-vive pour les besoins de la cause», il serait tout simplement suicidaire de céder au triomphalisme, en mijotant orgueilleusement que cela n'arrive qu'aux autres. Faux, archifaux, quand on dénombre les facteurs de menaces daechistes qui planent sur la Tunisie et que des sources policières résument en les points suivants :
Abou Iyadh, le number one tunisien d'Ansar Echaria, a été l'un des premiers caïds au monde à avoir prêté allégeance à Aboubakr Al-Baghdadi, au lendemain de son «intronisation». Et l'on sait que des centaines de lieutenants d'Abou Iyadh courent toujours en Tunisie.
L'infiltration, pas encore totalement maîtrisée dans notre pays, de jihadistes venus des frontières algérienne et libyenne.
La formidable puissance financière de Daech qui lui permet de réussir toutes ses offensives de charme et de rassemblement.
La diffusion, via Facebook, d'une vidéo dans laquelle des jihadistes tunisiens priaient Al-Baghdadi de hâter l'instauration d'un émirat islamique en Tunisie.
L'existence au sein des troupes de Daech sévissant en Syrie, en Irak et en Libye, de caïds de nationalité tunisienne dont les redoutables Abou Hamza et Abou Al Khelil qui pourraient être chargés de la conduite de l'éventuelle bataille visant la conquête de la Tunisie.
La persistance de «l'invincibilité» des cellules dormantes d'Ansar Echaria dans nos murs, en dépit du démantèlement de bon nombre d'entre elles.
La lenteur dont souffre l'application de la stratégie de désalafisation de nos mosquées qui constituent avec les fausses associations à vocation sociale non encore totalement démasquées, un terrain de prédilection pour les jihadistes de tous bords.
La montée en flèche de Daech dans les pays voisins. D'abord en Libye où le chaos qui prévaut lui va comme un gant, parce que plus d'empêcheur de tourner en rond pour Abou Hafs and Co. Contrairement à l'Algérie où l'on parle déjà d'une stratégie préventive spécialement conçue pour contrer de probables incursions de Daechistes. L'inquiétude des autorités algériennes est, en ce moment, d'autant plus vive que des médias de ce pays, relayés plus tard par les services de renseignements locaux, ont rapporté que tous les principaux réseaux jihadistes sévissant en Algérie, d'Aqmi de Abdelmalek Droukdel à «Attawhid wal jihed» de Ould Mohamed Al Khiri, en passant par «Al Jihed» de Soltane Ould Badi, viennent de se faire confier, par Al-Baghdadi, le «dossier algérien» à des fins déstabilisatrices.
D'où les mesures de sécurité exceptionnelles prises récemment par les autorités algériennes, tant à l'intérieur du pays, à coups de rafles et de descentes policières, que le long des frontières où sont massés des renforts en soldats et en gendarmes estimés à plusieurs milliers d'hommes armés jusqu'aux dents.
— En perte de vitesse en Afrique du Nord, Al Qaïda d'Aymen Al Dhawahri y a perdu tous ses hommes, ou presque, depuis justement l'émergence fulgurante de Daech.
— L'impossibilité, jusque-là avérée, de violer les codes secrets manipulés par les milliers de sites jihadistes sur la Toile. Invulnérabilité qui lui a permis, jusqu'à présent, d'assurer l'échange des messages au contenu divers : organisation des troupes, approvisionnement en armes et en fonds de roulement, orchestration d'attentats, infiltration des services de la police et de l'armée «ennemis», ordre de trêve, identification des objectifs à attaquer quand et comment, préparation des opérations de prise d'otages, etc.
Les moyens de relever le défi
Autant de menaces potentielles qu'il est tout à fait déconseillé de prendre à la légère. L'Algérie et l'Egypte en ayant déjà pris acte pour passer aussitôt à la contre-attaque, il est à espérer qu'il en sera de même pour notre pays où l'état d'alerte maximale décrété récemment doit être obligatoirement maintenu. Vœu d'ailleurs vivement formulé par des experts en matière de lutte contre le terrorisme qui soutiennent qu'«il est vital de garder le doigt sur la gâchette, tout en privilégiant l'effet anticipatif qui impose d'aller vers l'adversaire afin d'étouffer ses sombres desseins dans l'œuf avant qu'il ne soit trop tard».
Parties donc pour une guerre d'usure contre Daech, nos troupes ne gagneront qu'à la condition de satisfaire les besoins suivants :
– L'augmentation du nombre de soldats, de policiers et de gardes nationaux sur toutes les frontières du pays.
— Le renforcement des moyens logistiques et de combat mis à leur disposition.
— L'intensification des rafles et des descentes policières dans les villes et les localités.
— Le maintien de la fréquence des opérations de déminage et de ratissage entreprises dans les forêts et les régions montagneuses.
— La multiplication des campagnes de sensibilisation tendant à inciter les citoyens à s'impliquer plus profondément dans le soutien aux efforts des corps de la sécurité et de l'armée. Dans un pays tel que le nôtre où la lutte contre le terrorisme est, heureusement, devenue enfin une cause nationale, informer un policier pour sauver des vies humaines n'est en aucun cas à considérer comme le sale boulot d'un minable indic.
— La nécessité de gagner la bataille de l'internet dans laquelle les terroristes font, hélas pour le moment, cavalier seul.
— L'amélioration des capacités d'exploitation des informations sensibles dispatchées par les services de renseignements étrangers.
— L'acquisition, en Europe et aux Etats-Unis, d'équipements sophistiqués dont l'usage demeure la condition sine qua non de la réussite de toute stratégie qui se veut préventive et victorieuse.
En attendant, prions ensemble pour que l'indésirable et envahissante Daech ne frappe pas dans nos murs. Amen...


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