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Du pathos en politique : le cas de Samia Abbou
Publié dans Leaders le 21 - 11 - 2016

De l'Histoire des femmes, orientales et occidentales, se dégagent deux idées majeures:
* L'importance de l'engagement des femmes dans la politique et le rôle central qu'elles ont joué dans le changement des modes de vie, au niveau de la représentation et des pratiques sociales.
* La difficulté de cet engagement surtout lorsqu'il prend la forme d'une action militante au sein d'un partie ou d'une famille politique. Certes tout militantisme comporte un risque, mais le risque est doublé chez la femme, qui de par son histoire, son statut, et sa mémoire (personnelle et collective) ne peut se positionner sur la scène publique qu'en menant un dur combat contre les idées reçues et contre l'image qu'on a construit d'elle depuis des millénaires. De ce fait, la tentation est plus grande chez elle que chez son homologue masculin de faire de l'opposition le tenant et l'aboutissant de sonengagement. Or toute action qui se fonde sur l'opposition systématique à de l'Autre (sexe, communauté, croyance, parti politique) tourne aufantasme et se traduit par des discours essentialistes, des attitudes impertinentes et une rhétorique inappropriée.
Après un petit moment d'accalmie, le paysage politique tunisien est, de nouveau, plongé dans l'opacité, les discordances, et les interminables discussions. Dans ce paysage, Samia Abbou présente un exemple significatif : la députée est issue d'une famille (dans tous les sens du terme) politique qui a tiré sa légitimité des célèbres NON que Mohamed Abbou et Moncef Marzouki ont opposé au président déchu Ben Ali, et qui continue à exploiter le même filon et à se nourrir du même héritage. Ni le résultat des législatives de 2014, ni le déclin du CPR, son parti d'origine, ne semblent avoir ébranlé la députée, élue pour la seconde fois.
Confiante et bien rentrée dans son rôle, Samia Abbou adopte, depuis quelques temps, la posture du tribun à la parole enflammée et au langage grandiloquent : inflexion de la voix, tonalité, rythme, geste, mimique, regard… Ses interventions dans les discussions parlementaires ressemblent en tout point au discours d'une campagne électorale prononcé dans une place publique.Tous les politiques ont tendance à vouloir tirer profit des espaces de parole qui leur sont offerts. Mais, la grande éloquence de Mme Abbou est saisissante : parce qu'elle verse dans les dérives passionnelles, et perd tout lien avec les lois de la parole politique qui se fonde, par définition, sur la raison,et aussi parce qu'elle nous rappelle sa petite « vision » (qualité fondamentale chez un politicien) et son manque de lucidité.C'est avec la même excitation qu'elle a soutenu les « protecteurs » de la Révolution, prédit l'absence de l'esprit daechien en Tunisie, et collé aux points de vue essentialistes et négateurs de son parti, essentialisme et négativisme qui ont d'ailleurs fatigué les électeurs et causé la déroute du CPR.
Chercher à produire des effets sur l'auditeur, à le persuader par la passion et par la rhétorique du non, peut être rentable à court terme, il semblerait que Mme Abbou monte dans les sondages d'opinion, mais les conséquences de cette pratique sont nuisibles pour la jeune démocratie tunisienne et pour le devenir politique des femmes. Elle réactive les vieux clichés, fragilise leurs voix encore fragiles et donne raison aux sceptiques sur la participation du « deuxième sexe » dans la vie publique. Les dernières apparitions de Mme Abbou ont suscité des remarques sur le flux de paroles hyperboliques et le déchaînement pathétique qui frôle l'hystérie. « Le style c'est l'Homme », dit-on, c'est la « Femme » renchérissent les internautes qui, immédiatement, convoquent les stéréotypes. C'est ainsi que le lien est vite établi entre le « discours » de la députée et la « nature » de la femme, incapable de se maîtriser et manquant de rationalité.
L'Histoire de la Tunisie est celle de ses femmes, « des femmes et demi » a dit le grand Sghaïr OuledHmed. Elles ont toujours bravé l'interdit. Elles ont toujours su percer les murs du silence et de l'exclusion, pour poser leurs voix, et imposer la parole de la liberté et de la différence. Paradoxalement ce souffle semble s'essouffler dans les tribunes de la Tunisie post-révolutionnaire. Les feux de la rampe et la machine des partis risquent de les écarter de la cause initiale et leur fait oublier les normes de tout combat : la politique ne se fait pas par les sentiments et la persuasion n'est jamais loin de la manipulation. Les anciens l'ont bien compris en distinguant l'ethos du pathos. Quant à l'opposition, elle n'est ni une mécanique, ni une stratégie de positionnement, mais un état d'esprit et une vision du monde, nous apprend Bachelard dans La Philosophie du Non.


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