La justice va trancher le 6 juin prochain au sujet de la légalité de l'élection des membres du Conseil de l'Ordre des ingénieurs qui a eu lieu le 29 novembre L'ambiance au Conseil de l'Ordre des ingénieurs (COI) est malsaine. Une discorde entre deux camps sévit depuis quelque temps. Hier, une conférence presse a été donnée par les membres du conseil déjà en place pour expliquer les raisons de ce différend et les problèmes auxquels sont confrontés les ingénieurs aussi bien au niveau de la formation que de l'emploi au niveau de l'administration et du secteur privé. M. Mongi Miled, président du conseil provisoire du COI, nous a déclaré : «Les élections qui ont eu lieu le 29 novembre sont illégales, nulles et non avenues. Le Conseil est dirigé encore par l'ancien comité et personne ne peut prétendre le contraire conformément au cadre juridique en vigueur. Nous sommes en face de gens qui ont une appartenance politique claire et qui veulent exploiter cette structure». L'affaire est portée devant la justice qui tranchera le 6 juin prochain. Dans tous les cas, le jugement fera l'objet d'un appel et l'affaire risque de perdurer. Le conseil actuel a pris les commandes après la révolution. Un appel a été lancé — à travers des annonces dans les journaux — pour la tenue d'une assemblée générale en précisant la date et le lieu. Elections sur fond de tension A l'ordre du jour, la lecture et l'approbation des rapports moral et financier et l'élection des 10 membres nouveaux. L'assemblée a eu lieu effectivement le 29 novembre dans un hôtel à Gammarth. Cependant, le rapport moral a été rejeté par la majorité des présents exceptés huit membres qui l'on approuvé. Le rapport financier bien que signé par un expert comptable a été également rejeté par la majorité. Les anciens membres de ce conseil ont senti une volonté de transgresser la loi en vigueur par d'autres membres d'une couleur politique déterminée qui était au pouvoir. Au lieu d'élire 10 membres comme prévu, les contestataires ont élu 20 membres — après la sortie de l'ancien comité de la salle — et se présentent comme un conseil légal. Ces élections sont considérées comme illégales car la loi en vigueur n'a pas été respectée selon M. Miled. Dans un premier temps, les contestataires ont porté l'affaire en référé devant la justice mais n'ont pas eu gain de cause. Ils ont même menacé de prendre prochainement possession des bureaux du COI. Ils ont pu bloquer les comptes bancaires du conseil. «Ce qui se passe au sein du conseil est anormal», estime l'orateur qui appelle à l'application de la loi qui l'habilite, lui seul, à inviter les membres à une assemblée générale pour renouveler la moitié des membres du conseil, soit 10 membres seulement. Selon les chiffres disponibles, le nombre d'ingénieurs diplômés inscrits à l'OIT au 20 février 2015 est de l'ordre de 45.000 répartis sur 132 spécialités et options. Le nombre des diplômés non inscrits est estimé à 15.000 alors que les diplômés en 2014 sont au nombre de 15.000. Le taux de chômage est passé de 10% en 2005 à 16% en 2013, et à 25% en 2014. Le taux de chômage par spécialité relève que 6,5% sont spécialisés en génie civil, 4,2% en génie de procédés, 5,2% en génie électrique, 3,1% en génie informatique et logiciel, 7,4% en génie mécanique, 4,5% en génie industriel (maintenance) et 11,2% en génie financier. M. Miled a mis en exergue les disparités entre le salaire de l'ingénieur et celui des autres corps comme les magistrats et les professeurs universitaires. Les augmentations des salaires des ingénieurs sont inclus au niveau de l'administration avec les autres catégories professionnelles au lieu d'être traités à part comme c'est le cas dans d'autres corps de métier. Le chômage guette les ingénieurs Les ingénieurs en exercice dans le secteur privé ne sont pas toujours exploités selon leurs compétences et bénéficient d'un contrat à durée déterminée. Le COI a, d'ailleurs, demandé au gouvernement d'organiser cette profession pour que l'ingénieur débutant bénéficie d'un salaire minimum sur une période de cinq ans avant de l'augmenter et ainsi de suite. Le recrutement des ingénieurs ou équivalent dans les concours a porté atteinte également au conseil qui inscrit au tableau les ingénieurs reconnus. Sous l'ancien régime on a même jugé utile de convertir certains diplômés d'autres spécialités comme les mathématiques, la physique, la comptabilité et les finances, après une formation, en des ingénieurs pour accroître le nombre et le rapprocher de ceux des pays développés. Face à l'opposition du conseil, l'Etat a encouragé les instituts privés pour enseigner la spécialité d'ingénieur. Les établissements universitaires assurant des formations d'ingénieur sont au nombre de 24 au niveau du public et 21 au niveau du privé. « On n'inscrit dans le tableau des ingénieurs que ceux qui ont bénéficié d'une formation selon les normes établies qui doivent être respectées par l'institut de formation en question », rappelle M. Miled. Des messages ont été envoyés aux ministères de l'Enseignement supérieur et de la Technologie et des Communications et de l'Economie numérique pour les appeler à organiser cette formation d'autant plus que l'ingénieur vit une grave crise d'employabilité. Les ingénieurs formés ne trouvent pas facilement de l'emploi et le marché international n'est pas en mesure, à lui seul, de résoudre cet épineux problème. Pour travailler dans un pays étranger, le candidat doit en plus de ses connaissances académiques maîtriser les différentes langues. D'où la nécessité d'étudier de façon optimale les besoins réels en ingénieurs dans les différents secteurs. En plus, les ingénieurs sont marginalisés dans certaines entreprises et l'on ne prend pas souvent en compte leur observation ou proposition. Le cas d'un ingénieur qui a travaillé dans un centre agricole a été présenté lors de la conférence de presse. Celui-ci a fait l'objet de pressions de la part des agents — qui ne donnent pas assez d'importance au travail — pour qu'il présente sa démission.