Le président de la République disait de lui qu'il est parmi les meilleurs élements de l'équipe Essid.Le commun des mortels voit en lui une figure polittique montante affichant un islamisme version light qui tranche nettement avec les prises de position des ultras du parti. Même si Zied Laadhari joue pleinement ce dernier rôle, la flatterie auquel il a eu droit paraît relever au delà de sa personne, plus d'une stratégie de séduction envers le parti qu'il représente. Quoi qu'il en soit, le ministre de l'emploi et de la formation professionnelle a mis les bouchées doubles depuis sa nomination voilà une bonne année pour engager des programmes porteurs d'espoir aux quelques 600 000 chômeurs. On espérait beaucoup du souffle réformateur qui anime ce jeune ministre qui paraît sensible aux préoccupations des sans emploi et on comptait énormement sur l'ingéniosité des structures concernées pour imaginer et mettre en œuvre des dispositifs d'appui à l'emploi censés remplacer des mécanismes obsolétes qui ont montré leur limite. Sans surprise, il commence par déclarer qu'aucune indemnité de chômage n'est à prévoir. Difficile de le contredire si ce n'est pour verser dans une démagogie stérile. Sur le rôle du ministère, il l'avance clairement: loin d'étre un pourvoyeur d'emplois le ministère ne fait qu'assurer le rapprochement de l'offre et de la demande à travers une action régulatrice et d'accompagnement. Là aussi, il dit vrai mais oublie de préciser que c'est valable dans le cas d'un pays doté d'organismes publics d'emploi bien structurées dsiposant de ressources suffisantes et exercant dans une dynamique du marché de l'emploi. Une bureaucratie paralysante, un professionnalisme approximatif ou encore un déficit de ressources le tout dans un cadre de marché d'emploi structurellement désequilibré exigent,en effet, une approche plus audacieuse et plus volontariste pour s'attaquer à l'épineuse question du chômage. L'annonce, en grande pompe, du programme Frossati, présenté comme un programme novateur censé assister et accompagner les demandeurs d'emploi dans le cadre de leur PPP ( projet personnel professionnel) a fini par anéantir les attentes des demandeurs d'emploi quant à un réel changement de leur situation. Si on a bien compris donc les bénéficiaires de de ce programme auront droit à un accompagnement personnalisé par les conseillers de l'ANETI depuis l'élaboration d'un bilan de compétences, à l'accompagnement pour l'acquisition des compétences complémentaires en recourant aux services de structures de formation dont la sélection,d'ailleurs, a été très approximative en passant par la fourniture,selon les cas, de toutes sortes d'informations sur les concours de la fonction publique, les dispositifs d'appui à l'emploi, les processus dl'estétaion d'entreprises,les opprtunités de placement à l'étranger... Bref il est question, en fonction des compétences propres du candidat à l'emploi, de l'aider à la réalisation de son projet professionnel en intervenant pour adapter ses compétences aux exigences du projet et de lui fournir toutes les informations dont il aura besoin. En soi , l'idée n'a rien de novatrice. Bien au contraire, elle traduit l'acion normale de toute agence d'emploi de par le monde notamment dans les pays développés où la pression du chômage n'est pas trés intense et qui disposent de structures d'emploi fluides dotés d'experts en RH, en insertion professionnelle, en psychologie et d'autres ressources nécessaires à la prestation d'un service de qualité. La simple lecture des caractéristiques du marché de. l'emploi et du contexte socioéconomique en Tunisie, par contre, renforce notre conviction que les opportunités miroitées par le programme Forsatti relevent de la pure utopie. En effet, les agences de l'emploi (ANETI) , bien que géographiquement proches des cibles, ne semblent pas, faute de ressources,en mesure de s'acquitter de la tâche qui leur sera assignée dans le cadre du progarmme Forsatti. Beaucoup de conseillers à l'emploi ont eux mêmes besoin d'un complément de formation et de programmes de renforcement des capacités avant de s'aventurer à conseiller des demandeurs d'emploi non moins égarés. Actuellement des scénes irréelles se passent aux ANETI où la simple demande de renseignement n'est pas satisfaite non pas que les conseillers ne s'y acquittent pas mais plutôt par manque de connaissances. La spécialisation des tâches aussi doit accompagner cette démarche de professionnalisation: le spécialiste de création d'entreprises n'est pas celui de l'insertion professionnelle ni celui du pacement à l'étranger. La logistique enfin risque de ne pas aider beaucoup à inscrire ce programme dans une activité réguliére de l'ANETI sans salles de discussion aménagés, sans un mobilier adéquat, sans l'amabilités et la disponibilité du personnel, le demandeur d'emploi risque de ne pas trop s'enthousiasmer pour suivre réguliérement les séances d'accompagnement. Le plus consternant dans tout ca, c'est l'évaluation sommaire de l'impact de ce projet. En effet, le ministre a tenu de préciser que 50000 bénéficiaires seront concernés par le programme dans un premier temps pour toucher 120000 en seconde phase. Aucune prévision en termes d'aboutissement du processus d'accompagnement,par contre, c'est à dire l'employabilité n'est avancée. Combien de demandeurs parmi les 50000 bénéficiaires vont arriver à concrétiser réellement leur projet professionnel. On ne sait absolument rien. Les demandeurs d'emploi sont-ils convaincus? Comme toujours avec ces programmes, et pour beaucoup d'entre eux, il semble que l'indemnité mensuelle de 100 D constitue la motivation essentielle qui explique l'affluence qu'enregistre le site d'enregistrement du programme. Pour s'en convaincre essayer, sans qu'il y ait une indemnité à verser, de demander à un chômeur de longue date diplômé ou non, que le désespoir commence à ronger,de présenter sa candidature en vue d'une éventuelle sélection pour être accompagné dans son projet professionnel par les employés de l'ANETI. Je vous laisse imaginer la scène. Facile de critiquer toute initiative entreprise sans avancer de propositions concrètes, diront les responsables de l'emploi. Ils ont raison, mais parfois le simple fait d'attirer l'attention sur la difficile application des programmes prévus n'est pas aussi inutile.Cela n'empêche qu'il faut faire de cette démarche de professionalisation des services d'accompagnement des organismes de l'emploi un objectif à moyen terme avec , dès maintenant, un plan ambitieux de renforcement des capacités des conseillers, de mobilisation de ressources suffisantes et un grand travail de communication pour re(?)gagner la confiance des demandeurs d'emploi. Entretemps, il faut innover les dispositifs d'appui à l'emploi simple, incitative et facilement applicable. Le chèque d'emploi, à titre d'exemple, semble ne pas comprendre la réalité éonomique où la majorité d'employeurs , par réflexe défensif, évitent de s'engager à recruter et surtout à titulariser un employé même s'il est formé spécialement pour ce métier et même si une partie des charges salariales est prise en charge. Il faut aussi poursuivre la proposition de programmes de réadaptation professionnelle et de certification capables de valoriser les CV des demandeurs d'emplois. En matière de création d'entreprises, il faut simplifier les procédures,harmoniser l'action d'intervention, créer une seule structure qui sera le vis à vis du porteur du projet, financer les projets de nature comerciale , bref rendre fluide et attractif le processus de création d'entreprises. Ali Gana