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En conflit avec eux-mêmes
Enquête: Les hommes en Tunisie engoncés dans une sexualité à deux vitesses
Publié dans Le Temps le 26 - 12 - 2008

La sexualité occupe une place très importante dans la vie de l'être humain. En Tunisie, le comportement sexuel masculin est un domaine non encore exploré. Pr Fakreddine Haffani Chef de service de psychiatrie adulte à l'hôpital Razi à la Manouba a essayé de rapporter dans son étude les connaissances et les attitudes des hommes en matière de sexualité,
de tracer un profil des comportements sexuels des hommes en Tunisie et d'analyser les facteurs qui le déterminent.
L'enquête sur la sexualité des hommes tunisiens s'est déroulée durant la période s'étendant du 1er février 2002 au 31 janvier 2003. L'échantillon représentatif, constitué selon la méthode des quotas, est composé de 300 hommes, âgés de 20 à 69 ans, vivant dans le Grand Tunis (gouvernorats de Tunis, Ariana, Ben Arous, Manouba).
L'âge moyen de notre population est de 38,26 ans. L'âge moyen de la puberté est de 14,43 ans. 72,3 % de notre population est d'origine urbaine et 27,7 % est d'origine rurale. Le nombre moyen d'enfants est de 3,5 enfants. 19,3 % de notre population est analphabète, 42 % est de niveau primaire, 30,4 % est de niveau secondaire et 8,3 % est de niveau supérieur. L'enquête a révélé que "85,3 % des hommes ont reçu une éducation sexuelle. Les sujets de niveau d'instruction secondaire ou supérieure ont eu plus d'accès à des informations sexuelles que ceux de niveau primaire ou ceux non instruits.
On serait donc tenté de dire que l'instruction joue un rôle dans l'éducation sexuelle. Mais la vérité est que l'école ne représente que 1,1 % des sources d'informations sexuelles, contre 2 % pour les parents, 14,1 % pour les mass-médias et 82,8 % pour les amis. Ceci reflète bien la réalité des choses puisque seulement la reproduction (qui est une partie infime de la sexualité) est enseignée en secondaire alors que le lycéen a déjà vécu ou est en train de vivre sa puberté. Le lieu de résidence paraît avoir un poids énorme sur l'éducation et la curiosité sexuelle. En effet, 6,9 % seulement de la population urbaine n'ont pas reçu d'éducation sexuelle, alors que ce taux passe à 34,9 % dans la population rurale. Par ailleurs, les mass médias représentent la source d'éducation sexuelle la moins utilisée en milieu rural (1,9 % contre 17,3 % dans le milieu urbain)
Dans notre population, 32,7 % des hommes pensent que le but de l'activité sexuelle est de satisfaire un besoin physiologique, 31,3 % pensent avoir du plaisir, 20 % pensent avoir un enfant et 16 % pensent accomplir une obligation. Ce sont les plus jeunes qui pensent que le but de l'activité sexuelle est de satisfaire un besoin physiologique ou d'avoir du plaisir contrairement aux sujets plus âgés qui pensent que le but est d'accomplir une obligation ou d'avoir un enfant.
Dans le milieu rural, le versant reproductif paraît dominer la sexualité puisque 32,5 % pensent que le but de l'activité sexuelle est d'avoir un enfant et seulement 16,9 % pensent que c'est d'avoir du plaisir. Ces valeurs passent respectivement à 15,2 % et à 36,9 % dans le milieu urbain".

Mariage et virginité
L'enquête du Pr Haffani a étudié un autre indicateur du poids énorme qu'ont les traditions sur la sexualité est le mythe de la préservation de la virginité chez la femme jusqu'au mariage.
En effet, elle a montré que « 83,7 % des hommes pensent que la préservation de la virginité chez la femme jusqu'au mariage est une règle sociale à sauvegarder, 10,3 % pensent que c'est un mal social nécessaire et seulement 6 % pensent que c'est un tabou à dépasser. Paradoxalement, la même majorité écrasante (82 %) pense que, pour l'homme, le mariage n'est pas nécessaire pour avoir des rapports sexuels. Ceci apporte la preuve vivante que l'islam n'y est pour rien. En effet, ce dernier interdit formellement les rapports sexuels avant le mariage aussi bien pour l'homme que pour la femme. Les traditions pèsent encore plus lourdement sur le milieu rural.
En effet, la majorité des hommes dans le milieu rural (97,6 %) pense que la préservation de la virginité chez la femme jusqu'au mariage est une règle sociale à sauvegarder, alors que ce pourcentage passe à 78,3 % dans le milieu urbain. Aucun homme résidant dans le milieu rural ne pense que c'est un tabou social à dépasser alors que 8,3 % des hommes de milieu urbain le pensent. 2,4 % des sujets de milieu rural pensent que c'est un mal social nécessaire, ce pourcentage passe à 13,4 % dans le milieu urbain. Le milieu rural reste partagé pour la question des rapports sexuels de l'homme avant le mariage. En effet, 59 % pensent que, pour l'homme, le mariage n'est pas nécessaire pour avoir des rapports sexuels et 41 % pensent le contraire. Ces pourcentages passent respectivement dans le milieu urbain à 90,8 % et à 9,2 %. « La virginité reste donc, dans notre société, un indicateur de chasteté et un certificat de bonne conduite prénuptiale », selon le Pr Haffani
Amour et rapports sexuels
L'amour n'est pas nécessaire pour avoir des rapports sexuels, mais les rapports sexuels sont nécessaires dans une relation amoureuse. C'est ce que pense la majorité des hommes quant aux relations qui peuvent exister entre l'amour et la sexualité.
En effet, l'enquête a fait remarquer que « 73,3% pensent qu'ils ne doivent pas nécessairement être amoureux pour avoir des rapports sexuels et 56 % pensent qu'une relation amoureuse ne pourrait pas exister sans rapports sexuels. 62,7 % des hommes de milieu rural pensent qu'une relation amoureuse peut exister sans rapports sexuels et 51,8 % pensent qu'ils doivent être amoureux pour avoir des rapports sexuels. Ces pourcentages passent dans le milieu urbain respectivement à 36,9 % et à 17,1 %.
L'homosexualité paraît être la pratique sexuelle la moins tolérée par la société (77,3 %), suivie de l'adultère (12 %), des relations sexuelles sans mariage (7,7 %) et en dernière position la masturbation (3 %).L'âge moyen de la première activité sexuelle est de 15 ans. Il passe à 16,5 ans dans le milieu rural contre 14,5 ans dans le milieu urbain. 22,7 % des hommes n'ont jamais eu de rapport sexuel et ce sont généralement les plus jeunes contre 77,3 % qui ont eu déjà des rapports sexuels et ce sont les plus âgés. L'âge moyen du premier rapport sexuel est de 28,1 ans.55,7 % des sujets célibataires n'ont jamais eu de rapport sexuel. Ce pourcentage est de 67 % dans la tranche d'âge des 20-29 ans et 12 % dans la tranche d'âge des 30-39 ans. C'est surtout dans le milieu rural qu'on trouve la plus grande proportion de célibataires n'ayant jamais eu de rapport sexuel avec 78,1 % et moins dans le milieu urbain avec 47,8 % ».

Influence de l'abstinence sexuelle
Au cours de la période d'abstinence sexuelle et selon l'enquête du Pr Haffani " 67,7 % disent se sentir frustrés physiquement, 14,3 % frustrés affectivement et 18 % indifférents. Ce sont les plus jeunes qui se sentent frustrés affectivement ou physiquement au cours de la période d'abstinence sexuelle (moyenne d'âge de 36,8 ans), alors que ceux qui se sentent indifférents, sont généralement les plus âgés (moyenne d'âge de 46,2 ans). Il y a plus de sujets qui se sentent indifférents au cours de la période d'abstinence sexuelle parmi les mariés (23 %) que parmi les célibataires (9,8 %) et dans le milieu rural (28,9 %) que dans le milieu urbain (13,8 %). Les enfants peuvent influer sur la sexualité.
En effet, 57,6 % des hommes disent que leur sexualité a changé après la naissance d'un enfant. La majorité des hommes résidant en milieu urbain (63,6 %) dit que sa sexualité a changé après la naissance d'un enfant, alors que plus de la moitié des hommes de résidence rurale (57,1%) dit le contraire.
Parmi les hommes qui pensent que leur sexualité a changé après la naissance d'un enfant, 52 % disent qu'il s'agit d'une diminution de la fréquence des rapports, 27,6 % d'une amélioration de la qualité des rapports et 20,4 % d'une détérioration de la qualité des rapports sexuels.

Satisfaction de la vie sexuelle
Les Tunisiens sont -ils satisfaits de leur vie sexuelle ? Selon l'enquête Du Pr Haffani "65,7 % des hommes selon l'enquête disent qu'ils sont satisfaits de leur vie sexuelle et ce sont les plus âgés (moyenne d'âge de 40,6 ans), alors que 34,3 % disent le contraire et ce sont les plus jeunes (moyenne d'âge de 33,8 ans).Si la partenaire sexuelle est l'épouse, alors 79,4 % sont satisfaits, mais si la partenaire est une prostituée, alors 100 % ne le sont pas. 53,8 % des hommes disent que c'est la partenaire sexuelle qui leur manque, 18,3 % disent que c'est l'entente sexuelle, 14,1 % disent que c'est la santé physique, 11,5 % disent que c'est l'affection et 2 % disent que c'est le temps. 57,7 % pensent qu'ils seraient plus satisfaits si la partenaire était plus tendre (moyenne d'âge de 44,4 ans), 36,1 % pensent le devenir si leur partenaire était plus participante (moyenne d'âge de 37,5 ans) et 6,2 % si elle était
moins exigeante (moyenne d'âge de 49,1 ans). Dans le milieu rural, la majorité écrasante des hommes (86 %) préfère que la partenaire soit plus tendre contre seulement 12,3 % qui la préfère plus participante. Le milieu urbain est partagé avec respectivement 48,2 % et 44,1 %. Si la partenaire est l'épouse, alors 64 % des hommes la préfèrent plus tendre, mais si la partenaire est une femme célibataire, alors 75% la préfèrent plus participante."

Le changement de partenaire
Les Tunisiens veulent-ils changer de partenaire? Selon l'enquête, "la majorité des hommes (80,6 %) n'a pas envie de changer la partenaire actuelle et ce sont généralement les plus âgés (moyenne d'âge de 44,7 ans) alors que seulement 19,4% pensent le contraire et ce sont les moins âgés (moyenne d'âge de 31,7 ans).50 % des hommes insatisfaits de leur vie sexuelle n'ont pas envie de changer de partenaire.57,8 % des hommes disent avoir été toujours fidèles à leur partenaire actuelle et ce sont généralement les plus âgés, alors que 42,2 % disent le contraire et ce sont les plus jeunes. Parmi les hommes résidant dans le milieu rural, 76,3 % ont été toujours fidèles à leur partenaire actuelle, alors qu'ils ne l'ont été que 51,4 % dans le milieu urbain. Tous les hommes qui n'expriment pas leur désir sexuel avant les rapports, ne parlent jamais, après les rapports, de leur qualité avec leur partenaire. Alors que seulement 36,1 % de ceux qui expriment leur désir, en parlent après les rapports. Seulement 6,3 % des hommes disent présenter un trouble sexuel (tout en restant subjectifs) et ce sont les plus âgés (moyenne d'âge de 46,3 ans) alors que ceux qui disent que leur sexualité est normale (93,7 %) sont généralement les plus jeunes (moyenne d'âge de 37,7 ans).Le tabou de la sexualité atteint ici son apogée puisque moins de la moitié (47,3 %) des hommes qui disent présenter un trouble sexuel ont consulté un médecin.
En définitive, il existe en Tunisie une sexualité à deux vitesses : La première, accablée par les tabous et les traditions, se retrouve surtout chez les hommes mariés, âgés, d'origine rurale, alors que la deuxième, un peu plus libérée, se retrouve surtout chez les jeunes, célibataires, résidant dans le milieu urbain.


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