Pendant trois jours (4, 5 et 6 mai), les syndicalistes planchent à Tozeur sur la meilleure stratégie à imaginer pour que l'Ugtt s'adapte aux transformations charriées par la révolution Enfin, la réunion tant attendue du conseil national de l'Ugtt — la première depuis 2006 — a ouvert ses travaux, hier, à Tozeur, dans une atmosphère particulière qui se caractérise principalement par la réussite de la centrale ouvrière à arracher une augmentation salariale, pour le compte de l'année 2014, au profit de quelque 750.000 salariés de la fonction et du secteur publics. La direction de l'Ugtt est parvenue également à pousser le gouvernement Essid à s'engager dans de nouvelles négociations salariales pour le compte des années 2015 et 2016, aussitôt les majorations servies à leurs ayants droit. Hier, les 500 membres du conseil national en conclave à Tozeur durant trois jours (4, 5 et 6 mai) avaient un ordre du jour chargé comprenant essentiellement l'amendement du règlement intérieur de l'Ugtt et l'adoption du plan de restructuration de la centrale ouvrière, revendications adoptées lors du dernier congrès de l'Ugtt tenu en décembre 2011. Mais en quoi consistent les grandes lignes de la restructuration de l'Ugtt ? Deux idées principales apparaissent dans le plan de restructuration que les assises de Tozeur auront à discuter et à approuver avant qu'elles ne soient soumises au congrès national prévu fin 2016, lequel congrès aura à les adopter définitivement. Il s'agit, d'abord, de la présence de la femme au sein des instances dirigeantes de l'Ugtt (plus particulièrement au sein du bureau exécutif). Après avoir longtemps tergiversé, les syndicalistes ont, semble-t-il, décidé d'opter pour la formule des quotas afin d'imposer au sein des instances qui dirigent les différentes structures syndicales (syndicats de base, syndicats généraux, fédérations, bureaux exécutifs régionaux, commission administrative nationale, Conseil national, Congrès national, sans oublier le bureau exécutif national). Ainsi, l'on peut affirmer que les structures syndicales verront la participation de la femme aux commandes, à la grande déception de ceux qui s'arrangeaient auparavant par tous les moyens pour que les femmes-candidates soient écartées lors du vote. Ensuite, l'élargissement du nombre des membres du bureau exécutif de l'Ugtt de 13 membres à l'heure actuelle à 15 membres à partir du congrès national prévu en 2016. Et même si les syndicalistes participant au Conseil national à Tozeur gardent le silence sur les deux nouveaux postes, il n'est pas difficile de prédire qu'ils seront occupés par deux femmes. Une autre nouveauté révélée par Belgacem Ayari, membre du bureau exécutif de l'Ugtt : «Le prochain congrès national verra la participation d'anciens syndicalistes représentant les régions». Il ne précise pas pourquoi ces anciens syndicalistes seront associés au prochain congrès national. Il n'indique pas également si ces anciens syndicalistes auront le droit de participer au vote pour l'élection des nouveaux membres (15) du prochain bureau exécutif. Contacté par La Presse, Belgacem Ayari précise : «Nous sommes déterminés à ce que l'Ugtt se renouvelle et nous voulons que ce renouvellement provienne de l'intérieur de la centrale. Déjà, et après avoir écouté le rapport général présenté par le secrétaire général, les participants ont entamé la discussion des points à l'ordre du jour du Conseil national. Il existe plusieurs visions et les participants exposent librement leurs approches comme c'est le cas toujours au sein de l'Ugtt où toutes les voix sont écoutées et tous les avis sont pris en considération. Et en dernier lieu, c'est le congrès national de 2016 qui prendra les décisions définitives». L'article 10, on n'en parle pas pour le moment Quant au fameux article 10 du règlement intérieur (seuls deux mandats successifs au bureau exécutif), pour le moment personne n'en parle à Tozeur, même si certains syndicalistes ne le considèrent plus comme un tabou. Pour beaucoup de syndicalistes, «l'ère des interdits et du sacré est révolue et ce sont les intérêts de la Tunisie qui doivent prévaloir avant toute autre considération. Il est à relever que les travaux du Conseil national se poursuivent aujourd'hui et seront clôturés demain.