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Infertilité, Divorce et Sexualité: le point de vue du Psychiatre - Sofiane Zribi, Psychiatre, Psychothérapeute, Sexologue, Tunis
Publié dans Leaders le 18 - 02 - 2010

Il est communément admis que dans la race humaine la finalité de la vie en couple est l'élevage et l'éducation des enfants. La néoténie de l'humain, c'est-à-dire son incapacité à se prendre en charge lui-même dès sa naissance pour assurer sa survie et l'absolue nécessité pour sa maturation une fois qu'il a quitté l'utérus maternel de continuer à grandir dans l'utérus culturel, font que sans la présence d'autres, au premier rang desquels une mère, il sera incapable d'assurer son devenir en tant qu'être parlant, pensant, doté des habilités sociales suffisantes pour s'intégrer au groupe dans lequel il vit.
Si telles sont les raisons bio psycho sociales profondes que nous enseigne la psychologie évolutionniste sur le pourquoi de la vie en couple, elle ne nous rappelle pas moins comment, dans la société humaine primitive, les hommes choisissaient les femmes et ces dernières, leur partenaire masculin.
David Buss, écrit à ce propos, que les hommes choisissaient leurs partenaires essentiellement sur des critères physiques, femmes de bonne santé, grandes, ayant un large bassin, capables de leur assurer une progéniture de qualité mais aussi suffisamment soumises et sages pour ne pas fréquenter d'autres partenaires. Chez les primates, il arrive que le mâle passe des semaines à garder la femelle fécondée pour s'assurer qu'elle est bien enceinte de lui.
La femme se donne quant à elle, non pas au premier venu, mais au mâle ayant des qualités de bon reproducteur, mâle fort, musclé, bon chasseur, de préférence ayant une position dominante dans le groupe, mais aussi capable de tendresse et d'attachement, de rester à ses côtés durant la grossesse et de lui assurer protection et nourriture pour elle et son enfant. De là sont nés les multiples artifices de séduction dans les deux sexes. Les hommes devant mettre en avant leur virilité, leur musculature, leur position dominante dans le groupe et les femmes leur féminité, leur capacité à séduire et à attacher.
L'instinct des hommes les pousse à féconder autant de femmes qu'ils peuvent le faire pour s'assurer une descendance. Ils sont donc polygames par nature.
Un livre de Vulgarisation sur le sujet écrit par Philippe Gouillou intitulé «Pourquoi les femmes des riches sont belles ?» me semble, pour ceux que cela intéresse, une bonne introduction au sujet.
La monogamie est une évolution culturelle et non biologique, fondée d'une part sur le fait que l'évolution aidant, la compétition sexuelle entre mâles au sein du groupe est devenue inacceptable et source d'une instabilité sociale croissante, de même que la hiérarchisation de la société entre personnes libres et esclaves d'un côté et l'accès des femmes libres au droit à l'héritage et à la propriété a radicalement changé la donne du fonctionnement interhumain. D'un autre côté, la découverte de l'agriculture, la domestication et l'urbanisation ont amené les groupes humains à s'élargir et à s'agrandir rendant difficile la vie sociale d'un mâle qui s'approprie les meilleures femmes.
Il est à ce propos édifiant de remarquer qu'historiquement la polygamie a persisté dans les sociétés tribales non agricoles (les bédouins d'Arabie, les tribus africaines…) et a disparu dans les groupes fortement urbanisés même quand elle est permise du point vue légal ou religieux.
Ceci étant dit, nous pouvons poser la question sur le devenir des couples stériles. Si nous manquons de références préhistoriques sur ce sujet, l'histoire par contre nous rapporte qu'il était largement admis dans les sociétés de l'Antiquité ou du Moyen Age qu'un couple divorce pour cause d'infertilité ou qu'une femme soit répudiée pour cause d'infertilité.
Lors de l'élaboration de sa deuxième topique de l'appareil psychique (le ça, le Moi et le Surmoi), Freud situe le ça aux confins du biologique et du psychologique et admet que le désir de reproduction est à la base biologique et instinctuel. Il emprunte par-là à son contemporain, Groddeck l'une de ses intuitions les plus remarquables. Le biologique ne devient psychologique qu'à partir du moment où il devient un vécu, un ressenti.
Freud a bâti sa théorie sur le principe que l'énergie née du désir (libido) est le moteur du fonctionnement psychique et que cette énergie est essentiellement de nature sexuelle.
Dans le cas des couples stériles, sans espoir de reproduction, sur quels supports psychiques ou biologiques va tenir leur vie sexuelle ?
L'histoire de Salah et Alya
Salah et Alya se sont connus sur les lieux du travail, Alya venait à peine d'être recrutée quand Salah est tombée amoureux d'elle. «Elle était superbe» me dit-il. «Elle marchait avec beaucoup d'élégance, avait un sourire ensorcelant, portait toujours des vêtements à la mode, parfois très provocants, laissant entrevoir une anatomie parfaite. Elle était grande, un vrai mannequin avec une touche de beauté locale qui la rendait terriblement séduisante et désirable. Dès que l'ai vu, j'ai su qu'elle sera ma femme et aucune autre. J'ai entrepris de la séduire, et j'ai eu toutes les peines du monde à me faire aimer par elle. Un jour, l'un de mes supérieurs qui la harcelait sexuellement et ne cessait de l'importuner a tenté de passer à l'acte dans son bureau. Je l'ai entendu crier, je me suis précipité, je l'ai arraché d'entre ses mains tout en administrant à l'agresseur un coup de poing. Nous avons tous les deux été renvoyés. Cet épisode nous a beaucoup rapprochés et nous nous sommes mariés la même année. Nous nous entendions bien, on s'aimait tellement, je la désirais constamment et son corps était pour moi une source de désir perpétuel. Je ne m'en lassais jamais.
Au bout de deux ans de vie commune, nous nous sommes posé la question pourquoi elle ne tombait pas enceinte alors que notre désir d'enfant était très fort et que nous n'avions jamais usé de moyens contraceptifs, c'est alors que son gynécologue me demanda d'analyser mon sperme. J'ai été anéanti à la révélation du résultat. Je suis stérile. Aucun spermatozoïde vivant dans mon sperme. Alya m'assura de son amour et qu'elle se tiendra toujours à mes côtés. Nous errâmes entre les consultations et les différentes méthodes de procréation assistée. Nous partîmes même en France et là, le Professeur qui nous a examinés me dit franchement qu'il n'y avait pas d'espoir.
De retour à Tunis, notre vie a commencé à changer. Alya avait obtenu un poste important dans sa nouvelle entreprise et voyageait beaucoup. Je restais seul à la maison, puis je m'étais mis à sortir le soir avec des amis, je buvais de plus en plus en plus. Quand Alya rentrait de voyage, je ne ressentais aucun désir envers elle. D'ailleurs je peux vous le dire, je n'avais plus aucun désir ni pour elle, ni pour n'importe quelle autre fille. De ses voyages Alya m'avait ramené du Cialis, mais, voyez-vous, ce qui me manquait, c'était le désir. Comme si le jour où j'ai appris que je suis stérile, toute envie de sexualité a disparu, alors que ce n'était pas le cas quand nous n'avions pas baissé les bras et continuions à nous battre pour avoir un enfant.
Le cas de Samah
Samah est une jolie brune de trente-sept ans. Elle s'est mariée une première fois à l'âge de de vingt-quatre ans et a divorcé dix ans plus tard car on a découvert qu'elle était stérile et que son mari tenait absolument à avoir un enfant. «Il m'a abandonné» dit-elle «Comme si j'avais commis une grave erreur et s'est battu juridiquement pour que je n'obtienne pas de pension de sa part. Il s'était très vite remarié après notre divorce et je me demande encore où est passé tout l'amour qu'il disait me porter ?».
Samah est venue consulter pour frigidité. Elle est remariée depuis peu à un homme un peu plus âgé qu'elle et qui est lui-même stérile. Elle le décrit comme tendre, gentil, affectueux et elle le trouve même beau.
Depuis leur mariage, alors qu'ils sont tous les deux affectueux l'un envers l'autre, ont énormément de passions en commun, sont tous les deux très cultivés et d'un bon niveau social, leur vie sexuelle semble ne pas être en phase avec leur situation.
«Au lit, nous sommes comme deux vieillards, nous regardons la télévision, commentons l'actualité, et nous nous endormons sagement».
C'est seulement quand il nous arrive de regarder un film osé qu'il décide enfin à me faire l'amour, mais là je ne le sens pas avec moi, c'est comme s'il était ailleurs, perdu dans des pensées et des images phantasmatiques propres à lui. Pour ma part, pour jouir, je pense à mon premier mari, ou des hommes que je rencontre ou à toute autre situation imaginaire. Je ne peux pas jouir en pensant à lui. Le fait qu'il soit stérile, c'est comme si quelque chose lui manque, quelque chose de fondamental à mon épanouissement. Pourtant, j'ai une immense affection pour lui. Je pense que pour lui, c'est la même chose. Nous n'osons pas en parler. Pour être franche, je ne suis même pas jalouse. Même si je le retrouve au lit avec une autre femme, je serai presque heureuse de le voir prendre plaisir ».
Commentaires
Ces exemples et bien d'autres que nous rencontrons tous dans notre pratique pointent de manière directe la question du désir chez les couples stériles et la manière avec laquelle, nous, cliniciens, répondons à cette demande.
Comme cela a été dit plus précédemment, à la base du désir sexuel, se place l'instinct biologique de reproduction. Dans la mesure où la conscience de l'impossibilité de se reproduire devient évidente pour l'un ou l'autre des partenaires, on peut comprendre le tarissement libidinal qui s'ensuit.
L'infertilité constitue l'une des crises les plus profondes du couple. Elle menace tous les aspects de la vie à deux: elle n'affecte pas uniquement les relations entre les deux partenaires, mais touche également chacun individuellement, en affectant le sens du moi, les rêves d'avenir, les relations avec les parents, amis et collègues. Peu de crises mettent en question autant d'aspects psychologiques et sont aussi accablantes, peut-on lire sur le site web.
La Jurisprudence en Tunisie comme dans de nombreux pays accepte la stérilité comme un motif de divorce aux torts de la personne non féconde qui se trouve ainsi dépossédée à la fois de son statut comme de sa place dans la société, reléguée dans une position indéterminée, ne pouvant servir dans l'imaginaire social à autre chose qu'une mère, un père, une femme, un mari, un partenaire de remplacement. Une rustine sociale en quelques sortes.
La stérilité est vécue comme une tare
Le vécu propre de l'infertilité est en lui-même lourd à supporter. Blessure narcissique pour certains, véritable castration pour d'autres, la stérilité questionne tout un chacun sur son devenir. Si l'instinct reproducteur s'articule avec la pulsion de vie, le vécu de stérilité a quelque chose de mortifère et s'articule avec les pulsions de mort. Qu'est-ce la reproduction, si ce n'est la conjuration de la mort et de la finitude. Qu'est-ce qu'avoir un enfant si ce n'est in fine prolonger sa vie au-delà même du temps éphémère de l'existence? Les biologistes définissent l'être vivant entre autres par le fait qu'il est capable de se reproduire, Qu'est-ce un homme ou une femme privés de cette fonction?
L'angoisse de castration, résultante des pulsions œdipiennes dans le développement psychologique normal, amène le petit garçon comme la petite fille à se détourner du désir incestueux primitif pour investir après une période de latence un autre objet d'amour. Quel est alors le vécu de celui qui va rencontrer, non plus la castration sur un plan symbolique ou imaginaire, mais dans sa chair et dans son corps?
Dans une étude Canadienne parue dans Human Reproduction en Septembre 2009, Chachamovich et ses collègues ont entrepris de mesurer la qualité de vie des hommes et des femmes de 162 couples stériles. Les résultats de cette étude sont assez édifiants, car les scores sont sensiblement les mêmes chez les hommes comme chez les femmes avec notamment un vécu dépressif commun. Comme si la stérilité, même si elle est la maladie de l'un, touche le couple en entier.
Les réactions psychologiques observées sont en grande partie de nature dépressive avec notamment une inhibition intense, une perte de réactivité frisant l'apathie, une diminution de l'expression émotionnelle, un désintérêt croissant vis-à-vis du travail ou de l'investissement social et surtout la somatisation et l'instauration d'un comportement hypochondriaque. Dans d'autres cas, c'est un comportement d'allure hypomaniaque qui s'installe avec hyper réactivité et surinvestissement professionnel, parfois aussi, tout parait normal, mais l'individu est facilement irritable.
Il est régulièrement rapporté une modification dans la vie et les habitudes sexuelles. Outre la problématique du désir qu'on a évoqué plus haut, plusieurs troubles sexuels vont faire leur apparition, éjaculation précoce, dysfonctions érectiles chez l'homme, frigidité et dyspareunie chez la femme.
Le vécu de la stérilité interroge en fait chaque membre du couple sur la signification personnelle de ce statut, de ce qu'il implique pour soi et pour l'autre comme avenir, comme sexualité et comme désir de partager sa vie avec un autre.
Beaucoup d'hommes vivent leurs stérilité comme une tare, la cachent, ne la dévoilent pas et vont même refuser d'aller jusqu'aux soins. Le fait même d'évoquer la possibilité de ce diagnostic est source d'inquiétude et d'angoisse. Un patient me disait «Je peux vivre sans enfants, mais je ne pourrai pas vivre avec la certitude que je suis stérile». D'autres, ont le courage d'aller consulter mais tiennent leur partenaire dans l'ignorance de leur démarche. D'autres enfin consultent, jouent le tout pour le tout, mais font en définitive porter la responsabilité sur leur partenaire ou pire encore sur des forces obscures qui leur veulent du mal.
Les femmes quant à elles, sont dans notre pays beaucoup plus patientes, plus résilientes, entretiennent jusqu'au bout l'espoir de guérir et d'enfanter, acceptent toutes les solutions et savent par instinct que si elles abandonnent le combat, c'est la vie de couple qui est détruite. Quand la médecine se déclare impuissante, elles se tournent vers les guérisseurs et les charlatans. Il ne faut pas que l'espoir cesse, c'est ce qui maintient le désir, l'envie de l'autre, l'amour et l'affection
Pourtant, en allant à contre sens de ce qui a été avancé, beaucoup de couples stériles surmontent cette situation, arrivent à dépasser le stress et la stigmatisation sociale et à développer une vie à deux harmonieuse. Comment ?
Heureusement pour l'homme, sa psychologie lui offre suffisamment de plasticité pour s'accommoder avec les situations les plus critiques et c'est peut être chez ces couples stériles mais heureux que nous puiserons les solutions à proposer à ceux que le hasard de la vie a privé des joies de l'enfantement.
Les solutions qu'ils ont trouvées sont bien sûr spécifiques à chaque situation. Nous pouvons tenter de les classer ainsi :
1. Le Déni du besoin de reproduction
Il s'agit de couples qui assument parfaitement leur non besoin d'enfant. Ils mettent en avant la force du lien qui unit les deux protagonistes.
1. La sublimation de ce besoin
Le besoin d'enfant est transformé en énergie de travail, en énergie de voyages, de découverte et d'accomplissement de soi
1. Le déplacement de ce besoin
Là, c'est sur un enfant de l'entourage, que l'énergie affective résultante du besoin d'enfant est placée.
1. La Somatisation
Le corps stérile va servir d'espace de projection de l'énergie psychique née du refoulement du besoin d'enfant et installation d'un comportement hypochondriaque.
1. La compensation
Le besoin d'enfant est compensé par une religiosité ou un mysticisme excessif ou encore par des engagements sociaux ou politiques passionnels
1. L'adoption
Qui reste la solution la plus épanouissante pour le couple mais fortement combattu par certaines interprétations religieuses de l'islam.
Les couples infertiles qui se rendent en désespoir de cause chez le psychiatre ou le sexologue sont à la recherche du comment réactiver cette flamme qui a accompagné le début de leur vie ensemble et qui s'est éteinte sous les larmes du désespoir de la conception.
En puisant dans les mécanismes de sortie de crise qu'ont inventés les couples infertiles qui ont su garder leurs liens affectifs et leur sexualité envers et contre tout, le psychiatre, en fonction de chaque situation particulière, trouvera des repères pour offrir le conseil le plus adapté.
Il va sans dire que l'infertilité interroge par ailleurs chaque membre du couple sur un plan individuel et oblige chacun à avoir un monologue avec soi sur la signification personnelle d'un avenir sans descendance. Comme on l'a dit plus haut, en fonction de la problématique individuelle de la personne et du contexte social dans laquelle elle vit, l'infertilité peut réveiller des angoisses de castration pour certains, de perte d'objet pour d'autres et dans de rares cas des réactions psychotiques peuvent aussi être observées.
Quand l'équilibre psychique d'un ou des deux membres du couple est perturbé, forcément la vie sexuelle s'en trouve affectée. Les réactions les plus communément observées sont le reflet du tarissement du désir dont on a parlé plus haut. Ces réactions sont
* La diminution de la fréquence des rapports sexuels
* La diminution de la qualité et de l'intensité du rapport
* La diminution de la fréquence des échanges affectifs
* L'apparition de dysfonctions érectiles ou de troubles de l'éjaculation chez l'homme
* L'apparition de dyspareunies et de troubles de l'orgasme chez la femme
* Le retour aux comportements masturbatoires et à la sexualité phantasmatique
* Enfin dans de rares cas, la sexualité s'éteint complètement avec apparition parfois de comportement de recherche d'autres partenaires.
CONCLUSIONS
L'infertilité est évidemment un évènement critique dans la vie du couple. Pour chacun des protagonistes, elle prend la signification que lui confèrent l'expérience singulière et l'histoire de vie qui lui est propre. Il n'y pas de réaction clinique bien définie mais une multitude de réactions possibles. La sexualité du couple peut s'en trouver gravement affectée. Quand les liens affectifs sont forts, l'approche psychiatrique peut proposer des solutions. L'adoption reste la solution idéale pour les couples qui souhaitent malgré tout élever un enfant mais elle reste encore problématique dans nos contrées.


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