Cette photo qui lui a été dédicacée par Bourguiba a toujours ému Mustapha Tlili et lui a redonné vigueur et espoir dans les moments les plus difficiles par lesquels notre pays est passé ces trente dernières années. Il venait, en septembre 1975, de publier son premier roman, La Rage aux tripes. Le Monde, fait exceptionnel dans l'histoire de la critique littéraire française, en avait rendu compte à la Une du journal dans un article extrêmement élogieux qui avait fait «beaucoup de bruit», comme on dit, lancé sa carrière littéraire et valu à son roman d'être proposé au Goncourt, fait rare pour un premier roman. De passage en Tunisie quelques mois après, il reçut une invitation à déjeuner du Président, qui était fier de son succès. Il s'y est rendu en compagnie de Bourguiba Jr., son grand ami, chez qui il logeait. Il a offert un exemplaire dédicacé de son roman au Président. Le lendemain, un fonctionnaire du palais est venu lui remettre la photo. Il la garde parmi les trésors d'une vie et les motifs inébranlables de son engagement pour la Tunisie des lumières.
