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Mohamed Larbi Bouguerra: Les Philosophes et la guerre des prétendants
Publié dans Leaders le 06 - 06 - 2018

Depuis mardi dernier, le pays « politique » apparaît comme en stand by.
Transpirent malgré tout des tractations enfiévrées, des egos exacerbés, un horizon électoral de 2019 à toutes les sauces. Ce tableau semble constituer l'alpha et l'oméga de nos politiciens….qui, parfois, ont un besoin pressant de partir à l'étranger ! Courageux donc mais pas téméraires !
L'inflation galopante, les naufrages à répétition provoquées par un trop fort « désir d'Occident », les atroces drames de la route à la chaîne, les ingérences étrangères à peine voilées ne provoquent – quand elles en provoquent- que des réactions aseptisées et parfois sibyllines qui laissent le simple citoyen dans le désarroi même quand il sait qu' « en politique, les choses vont toujours mal. » (Régis Debray).
L'hebdomadaire Jeune Afrique n'avance-t-il pas que les manœuvres que l'on observe au sein de l'ISIE cachent un plan destiné à retarder les échéances électorales de 2019 ?
Mais, est-ce ainsi qu'on encourage les jeunes à aller voter?
Est-ce ainsi que l'on compte arrêter ces « meurtres » en haute mer ?
Est-ce ainsi que l'on tord le cou à la corruption ?
Est-ce ainsi que l'on fait de « Ramadan Karim » une réalité alors que les aliments périmés ou avariés et la spéculation tiennent partout le haut du pavé en ce mois saint**?
Guerre des prétendants ?
La situation qui prévaut dans le landernau politique tunisien après le discours de onze minutes de M. Youssef Chahèd semble parfaitement justifier ce mot de Talleyrand - qui sait de quoi il parle, lui qui a servi, sans état d'âme, tant de régimes différents en France- : « La politique, cette conjuration universelle du mensonge contre la vérité » et même cette définition du grand poète allemand Goethe : « La politique, « ce brouillamini d'erreurs et de violences. »
A l'heure où on discute, ad nauseam, de Carthage 2 et du point 64, les palabres se font dans l'ombre jetant le discrédit sur toute la classe politique. Ses membres auraient intérêt à lire – on peut rêver- « La République » de Platon telle que la lit aujourd'hui, le philosophe Alain Badiou.
Socrate s'adresse en effet ainsi aux jeunes : « Si nous trouvons, pour ceux dont le tour est venu d'assurer une part du pouvoir, alors nous aurons la possibilité qu'existe une vraie communauté politique. Car ne viendront au pouvoir que ceux pour qui la richesse n'est pas l'argent, mais ce qui est requis pour le bonheur : la vraie vie, pleine de riches pensées. Si en revanche courent aux affaires publiques des gens affamés d'avantages personnels, des gens convaincus que le pouvoir favorise toujours l'existence et l'extension de la propriété privée, aucune vraie communauté politique n'est possible. Ces gens se battent férocement pour le pouvoir, et cette guerre, où se mélangent passions privées et puissance publique, détruit, avec les prétendants aux fonctions publiques, le pays tout entier. »
Aux jeunes effrayés par cette hideuse perspective, Socrate pose cette question : « Connais-tu une vie capable d'engendrer le mépris du pouvoir et de l'Etat ? » Les jeunes répondent en chœur : « La vie du vrai philosophe, la vie de Socrate ! » Ce dernier réplique : « …Tenons pour acquis qu'il ne faut pas que parviennent au pouvoir ceux qui en sont amoureux. Dans ce cas, nous n'aurons que la guerre des prétendants. Voilà pourquoi il est nécessaire que se consacrent tour à tour à la garde de la communauté politique cette immense masse de gens que je n'hésite pas à déclarer philosophes : des gens désintéressés, instinctivement instruits de ce que peut être le service publique, mais qui savent qu'existent bien d'autres honneurs que ceux qu'on tire de la fréquentation des bureaux de l'Etat, et une vie bien préférable à celle des dirigeants politiques. » (Alain Badiou, « La vraie vie », Fayard, Paris, 2016, p. 12-13)
Socrate le Grec, il y a plus de 2000 ans, semble ainsi donner une feuille de route qui sied aux Tunisiens de Nidaâ, d'Ennahdha et autre Machrou.
Reste à savoir si, dans ces partis, il y a « des philosophes »!
Nous et les ambassadeurs des riches
La politique de la canonnière et du coup d'Agadir de 1911 est-elle jamais morte ?
Le protectorat a-t-il été jamais aboli ?
Certains, semble-t-il, ont la nostalgie de la diplomatie de la Conférence de Berlin (1885) qui a partagé l'Afrique et de celle du Congrès de Vienne en 1815, après la chute de Napoléon.
Après les élections municipales, les Tunisiens ont peu apprécié cette audience du chef du gouvernement accordée à la poignée d'ambassadeurs de pays riches. Venus comme des inspecteurs, des donneurs de leçons ou de maintien, dicter la « bonne voie », celle qui leur convient à eux, aux intérêts de leur pays. Tout le monde connaît cette définition classique : « Un ambassadeur est un honnête homme que l'on envoie mentir à l'étranger pour le bien de son pays. » Même si cela doit ruiner le pays de l'Autre !
Ces ambassadeurs roulent des mécaniques chez nous mais, écrit Serge Halimi, leurs pays sont des « paillassons de Washington » car Trump a « humilié » Mme Merkel, MM. Johnson et Macron. Pour le président américain « Paris, Berlin et Londres ne pèsent pas lourd » quand il s'agit de l'annulation du traité nucléaire avec l'Iran qu'ils ont pourtant signé il y a trois ans. Le super sheriff du monde occidental les menace de représailles commerciales et financières et ils se mettent illico au garde-à-vous. (Le Monde Diplomatique, juin 2018, p. 1)
Du reste, aujourd'hui 5 juin, obéissant aux desiderata de la Maison Blanche, les françaises Total et PSA (Peugeot) se sont retirées d'Iran. Emmanuel Macron avait en effet jeté le gant en déclarant qu'il n'allait pas « sanctionner ou contre-sanctionner des entreprises américaines. » Le Monde (30 mai 2016). En cinq colonnes à la Une, le Monde (30mai 2018) vend la mèche : « Les Européens désarmés face à Trump ».
Cette Europe est roi chez nous mais elle est nue face à Trump.
Pour le Petit Poucet tunisien, ce retour de manivelle est un peu une revanche vis-à-vis de la diplomatie de la canonnière de certains.
Il faut que les Tunisiens se ressaisissent face à toutes les menaces tant endogènes qu'extérieures. Il faut que la société civile mette tout d'abord fin à la guerre des prétendants, « amoureux du pouvoir ». Elle a su le faire comme personne à la Kasbah et au Bardo, pourquoi pas en juin 2018 ?
Mohamed Larbi Bouguerra
** El Alia, a voté à 59,96% aux municipales, pour Ennahda, record absolu pour ce parti dans le gouvernorat de Bizerte (Le Maghreb, 11 mai 2018). Pourtant, on a permis dans cette ville la commercialisation de la viande de vache tuberculeuse et on y a saisi quantité de marchandises avariées. Bien avant la mise au pilori des Tartuffes par Molière au XVIIème siècle, le grand Abou al Alaâ avertissait :
« Si le pratiquant vise la duperie
Avec sa prière,
Celui qui la néglige volontairement


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