Nouveau rendez-vous avec le collectif Politique dans leur nouvelle collection présentée au Centre National d'Art Vivant du Belvédère du 4 au 30 mai. A peine le pas de la galerie franchi, vous tombez sur un texte expressif dont voici quelques extraits qui vous guident par la suite à la compréhension de la suite de l'exposition : « Au bord de la 3ème guerre mondiale, l'artiste sera celui qui trouble l'ordre public ou ne sera pas. Il sera celui qui n'obéit à aucune loi (ni celles des dieux, ni celles des hommes, ni celles de son art) ou ne sera pas. Il sera celui qui pervertira la morale ambiante, qui crachera à la face de la bien-pensante et qui corrompra les valeurs ou ne sera pas. L'artiste sera par essence un déviant, un lépreux, un déraciné ou ne sera pas ». Il est suffisamment clair que ceux qui iront voir cette exposition ne tomberont ni sur les natures mortes, ni sur les paysages carte postale. L'objectif impératif est ici d'interroger le médium et de remettre en cause l'ordre esthétique. De quelle manière la pléiade d'artistes du collectif Politique va-t-elle s'y prendre. D'abord en interrogeant le matériau. Malek Gnaoui représente la tête de mouton qui pend sur l'écran géant à partir de la céramique et de la vidéo stop et « Sheep family » 5 couteaux en céramique suspendu sur le mur. Ymene Chetouane et sa série de 8 êtres humains à la tête de chien avec un collier au bout duquel est suspendue une clé les donne à voir en céramique émaillée. La révolution encore et toujours avec Nidhal Chamekh et sa série « De quoi rêvent les martyrs 2 » des dessins en encre et graphite et transfert sur papier. Quant à Jallel Gastelli, il nous propose « Rock The Kasbah », 5 tirages marouflés sur aluminium, photos de la révolution.
Belhassen Chtioui et son « no sense » en tirage numérique sur papier présente des lignes en noir et blanc et couleurs, mais aussi « Ask permission », « L'attente » et « Ordinary family, tirage numérique sur papier où le motif (doigt, personnage humain et dentier) est isolé sur le tableau dont le fond passe du bleu au rouge et rose. Mathieu Boucherit met en scène une série « Latence point de fuite 2 », une installation de 18 acryliques sur toile avec lumière inactinique et appareil photo en dimension variable et noir blanc. Fakhri El Ghazel nous offre un diptyque qui consiste en une série de photos couleurs atripto sur la ville de Redeyef. Ismaël et son photo image numérique et technique mixte sur digigraphe. Maher Gnaoui met en relief l'embouchure d'un égout taché de sang, une peinture en résine et fer sur béton coulé. Le monde serait-il un abattoir et les gens des bêtes qu'on tue ? C'est peut-être cela le sens de cette exposition. Le mérite de cette exposition revient au Centre National d'Art Vivant et sa directrice Sana Tamzini, une artiste dans l'âme, qui combat la médiocrité en imposant un art nouveau et en prenant en charge ces « créateurs de rêve, qui n'avaient jamais exposé dans un espace public, en une période où notre pays était en pleine turbulence politique, sociale, économique et surtout culturelle ». précise-t-elle. Aujourd'hui, « le collectif « POLITIQUES » revient avec un regard croisé partageant des rêves avec d'autres artistes étrangers. L'exposition Politiques s'est élargie, non seulement à une échelle internationale mais aussi à une échelle spatiale; l'espace « entrepôt » du centre placé dans le jardin sera la continuité de l'exposition. Plusieurs techniques seront montrées telles que ; la photographie, la céramique, la vidéo, la performance, l'installation, la sculpture, le dessin, la peinture … » ajoute-t-elle. Cette exposition s'inscrit dans la ligne politique artistique du Centre National d'Art Vivant de Tunis qui encourage ainsi la pluridisciplinarité et la diversité des approches plastiques. A voir sans cesse.