De chambardement à retour en arrière, le championnat ne se fixe plus sur une formule Décidément, à la fédération, on ne manque pas d'idées. C'est même un laboratoire de projets parfois les plus fantaisistes, d'initiatives les plus contradictoires, de tests... La formule, mise en avant par l'Occident au début des années 1970, en pleine crise pétrolière : «On n'a pas de pétrole mais on a des idées», peut être aisément adoptée par les fédéraux. Le lendemain de la révolution, ils instauraient le fameux play-off — un peu à la Suisse — au prétexte de rattraper le retard accusé par la compétition suite aux soubresauts tout à fait compréhensibles provoqués par le séisme vécu par le pays. La saison suivante, retour à un championnat à poule unique, mais cette fois à 16 clubs. Car on peinait à appliquer une feuille de route conduisant à la restauration d'une ligue 1 à 14 clubs. Clientélisme et besoins électoralistes ou pas, en tout cas, le foot national s'est engagé dans une nouvelle réalité qui a fini par s'imposer à tout le monde : celle de 16 clubs d'élite, de huit matches dans huit stades différents par journée, de 30 rondes par saison. Un «rythme biologique» de la compétition, si l'on peut s'exprimer ainsi et qui est la règle chez nos voisins du Maghreb depuis plusieurs années déjà. Avant-hier, pris de «bougeotte», de goût immodéré du changement, le comité exécutif de la FTF décidait de proposer dans une prochaine réunion avec les clubs un énième changement de formule du championnat : - Soit un retour au play-off dès la saison prochaine - Soit une réduction du nombre des effectifs de la Ligue 1 à quatorze unités qui ne prendra pas effet avant la saison 2016-2017, c'est-à-dire après son adoption par l'assemblée générale des clubs professionnels, l'été prochain. Motif? On n'arrive plus à boucler correctement une saison comme en témoigne cette fois le report de la suite de la Coupe de Tunisie (huitièmes, quarts, demis et finale) pour le mois d'août prochain. Clair aveu d'impuissance qui apporte une nouvelle fois la démonstration que la Fédération ne sait ni gérer un calendrier général ni le faire respecter. Et le constat n'est pas récent, il remonte même à la nuit des temps. Le talon d'Achille du foot national demeure le calendrier général régulièrement pointé du doigt par les entraîneurs tant il les empêche d'établir un planning sérieux de travail à partir d'échéances longtemps fixées à l'avance. Chômage forcé Cela n'arrive qu'en Tunisie : le début de saison est fixé pour le 1er août mais on ne parvient pas à terminer la saison dans les délais ! Comment se débrouillait-on jadis lorsque les trois coups n'étaient jamais donnés avant le mois de septembre, ou parfois même d'octobre? Mystère et boule de gomme ! Tout un chacun mesure pourtant à quel point le play-off ressemble comme une goutte d'eau à un chômage forcé dès le mois de mars, soit au cœur de la saison pour presque la moitié des effectifs de la compétition. Ce fiasco cuisant a pu être vérifié lors de la saison 2012 en L1, il continue à le faire au niveau de la Ligue 2 où la formule démontre largement ses limites. Les matches de classement, programmés pour «occuper» un tant soit peu les clubs en vacances depuis mars dernier, sont allègrement boycottés par les clubs concernés qui les boudent sans gêne. Bref, au lieu de s'acharner sur la formule de la compétition, «triturée» et chambardée à tout bout de champ, ne vaut-il pas mieux chercher ailleurs le remède et commencer par faire respecter un calendrier général sérieux et fiable? Dix à onze mois de foot ne suffisent-ils pas pour boucler une saison dans les délais?