Avoir un enfant est bien plus qu'un désir et une émotion. Reproduire assure la continuité non seulement de l'espèce humaine, mais permet aux parents de « transmettre » un peu d'eux-mêmes à leur progéniture. L'infertilité devient ainsi un problème social et individuel. Les couples sont souvent prêts à tout et s'accrochent au moindre espoir dès lors qu'il s'agit d'incapacité de l'un ou de l'autre à avoir des enfants. Et en Tunisie, 10% des couples souffrent d'infertilité. Une session de formation portant sur le sujet de la fertilité à été organisée le 12 et 13 novembre réunissant près de 50 gynécologues tunisiens et algériens. Il s'agit de la première initiative régionale dans le secteur médical pour renforcer le niveau d'expertise des gynécologues et biologistes maghrébins. Le professeur Fathi Zhiaoui, chef service à l'hôpital Aziza Othmana et président de la Société Tunisienne de Gynécologie-Obstétrique, a dans ce cadre noté deux spécificités en Tunisie, à savoir que les couples consultaient de plus en plus tôt et que la stérilité d'origine masculine est croissante. Cette dernière est due à plusieurs facteurs, dont les infections et les séquelles d'infections sexuellement transmissibles, les facteurs environnementaux, tels le tabac, l'alcool, la mauvaise alimentation, la pollution… Il n'en demeure pas moins que la croissance de l'infertilité masculine en Tunisie s'inscrit dans le cadre d'un phénomène mondial. On retrouve également plus de cas dans certains milieux professionnels, plus que dans d'autres. Les agriculteurs et ouvriers manipulant des produits chimiques sans protection peuvent en souffrir sur le plan de leur fertilité. 25% de la stérilité féminine est quant à elle liée à l'obstruction des trompes qui est souvent secondaire à des infections sexuellement transmissibles ou à la pratique des IGV, et donc conséquente au comportement sexuel. L'infection la plus répandue chez nous est la chlamydia dont la gravité réside dans le fait qu'elle est insidieuse et peut passer inaperçue. Nous comptons par ailleurs en Tunisie 25 000 interruptions volontaires de la grossesse, IVG, par an. Les femmes tunisiennes ont également l'habitude de ne commencer à consulter le gynécologue qu'après le mariage ou suite aux premiers rapports sexuels, or il est important pour leur santé reproductrice de consulter d'une manière précoce et régulière. Il existe à cet effet deux espaces en Tunisie : les unités de l'office du planning familial et la médecine scolaire qui ont une unité spécialisée dans la gestion des problèmes sexuels chez les adolescents. Quant à la consultation, plutôt précoce et fréquente, qu'effectuent les couples tunisiens chez les gynécologues, parfois seulement quelques mois après le mariage en cas de non grossesse, elle est due à l'âge tardif du mariage en soi. La moyenne étant de 29 ans chez la gent féminine et de 30 – 33 ans chez la gent masculine, les couples ont parfois tendance à penser qu'ils « n'ont plus de temps » pour procréer. La prise en charge, ainsi que la volonté de se soigner évolue en Tunisie, mais il arrive parfois que la femme soit prête à l'exploration avant son mari. Or, le Pr, Fethi Zhiaoui assure que « le premier examen à faire est l'exploration masculine ». La médecine de l'infertilité étant une spécialité en soi, il est essentiel également d'offrir des formations aux gynécologues et de leur faciliter l'accès aux informations portant sur l'innovation et les nouveautés dans les pratiques et les traitements de l'infertilité.