Jamais la célébration de la fête de la Femme n'a connu pareille mobilisation et aussi imposante manifestation populaire depuis la promulgation le 13 août 1956 du Code du statut personnel. Plusieurs dizaines de manifestants, même si les organisateurs revendiquent plus de 100 000 participants ont pris d'assaut mardi après-midi la place du Bardo en face du siège de l'Assemblée nationale constituante et lieu du sit-in depuis le 25 juillet (jour de l'assassinat de Mohamed Brahmi). A l'appel de nombreuses formations politiques et associations de l'opposition, ils ont commencé leur défilé vers 18H, à Bab Saadoun pour remonter l'avenue 20 Mars conduisant au centre du Bardo où des foules massives venues d'autres artères étaient à leur accueil. Drapeaux déployés, banderoles hissées et slogans fusant de partout, les manifestants avec une grande proportions de femmes de tous âges criaient leurs protestations contre les menaces qui risquent de s'exercer sur leurs droits acquis et revendiquaient la dissolution du gouvernement et de l'ANC.
Parallèlement à cette mobilisation féminine historique et de la société civile en tête des partis politiques de l'opposition au Bardo, Ennahdha a célébré de son côté la fête de la Femme au centre –ville sur l'avenue Bourguiba, sans pour autant mobiliser fortement toutes ses troupes. La pression du camp démocrate sur la troïka au pouvoir se trouve ainsi renforcée après la grande manifestation qui a marqué le 6 août dernier la commémoration du sixième mois de l'assassinat de Chokri Belaïd.
Alors que la rue tunisienne pèse de tout son poids pour amener la troïka vers au moins la dissolution du gouvernement et le recentrage de la mission de l'ANC et la limitation de la durée de ses travaux, Ennahdha multiplie les contact avec l'UGTT, l'UTICA et des formations politiques à la négociation d'une formule de sortie de crise.