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Variations sur la terre et machine à voir...
GALERIES JUMELLES DE SIDI BOU SAID
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 06 - 2014


Deux expos, deux regards pour un même événement...
C'est désormais une tradition bien établie, et fort appréciée par les amateurs d'art : les deux galeries jumelles, dont l'une est fille de l'autre, Le Violon Bleu, et la galerie Selma Feriani, exposent simultanément. En fonction des choix de leurs galeristes, dont chacune suit un parcours particulier, ces expositions peuvent se rejoindre, se compléter, ou totalement différer, mais la concomitance des dates et des vernissages crée incontestablement l'événement.
A la galerie du Violon Bleu, Essia Hamdi a choisi de continuer de filer le thème qu'elle avait déjà présenté : «Autour de la Terre», dont c'est là la deuxième édition. Réunissant plusieurs plasticiens qui ont choisi la céramique comme mode d'expression, elle réussit là à donner un superbe aperçu des potentialités sans fin que donne l'alliance de l'argile et du feu.
Marie José Armando investit la première salle de ses compositions aériennes, étonnant feuillage qui traite la céramique avec la même souplesse, la même légèreté que le papier. Ses origamis de terre cuite appellent le toucher, ne fût-ce que pour vérifier leur étonnante consistance. En véritable virtuose, Marie José Armando débite la terre en galets, en coquilles, en pavés, en pyramides. Elle la biscuite, l'enfume, la polit, l'effeuille, en un mot, montre, avec une étonnante aisance, qu'avec la terre, rien n'est impossible.
Moins légère, plus engagée, Ymen Chatouane revient avec ses poupées obsessionnelles, qui veulent nous transmettre on ne sait quel inquiétant message. L'artiste en aligne les têtes à la cervelle apparente, avant de les couronner en impératrices, de leur mettre la clé au cou, puis de les transformer simplement en moutons aveugles. Inquiétantes poupées de terre.
Valérie Nascimento, quant à elle, évolue sur le thème du papillon et des fleurs, toute en légèreté aérienne, en grâce, et en subtilité. Ses rondes florales, ses essaims aériens, ses couronnes de feuilles donnent une dimension nouvelle à la terre cuite.
Meryem Bouderbala a choisi de travailler sur les poteries de Sejnane, et de donner au travail ancestral de ces femmes une vision contemporaine. C'est émouvant dans la mesure de la transmission du savoir, et de sa réinterprétation par une artiste contemporaine dont on connaît le talent créatif.
Zied Lasram constitue la grande surprise de cette exposition. On connaissait son talent de peintre, on avait déjà vu ses assiettes de céramique qui reproduisaient ses sujets habituels, mais là, on lui découvre une nouvelle approche, une esthétique inattendue. Son «Homme mystérieux», marionnette articulée, totem coloré, laisse présager une évolution intéressante.
Et puis, bien sûr, il ne saurait y avoir d'exposition de céramique sans la présence du plus emblématique d'entre eux, le maître Khaled Ben Slimane. Présence discrète, symbolique, mais présence forte, illustrée par un magnifique plat bleu Klein, à la couleur forte, à la sobriété puissante, à la forme parfaite.
Galerie Selma Feriani, on raconte une toute autre histoire ayant pour thème «Le détail se dilate». C'est celle de Ismaïl Bahri, jeune homme secret, au regard tourné vers l'intérieur, à la voix douce, qui explique poliment son propos.
Des vidéos lentes et silencieuses déroulent un long parchemin. Celui-ci est composé de coupures de presse, posées sur un fond d'encre noire qui diffuse une lumière mate. Les articles se reflètent sur ce fond, lisibles pour le spectateur. Mais les vidéos n'ont pas le même tempo, et cette rupture imperceptible du temps qui passe donne une épaisseur au spectacle. On est ici et maintenant, mais si le ici est le même, il en est autrement du maintenant. La faille ainsi perçue est celle de ce temps qui se dilate.
«L'œil de la caméra est sans merci, il prend tout, collecte tout, et accumule dans le temps d'un plan séquence. Alors Ismaïl Bahri l'oriente là où se produit l'incalculable, l'indécidable, dans ces limites kaléidoscopiques de la lumière autant que de la pénombre...
«Focale et cadrage contribuent à parfaire son approche du champ et du hors champ. La machine à voir opère bien : nos yeux s'accommodent sur cette perception fugace, éthérée du voir se réalisant», écrit Eric Degoutte.
C'est solennel et mystérieux, un peu inquiétant, sombre comme une messe noire qui célèbre un cérémonial occulte. Ismaïl Bahri, dont les aïeux ont dû être des aventuriers navigateurs partis du village où il a choisi d'exposer, nous entraîne dans des abîmes insondables où lui seul sait nous diriger.
Selma Feriani n'a pas choisi la voie la plus facile pour sa galerie. Passionnée d'art conceptuel, elle prend tous les risques, et lance, tant à Sidi Bou Saïd qu'à Londres, des artistes contemporains les plus «pointus». Audacieuse, intuitive, pertinente, elle sait qu'elle a raison. Et attend tranquillement que les autres le comprennent.


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