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Dr Hamouda Ben Slama: Cette transition qui ne finit pas : certitudes et incertitudes…
Publié dans Leaders le 19 - 04 - 2019

La transition démocratique en Tunisie, qui devait (et aurait pu) ne pas dépasser un temps raisonnable, n'arrête pas de durer.
Notre pays aurait pu réussir sa révolution et vivre un véritable printemps depuis ce vendredi mémorable du 14 janvier 2011 si ses élites avaient su en faire une révolution culturelle. Car les révolutions qui ne transcendent pas, qui ne riment pas avec raison, deviennent rapidement contre-productives et font même le lit de la contre révolution…
Souvenez vous de l'immense ferveur populaire qui a accompagné, il y a huit ans, les premiers pas de cette révolution; le tunisien était miraculeusement redevenu plus fraternel, souriant, tolérant, plus ‘sociable', comme s'il s'était enfin réconcilié avec lui-même, avec l'espoir; l'espoir d'une vie meilleure.
Mais le miracle n'a pas duré longtemps. Le quotidien difficile et la dure réalité sociale et économique ont rapidement repris le dessus. Le taux de pauvreté reste tenace, et qui plus est, la classe moyenne, pilier habituel de la stabilité et du dynamisme de la nation, s'appauvrit et se paupérise de jour en jour à l'image du dinar qui s'est gravement déprécié.
Au point que les nostalgiques du despotisme d'hier, en quête d'une nouvelle virginité, se sont mis à surfer sur la vague du mécontentement et du désenchantement qui gagnent de plus en plus de terrain auprès de larges franges de la population, y compris auprès de quelques élites. A ceux là il serait utile de rappeler qu'une révolution a bien eu lieu en Tunisie, même si elle peine à en tirer des dividendes et à mettre le pays à l'abri de la contre révolution!
C'est que les nouveaux décideurs ainsi que les opposants se sont rapidement embourbés dans les méandres d'une transition laborieuse et chaotique. Cela a rendu difficile le passage d'un pouvoir despotique vers le régime démocratique tant désiré mais ouvert à tous les vents contraires véhiculant exigences, contraintes et contradictions.
Huit gouvernements en huit ans, sept chefs de gouvernements issus des différentes et principales familles politiques se sont succédés. Aucun de ces gouvernements n'a su concilier le souffle novateur induit par la chute des symboles du pouvoir despotique d'une part et la nécessaire préservation des acquis et apports de 50 ans de post indépendance et d'édification de l'Etat moderne d'autre part.
Les trois présidences peinent à assumer pleinement leurs prérogatives, se neutralisent, se télescopent; les performances des trois réunies, y compris au temps de la Troika, n'ont pas pu jusqu'à maintenant atteindre et égaler l'efficacité d'une seule présidence effective nonobstant les dérives et les tentations autoritaires qui ont souvent par le passé, et depuis l'indépendance, parasité la bonne marche des affaires de l'Etat.
Le produit fini du développement politique du pays est décevant et en deçà des attentes : incurie et lenteur dans le travail législatif; Cour constitutionnelle en gestation laborieuse voire impossible depuis plus de quatre ans; pouvoir judiciaire à la recherche de son indépendance et de sa probité ; lourdeurs et conflits au sein des instances de régulation ; code électoral décrié et en décalage avec la véritable représentativité ; pouvoir local toujours à la peine et à la traine du pouvoir central ; etc …
Le résultat, mauvais résultat, c'est que cette inefficacité du politique est responsable en grande partie de la déstabilisation économique et sociale et de la dégradation inquiétante de l'état des finances extérieures, grande plaie béante ouverte à tous les risques et qui ne peut plus se contenter de remèdes populistes et électoralistes de façade …
Certitudes et incertitudes impactent lourdement la situation actuelle et à venir, non seulement économique et financière, mais aussi politique et sociale dans une interactivité en tous sens .
Trois certitudes, parmi tant d'autres, se dégagent
1- Première certitude; les formes pernicieuses de dysfonctionnement du système économique prolifèrent et persistent : corruption, contrebande, spéculation, réseaux de distribution mafieux, commerce parallèle, économie parallèle et souterraine, évasion fiscale, « évasion de change » .
Ces phénomènes ne sont pas nouveaux, ni spécifiques à la Tunisie.
Cependant la « dose » actuelle est inédite ; l'Etat semble impuissant face à un puissant système qui affecte gravement les mécanismes de l'économie formelle/codifiée et globalement repérable. En face le système légal se trouve ainsi pris en otage, marginalisé et « déprécié », subissant par la suite les effets insoutenables de la dépréciation du dinar et de l'hyperinflation. Ce noyautage produit des dysfonctionnements induits dans les circuits de l'épargne et de l'investissement, donc de la croissance et de la création d'emplois formalisés/organisés et productifs .
D'autant que même le système légal n'est pas à cet égard exempt de critiques et dont des franges non négligeables préfèrent ‘investir' dans les activités et projets spéculatifs plutôt que dans l'économie réellement productive et créatrice de richesses, et quand ils ne sont pas peu ou prou de mèche avec le système parallèle!
Un système politique dénué de la capacité de prendre à temps la décision adéquate et d'exercer fermement la contrainte d'Etat dans ses formes ultimes ne pourra pas freiner significativement ces dérives .
Tant il est vrai que la crédibilité de l'Etat, qui a le monopole de l'usage de la force publique, s'évalue à l'aune de son aptitude effective à appliquer les sanctions qui s'y rapportent. Cette aptitude et cette volonté font cruellement défaut dans le système actuel en Tunisie.
Cette question est éludée et sous évaluée par toutes les parties prenantes, et reléguée au stade des incantations sans conséquences et des replis illusoires sur les vertus supposées du « dialogue/tawafok » sans fin et sans résultats tangibles!!!
Une certitude : le rétablissement de l'Etat de Droit n'est pas prévisible avant la fin 2019 !!.
2- Deuxième certitude; comme corollaire, la montée et la multiplication des tensions sociales de nature corporatiste et régionale, s'intensifient et s'apparentent à un phénomène de boule de neige.
Ce phénomène trouve écho auprès d'un acteur majeur, aujourd'hui dominant, incontournable mais dont la direction actuelle, prisonnière de schémas de développement éculés, a de plus en plus tendance à voir rouge là où il faudrait plutôt voir clair et à user d'un certain autoritarisme induit notamment par la faiblesse actuelle de l'Etat: l'UGTT.
La réalité, la triste réalité, c'est que les gouvernements successifs depuis la révolution, et notamment l'actuel, tentent d'acheter la paix sociale (ou plutôt le maintien en place) à n'importe quel prix, fusse à crédit et en défaut de solvabilité ! En contrepartie ils n'ont à ce jour ni la paix sociale ni de quoi faire face aux engagements qu'ils prennent auprès d'interlocuteurs de plus en plus pressants , de plus en plus sûrs de leur pouvoir et de la faiblesse d'en face.
Cet état de fait est patent; le climat des affaires et l'environnement socio-économique actuels s'en ressentent qui ne sont pas encore propices à l'investissement et à la relance de la croissance. Une certitude: les régulations/ajustements en la matière resteront limitées sur le court terme tant que le rythme de cette croissance n'aura pas dépassé les 5% par an.
3- Troisième certitude; Un petit pays largement ouvert sur l'extérieur tel que la Tunisie ne peut échapper aux contraintes de financement extérieur.
Ces contraintes sont aggravées par le déséquilibre flagrant entre l'ampleur de la demande sociale (catégories socio-économiques, régions...) et les ressources bien limitées du pays. D'autant que ces ressources sont souvent vouées à la pire des déperditions par suite de « l'auto destruction » des potentialités de production et d'exportation.
La dérive intolérable et le blocage incompréhensible du secteur du phosphate depuis huit ans en sont une des malheureuses illustrations.
Plus grave encore ; même si le FMI et les organisations internationales renonçaient à toutes leurs conditions dans leurs relations avec la Tunisie, le système économique, hypothéqué par les contraintes de l'auto-mutilation, est voué à terme à un effondrement inéluctable si la barre ne se redresse pas dans l'immédiat et si le timonier ne sort pas de sa torpeur.
Face à ces certitudes la liste des incertitudes à caractère aléatoire est longue qui grève le court et le moyen terme; les principales incertitudes, en termes essentiellement d'interrogations, sont:
1- Toujours à propos des difficultés économiques et financières, l'incertitude pèse encore à ce jour quant au sort du plan d'action pour faire sortir la Tunisie de la fameuse liste noire du Groupe d'action financière (Gafi). les conflits, pour des raisons essentiellement électoralistes, entre une partie de la classe politique et sociale et le camp du chef du gouvernement, sont derrière la persistance du blocage qui risque de compromettre l'échéancier libérateur.
2- Les prochaines échéances électorales, prévues et annoncées pour le quatrième trimestre de l'année en cours auront-elles lieu ? et si elles auraient lieu seront-elles des élections transparentes et à l'abri des habituelles dérives, notamment en matière de financement illicite…?
Le conflit qui perdure entre la présidence de la République et celle du gouvernement d'une part et entre celle là et Ennahdha en tant que parti politique dominant d'autre part, pourrait amener, si le rapport des forces en présence reste en l'état, au report de ces élections d'un ou de deux ans . Cette éventualité, qui n'est malheureusement pas à écarter, permettrait au locataire actuel du Palais de Carthage de rester en poste sans passer par de nouvelles élections qui pourraient s'avérer problématiques pour lui. Ce report arrangerait surtout les affaires de son entourage et de ceux dont l'existence et le poids politiques sont tributaires de la personne et de l'aura de l'actuel chef de l'Etat…
3- Et si ces élections se dérouleraient comme annoncé, seraient-elles identiques à celles de 2014 avec son lot d'irrégularités engendrées notamment par l'intrusion de l'argent « propre » et sale injecté de l'extérieur comme de l'intérieur, le poids de plus en plus pesant des lobbies et des ‘affairistes' et l'incapacité manifeste de l'ISIE à anticiper et sanctionner les dépassements comme d'habitude !?
Ces mauvaises habitudes seraient-elles maitrisées et dépassées en 2019 et quels mécanismes nouveaux permettraient d'endiguer ces tentations et ces déviances qui affectent gravement la crédibilité des élections et dévalorisent le bulletin de vote au point de présager déjà d'une désaffection record, notamment chez l'électorat jeune!?... L'incertitude planera à cet égard tant que la Cour constitutionnelle ne sera pas opérationnelle et il ne semble pas qu'elle verrait le jour avant la fin de l'actuelle législature!
4- Toujours à propos de législature, une foire d'empoigne s'est emparée récemment du Parlement où tout serait prétexte, non pas à mettre à profit les quelques mois qui séparent des élections à accélérer l'adoption de lois importantes en attente, mais plutôt à servir de cadre à des luttes et des confrontations inter partisanes qui s'exacerbent à mesure que les élections approchent. Ce cadre est inapproprié et ce qui s'y passe ajoute aux incertitudes ambiantes. Ces tensions sont aussi pour ne pas dire souvent intra partisanes ; l'exemple à méditer (mais non à suivre) à cet effet est celui de Nidaa Tounès qui restera un malheureux cas d'école!... Cette situation est préjudiciable à l'état de santé du pluripartisme qui reste malgré tout la pierre angulaire de tout exercice démocratique.
5- A supposer que les prochaines échéances électorales se déroulent dans les délais impartis et dans des conditions normales, quid du paysage politique post électoral? En l'absence de changements notables du Code électoral tel que fort justement préconisés par de nombreux constitutionnalistes, ce paysage semble se dessiner identique à l'actuel, même en cas d'adoption d'un seuil électoral. Auquel cas l'incertitude persiste quant à savoir si, pour gouverner, les alliances rééditeront l'habituel « dialogue/tawafok » entre des alliés qui se supportent mais qui ne s'aiment pas . La transition risque alors de perdurer au moins cinq ans encore sauf si le parti politique qui arrive en tête des législatives prend le risque de gouverner seul ou s'allie à cet effet avec ceux auquel il s'apparente idéologiquement; le risque est certain mais s'il est accepté et contrôlé il n'engendrera pas que des inconvénients. Il aura au moins le mérite de la clarté et de l'exercice responsable de la règle majorité-minorité propre à toute vie démocratique…
Il n'en reste pas moins que dans les deux cas de figure, il n'est pas exclu que le risque de l'incurie dans l'un et celui de l'instabilité dans l'autre ne grèvent la bonne marche du pays pour quelque temps encore!
6- La transition risque aussi de perdurer dans l'incertitude tant que le dossier de la justice transitionnelle restera en l'état c'est-à-dire écartelé entre deux types de contraintes .
l'un a trait à l'obligation faite au pouvoir législatif (et en partie au pouvoir exécutif) de dépasser le blocage actuel et de veiller à la bonne exécution (et dans les délais impartis) de ce qui reste comme étapes du processus de la justice transitionnelle tel que prévu et défini par la Constitution.
L'autre reste lié aux tensions et clivages engendrés par l'atmosphère conflictuelle qui a perturbé, depuis pratiquement le début de sa mise en route, la bonne marche du processus, et notamment les travaux et les conclusions de l'instance en charge.
Pourtant ce processus, hélas inachevé, pourrait être un facteur de concorde et de réconciliation ; celles qui prôneraient la véritable unité nationale, tenant compte de la diversité et de la pluralité des composantes de la nation (et non celle, discordante, à relents totalitaires et que des politicards désabusés sortent parfois de leur chapeau usé)…
7- Pour clore le chapitre des incertitudes, on ne peut occulter l'une des plus importantes incertitudes; celle qui a trait à l'environnement régional et géopolitique dans lequel baigne et évolue la Tunisie et qui relativise sa véritable dimension et sa situation intérieure en rapport avec celles de ses voisins et de ses partenaires régionaux.
Les grandes préoccupations communes telles que la libre circulation et les mouvements des biens et des personnes, les défis et les dérives de l'émigration, la guerre au terrorisme, la lutte contre la corruption et le blanchiment, etc… s'imposent à tous, à nous inévitablement bien que la classe politique tunisienne ait tendance à se complaire dans un nombrilisme désuet comme si l'univers de la Tunisie s'arrête à ses frontières! Nos deux voisins et partenaires stratégiques, l'Algérie et la Libye sont en pleine mutation et en grande effervescence où se mêlent des dangers, des débordements, des conflits, des peurs mais aussi et surtout des défis et des espérances. Ce qui s'y passe nous intéresse évidemment dans la mesure où une communauté de destins et d'intérêts stratégiques nous lie à nos frères algériens et libyens.
On pourrait me reprocher d'avoir construit cette réflexion en me basant uniquement sur la moitié vide du verre et d'en avoir occulté la moitié pleine.
Il est vrai que l'exercice de plusieurs libertés, notamment celle de l'information, et dont nous étions privés avant la révolution est à mettre à l'acquis des huit dernières années ; il est vrai aussi que la comparaison de la Tunisie avec la situation actuelle en Libye, Yémen, Irak, Syrie et l'Egypte est en notre faveur ; il est vrai aussi que les performances de plusieurs secteurs économiques s'améliorent..
Les laudateurs et les thuriféraires de tous bords, fidèles courtisans des pouvoirs en place (de n'importe quel pouvoir), ne manquent pas qui pourraient mieux que quiconque magnifier cette moitié pleine du verre et bien se faire voir de leur géniteurs ou de leurs bienfaiteurs.
Mon propos est autre et ailleurs ; ce qui interpelle et inquiète c'est cette moitié vide du verre ; elle menace à terme de vider tout le verre, de compromettre et d'hypothéquer le présent et surtout l'avenir de plusieurs générations, celles de nos enfants et de nos petits enfants.
Emile Zola dans sa célèbre Lettre à la jeunesse a écrit en 1897: « Qui se lèvera pour exiger que justice soit faite, si ce n'est toi qui n'es pas dans nos luttes d'intérêts et de personnes, qui n'es encore engagée ni compromise dans aucune affaire louche, qui peux parler haut, en toute pureté et en toute bonne foi! » .
Paraphrasant Zola, je dirais pour conclure cette réflexion inquiète et douloureuse qui pourrait rappeler « une ode à une jeunesse perdue » : qui d'autres que des irréductibles chevillés aux racines de ce beau pays se lèveront pour que le bien être des générations actuelles et futures ne soit pas confisqué ni hypothéqué ; qu'elles ne soient pas et ne restent pas condamnées au seul choix entre la peste et le choléra : entre le despotisme et l'incurie?!
Le rêve démocratique, seul refuge et remède contre l'un et l'autre, risque, à défaut de le vivre en état d'éveil et de vigilance, de rester chimères et même de virer au cauchemar…


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