Nous vivons aujourd'hui au rythme de la frénésie digitale ! Où le Numérique vit une accélération sans précédent, chaque jour des nouvelles technologies naissent, et chaque jour une innovation chasse une autre! Bien entendu, ces innovations provoquent de profonds bouleversements dans le quotidien de chacun d'entre nous, sociétés et Etats. De nouveaux usages et comportements mais aussi d'autres risques et défis voient le jour en permanence, quelles sont les mesures que nous devons prendre pour être à jour mais aussi pour nous protéger virtuellement et concrètement! Tous ces constats nousamènent à repenser à notre place actuelle et future dans ce monde digitalisé où « toute résistance est inutile»! En effet, le constat du jour c'est que nous parlons de millions de milliards de bits d'informations, le défi de l'avenir est de savoir quoi faire et comment procéder pour que cette masse géante de data reste la propriété du peuple et devient un essor de développement pour le pays. Là nous parlons de souveraineté digitale ! « Cette souveraineté est décrite comme le processus de capitalisation de l'information citoyenne en amont et en aval. Une vision claire de notre prochaine destination en tant que nation s'impose, ça va dépendre avant tout, de notre maîtrise de soi et du degré d'exploitation de ce que nous possédons notre réussite dépend de notre souveraineté! Mais de quelle souveraineté parlons-nous dans un monde digitalisé? » Comme la présentait monsieur Jamel Houas(2). Ces questions et bien d'autres seront débattues durant la table ronde que la Présidence de la République et le Konrad Adenauer Stifftung (KAS) se proposent de tenir les 2 et 3 mai prochain, à Tunis. Deux journées durant lesquelles des experts tunisiens, de la Diaspora ou vivant en Tunisie, s'apprêtent à partager leurs avis, expériences et expertises en particulier autour du thème ‘'Souveraineté et résilience numérique, défis et tendances'' A cet effet, prendront part à cette manifestation de grand intérêt, et en tant qu'intervenants, Dr Nozha Boujemaa (Chief Science and Innovation Officer chez Median Technologies), Dr Sonia Bahri (Conseillère du Président de la Commission Nationale Française pour l'UNESCO), Dr Taoufik Bourgou(3), Dr Naim Ben-Hamida (Director of Hardware Design, AMS ASIC/Canada) et Dr Mehdi Merai (Dataperformer Concordia University Canada), Dr Narjès Bellamine Ben Saoud (Professeur et Directrice de l'Ecole Nationale des Sciences de l'informatique, Université de la Manouba), Dr Kamel Besbes (Professeur et DG du Centre de Recherche en Microélectroniques et Nanotechnologies de Sousse), Dr Mohamed Jmaiel (Professeur et DG du Centre de recherche en Numériques de Sfax), Dr. Jelel Ezzine (Professeur à l'ENIT et coordinateur du Taskforce sur l'Intelligence artificielle), Dr Slim Masmoudi (Pr en psychologie cognitive,Maître de Conférences - Université de Tunis - Tunisie), Madame Zeïneb Ben Ammar Mamlouk (Directrice fondatrice de l'Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis (ESSECT) et ancienne présidente de l'Université de Tunis El Manar (2004-2008), et Monsieur Jamel Haouas. Invités à cette table ronde des représentants du secteur privé, de quelques associations concernées par la thématique et des représentants de ministères tels que, les ministères de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, des technologies de la communication et de l'économie numérique, de l'Industrie et des PME, de développement, de l'investissement et de la coopération internationale, la défense et l'intérieur. De l'avis de tous, Le momentum est parfait pour activer notre potentiel en la matière et pourquoi pas prendre une position de Pioneer régional et effectuer un saut technologique ce qui pourrait constituer une source de revenus bénéfique au pays, dont les ressources sont disponibles (ingénieurs et chercheurs). D'après le Professeur Taoufik Bourgou, «Plus que le dispositif en lui-même, la détention et la localisation de moyens de stockage et de traitement des informations et des données constitue d'ores et déjà un secteur économique à forte valeur. Il mêle à la fois la capacité à construire des systèmes de stockage, le génie logiciel pour le traitement, mais surtout des activités de services permettant de réduire le «time to data» au profit de clients, leur permettant ainsi de disposer d'un retraitement et d'une exploitation des données.» Ce secteur embrasse tous les aspects économiques, toutes les filières industrielles, mais aussi la captation de données qui peuvent avoir une importance cruciale pour la sécurité nationale d'un pays. Ne plus être en mesure de sécuriser ses propres données, de les traiter au niveau national, c'est s'exposer à une perte de souveraineté économique aux conséquences qui pourraient se comparer à celle d'une perte de ressources stratégiques. «Un pays qui néglige ses réseaux ainsi que sa politique de sécurisation des données, de leur stockage et de leur exploitation est à terme condamné à une dépendance comparable à la perte de son territoire géographique. La localisation de capacités de stockage et de traitement dans un espace national procure une position économique et sécuritaire de premier plan.» Rappelle-t-il. Cependant, la «géopolitique du big data» comme la géopolitique de l'internet montre que les pays les plus avancés scientifiquement concentreront les moyens et les capacités de big data et seraient en mesure de disposer d'un avantage concurrentiel majeur par rapport à d'autres. Le Monde Arabe, l'Afrique, mais aussi de pans entiers de l'Europe sont dans la «pénombre» technologique dans ce domaine hautement névralgique. Le prochain défi pour l'ensemble des pays sera au-delà de la l'économie du big data, la capacité à entrer dans le cercle fermé des pays disposant de moyens humains et techniques permettant ce saut qualitatif dans un secteur à la fois prometteur et stratégique. D'après le Professeur Taoufik Bourgou, «On l'aura compris, il s'agit d'un domaine dual: d'une part, il permet un saut qualitatif pour l'économie et autorise le passage à une économie de service de très haut niveau. Mais le domaine est névralgique pour la sécurité nationale. Le croisement de données et de supports permet d'analyser, d'anticiper, de cerner les failles d'une territorialisation, d'un espace géographique et /ou économique, permettant ainsi, de faire émerger depuis un socle géographique, des failles, des faiblesses ou les atouts d'un territoire économique ou d'un dispositif sécuritaire. Le croisement entre les données géographiques, urbanistiques, démographiques et sécuritaires est rendu possible par la puissance de stockage, de calcul et de prédictibilités des systèmes.» Ces défis et ces atouts et bien d'autres afférents que la table ronde des 2 et 3 Mai ambitionne de soulever. Kamel Akrout(1) (1) Contre-Amiral Kamel Akrout, Conseiller principal auprès du Président de la République chargé de la Sécurité Nationale. (2) Jamel Haouas, Enseignant universitaire (université Esprit )& Consultant Senior en Data intelligence Ayant 10 ans d'expérience avec des organisations et des FMN tel que le PNUD et Petrofac.LTD. MBA in Marketing – International University in Geneva– Business School (3) Le Professeur Taoufik Bourgou, HDR en science politique. Université de Lyon et Sciences Po Lyon. Chercheur au CERDAP2. Chargé d'enseignements à l'Ecole Supérieure de Guerre. Prochain ouvrage Risques et réseaux. Regards de la géopolitique.
