A 46 ans, DESS Finances (Assurances), DES en Droit et ENA (Paris), Lassaad Zarrouk, nouveau PDG de la CNAM, incarne parfaitement cette nouvelle génération de grands commis l'Etat doublé d'un esprit managérial de l'efficience. Jusque-là Directeur général de la Sécurité Sociale, la CNAM, il l'a connaît à fond. N'avait-il pas contribué intensément dès le début des années 2000 à l'élaboration de la réforme de l'assurance maladie. Sous la houlette du ministre des Affaires Sociales, M. Chedli Neffati, puis ses successeurs, il était avec Sayed Blel et Ridha Kechrid, alors respectivement DG de la Sécurité Sociale et PDG de la CNSS, mais aussi Mohamed Chaabene, DG du Centre d'études sur la Sécurité Sociale, au cœur du dispositif mis en place à cet effet. Au deuxième étage du 27 Boulevard Beb Bnet, siège du Département, personne n'avait eu le temps de voir éclore le printemps 2004, malgré ce magnifique jardin intérieur, ni pris de vacances d'été, la loi (2 août 2004) devant être votée avant la clôture de la session législative. Avec ardeur et compétence, Lassaad Zarrouk apportait à ses aînés, comme à son ministre, une fraîcheur d'esprit et beaucoup d'innovation. Son passage à l'ENA de Paris, son expérience en tant qu'administrateur représentant de l'Etat au conseil d'Administration de la CNSS, CNRPS, STAR, et l'Hôpital Charles Nicolle, l'avait nourri d'une expérience sectorielle bien enrichie. Concertation et consensus Ce qu'il a le plus appris, c'est comment participer à la conception d'une grande réforme, la faire adopter et surtout la mettre en œuvre, dans la concertation et le consensus. A peine nommé, le 9 novembre 2004, directeur général de la Sécurité Sociale, pour succéder à Sayed Blel, désigné premier PDG de la CNAM, il était édifié par l'ampleur de la tâche. Tous se plaignaient des anciens régimes épars d'assurances maladies et réclamaient la refonte du système, mais dès qu'il a fallu mettre en place la grande réforme, chacun ne pensait plus qu'à ses propres intérêts, patients, comme prestataires. Les négociations n'étaient pas faciles à mener et Sayed Blel a dû céder rapidement son modeste fauteuil, rue de Khartoum où la CNAM naissante avait pris ses premiers quartiers, à quelques pas du siège de la CNSS, à Naceur Gharbi. Bien imprégné de l'esprit et des textes, l'ancien Maire, Gouverneur, PDG d'entreprises publiques, mais aussi lui aussi issu du moule des Affaires Sociales et plus particulièrement de la Sécurité Sociale et de l'Inspection du Travail, Naceur a mis le turbo, bien huilé, pour déclencher l'opérationnalité de la Caisse. Une grande bâtisse aux colonnes romaines et couleurs ocres qui ne passe pas inaperçue au cœur de la nouvelle zone de bureaux de Montplaisir a été choisie comme siège. Les équipes sont constituées essentiellement à partir des ressources de la CNSS et de la CNRPS, les procédures sont été développées rapidement tout comme le système informatique, alors que se poursuivaient les concertations et les négociations, avec toutes les manœuvres habituelles dans ce genre d'approches. La CNAM 2 Quatre ans après la fondation, Naceur Gharbi a accompli la phase de démarrage. La CNAM est sur les rails. Investi candidat du RCD à la Députation, le voilà passer le relai à Lassaad Zarrouk, plein d'énergie et bien compétent. Pour cette deuxième génération indispensable à la Caisse, le nouveau PDG est sans nul doute le mieux placé afin de lui imprimer le nouvel élan. Aux inéluctables imperfections des premiers pas, vient le temps du recentrage, de l'amélioration et de la recherche d'une plus grande efficience. Pour cela, il faut certes un homme (ou une femme en fait), qui soit nourri des valeurs fondatrices, et maîtrise en 360° toute l'équation. Lassaad Zarrouk a longtemps été, Boulevard Beb Bnet, dans les mêmes bureaux où avait officié, des années durant, feu Noe Ladhari, l'un des meilleurs spécialistes de la législation sociale en Afrique du Nord. Déjà à la Kasbah, au Ministère des Finances où il avait entamé sa carrière à la sortie de l'IFID, il a été nourri de la noblesse du service public. Rue Saint-Guillaume à Paris, l'ENA lui avait inculqué l'impératif de la modernité et de l'efficacité désormais indispensables à un grand commis d'Etat devant exercer comme le manager d'une multinationale. Sa fine silhouette, son look sobre mais soigné, son verbe élégant et sa plume aussi profonde que percutante, font de lui un super-manager des temps modernes. La liste de ses travaux et publications est impressionnante. On lui doit « le secteur mutualiste en Tunisie », « les échanges commerciaux et les flux d'investissement interarabe : réalités et perspectives », « l'assurance-crédit en tant qu'outil de dynamisation des échanges commerciaux entre les pays islamiques », « la médicalisation des systèmes d'informations » et « les relations économiques et financières entre la Tunisie et l'Union Européenne : bilan et perspectives ». Mais aussi et depuis maintenant 9 ans, une excellente réflexion sur « la bancassurance : enjeux et opportunités », un sujet qui trouve aujourd'hui toute son actualité ou encore « l'épargne longue en Tunisie: réalité et perspectives d'avenir » et « la problématique du développement face au défi énergétique. Dans ses nouvelles fonctions à la tête de la CNAM, Lasaad Zarrouk aura-t-il suffisamment de temps pour poursuivre ses recherches et publications ? Naceur Gharbi lui remet les clefs d'une Caisse qui fonctionne mais qui a besoin de son génie et de toute son énergie. Il saura s'y exercer et y réussir sans se départir de sa courtoisie ou abandonner sa plume.
