C'est autour de l'histoire du «Black sheep» (mouton noir) et de l'idée du sacrifice (le citoyen sacrifié) que se crée toute la charge symbolique des objets et ustensiles qui y sont liés. Né en 1983, Malek Gnaoui est un artiste de la nouvelle scène tunisienne. C'est sur la céramique que son choix s'est porté lors de ses études qu'il a menées à l'Ecole d'Art et de Décoration à Tunis. Une discipline qu'il a développée, par la suite, au Centre National de la Céramique d'Art (Sidi Kacem Jellizi, Tunis). Il a effectué plusieurs résidences artistiques, notamment celle du Centre des Arts Vivants de Radès, ainsi que celle de la Cité des Arts à Paris. Il a reçu, en 2008, le premier Prix de la céramique au 4e Salon de la sculpture et de la céramique à Sfax. Des cimaises tunisiennes (B'chira Art Center, A. Gorgi, Le Violon Bleu) et autres étrangères ont abrité ses œuvres. La galerie Talmart, à Paris , a accueilli, en avril 2014, sa première exposition personnelle hors de Tunis, intitulée «Abattoir». Le même mois, il a exposé ses travaux, à la galerie Selma Feriani, à Londres. Son travail se conçoit et se construit, depuis 2011, autour de l'histoire du «Black sheep» (mouton noir) et de l'idée du sacrifice (le citoyen sacrifié) et toute la charge symbolique des objets et ustensiles qui y sont liés. Une sorte de fil d'Ariane qu'il suit et développe au gré de ses projets et qu'il articule autour de différents médiums : il y a, d'abord, la céramique qu'il n'aborde pas au premier degré et sur laquelle il sérigraphie ses figures de moutons, viennent, ensuite, la vidéo (en collaboration avec d'autres artistes) et l'installation. Malek Gnaoui est de ceux qui travaillent sur le long terme, misant sur de grands projets qu'il prend le temps de bien préparer. Un principe qui lui réussit bien, puisqu'il inscrit petit à petit son nom à l'étranger. «Fabrica 0464» En parlant de grands projets, lors de notre dernière rencontre avec lui, l'année dernière, il nous a appris qu'il préparait une exposition individuelle intitulée «Fabrica», qu'il compte présenter en juin 2015. Et c'est fait. Le vernissage est prévu pour le 29 mai et l'exposition se poursuit jusqu'au 28 juin 2015 à la galerie Selma Feriani. «Le travail de Malek Gnaoui porte sur les liens entre aliénation contemporaine et systèmes de valeurs ancestrales à travers une relecture de la céramique et de la figure du mouton telle que véhiculée par la religion et les croyances populaires. Aboutissement de plusieurs années de recherches plastiques et politiques, « Fabrica 0464 » prend la forme d'une variation sur un même produit : Black Sheep. Dans un monde aseptisé, le mouton noir, figure centrale dans le travail du céramiste, devient produit de consommation décliné de façon frénétique en logo, en parfum, en spectacle et ainsi de suite jusqu'à ce que mort s'en suive. De son côté, l'artiste est le metteur en scène de sa récupération par le marché de l'art, c'est-à-dire in fine metteur en scène de sa propre mort en tant qu'artiste libre», écrit l'artiste et critique d'art Ismael à propos du nouveau travail de Malek Gnaoui. A ne pas rater!