Restituer à travers plus 90 entretiens avec sur le terrain avec des acteurs significatifs « l'histoire du soulèvement tunisien 17 décembre 2010 è 14 janvier 2014 » pour analyser la boucle numérique et son impact : Jean-Marc Salmon, sociologue, s'y est essayé dans un ouvrage documenté qu'il vient de publier à Paris. Sous le titre de « 29 jours de révolution », il s'est employé à analyser les six moments forts depuis l'immolation de Bouazizi, jusqu'au départ de Ben Ali, remontant aux évènements du bassin minier de 2008 et observant le rôle catalytique joué par les réseaux sociaux, en l'absence d'une direction de la révolution, de leaders et de textes écrits fondateurs. Il s'attarde particulièrement sur l'architecture underground des cyber-militants, retraçant une cartographie des principaux bloggers avant 2011, et la force de l'oralité et la puissance de l'image, prise dans la rue avec des téléphones portables, postée sur facebook, reprise par les télé et arrosée par les satellites. Jean-Marc Salmon voit dans cette « révolte numérique » un précurseur inédit qui a inauguré le XXIème siècle et servi, si non de modèle, de référence à ce qui se passera par la suite, Place Tahrir au Caire, Takassim, à Istanbul et ailleurs. Enseignant dans une école de télécoms dans la banlieue française, après avoir été pendant sept ans directeur de la Maison du livre français à New York, il est venu à la Tunisie par l'internet, plus que par la révolution elle-même. La lecture du sociologue relève immédiatement l'ampleur de l'émotionnel que véhicule l'image portée sur le Net. Le maillage de la société civile couplée avec les réseaux sociaux produit son effet. L'auteur présentera son livre ce mardi à l'IFT (Tunis) et jeudi à la Maison de France à Sfax.
Interview
29 Jours de révolution Histoire du soulèvement tunisien 17 décembre 2010 è 14 janvier 2014 de Jean-Marc Salmon Editions Les Petits matins, 348 pages, 20 euros
