La loi doit aussi prendre en considération les intérêts de l'investisseur Le Partenariat public-privé (PPP), objet d'un projet de loi examiné pour le moment par la commission des finances, reste controversé, bien qu'il soit présenté comme une solution pour l'amélioration du service public. Certains y voient un contournement de l'impopulaire privatisation. Toujours est-il que la commission des finances a poursuivi hier les auditions entamées jeudi, pour permettre aux différents acteurs d'exposer leur conception de ce partenariat, qui semble avoir conquis l'ensemble des députés de la commission. Après la présidence du gouvernement, c'était au tour de l'Utica, principal interlocuteur sur le sujet, d'intervenir. Hichem Elloumi, premier vice-président de l'Utica, a notamment critiqué dans son plaidoyer devant les élus le fait que le projet ne permette pas aux investisseurs privés, partenaires de l'Etat, de gérer les projets auxquels ils auraient fortement contribué. «Ceci mériterait d'être éclairci», a-t-il dit. La problématique se pose principalement pour les établissements de santé et les projets agricoles. Pour le député et ancien ministre de l'Agriculture, Mohamed Ben Salem, «il n'est pas question que le privé se mette à gérer des établissements de nature publique». Reformuler les contrats Pour Hichem Elloumi, l'objectif de ce partenariat public-privé est principalement «l'amélioration de l'accès au service public». «Aujourd'hui, nous parlons croissance et développement régional, nous sommes venus expliquer que le principal objectif, c'est ce que nous donnons aux citoyens tunisiens, surtout dans les régions, un service public adapté, avec un coût inférieur, une meilleure qualité des prestations, un respect des délais de réalisation avoisinant les 90% et tout cela tout en allégeant la pression exercée sur le budget de l'Etat», explique Hichem Elloumi. Bien évidemment, le patronat n'est pas philanthrope, et les cadres de l'Utica entendent bien le faire comprendre aux députés. Selon eux, le projet de loi doit penser à la rentabilité des projets pour les investisseurs privés. «La loi doit aussi prendre en considération les intérêts de l'investisseur, dit-il. Il faut un juste milieu entre la satisfaction des besoins des citoyens et la rentabilité des projets ». Le vice-président de la commission des finances, Mohsen Hassan, a invité l'Utica à contribuer à la formulation (ou la reformulation) de la loi sur les contrats de partenariat public-privé.