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Boujemaa Remili: La Tunisie abandonnée par ses amis
Publié dans Leaders le 21 - 05 - 2019

Comme sont loin de nous aujourd'hui les belles images de la stand-up ovation du Sénat américain en hommage à la révolution porteuse d'espoir, de justice sociale et de démocratie de la Tunisie et, un peu plus tard, celle du prix Nobel de la paix, pour l'exceptionnel succès de sa transition pacifique. Cela a été également suivi par l'invitation à maintes reprises de son Président Caïd Essebsi aux clubs fermés des G7, G8 et autre G20, en tant que marque de solidarité, de sympathie et d'appui à la révolution extraordinaire, si porteuse de valeurs positives en direction d'un monde arabe et musulman si enlisé dans les méandres d'une modernisation qui n'arrête pas de s'engluer dans les blocages de la peur, la manipulation et l'autoritarisme.
En harmonie avec ces prémices de prédisposition internationale d'accueil très favorable à leur révolution, les Tunisiens ont vibré à l'unisson pour l'ouverture sur le monde de la fraternisation, la paix et la tolérance, jouant à fond la carte de l'adhésion au projet de la liberté, les droits de l'homme et de la réduction de toute forme de discrimination sociale, régionale, de conviction religieuse ou de choix de vie personnel.
Toutefois, il était clair qu'autant la révolution était belle autant son chemin était critique, vu le passage à vide en vue qui se profilait, entre un ancien ordre qui s'est écroulé et un nouvel ordre, inimaginable jusque-là, qui allait obligatoirement prendre le temps d'une ou deux décennies pour se mettre en place, tellement les anciens réflexes sont gravés dans la pierre et tellement les nouveaux enjeux sont en rupture avec la culture de l'autoritarisme et de l'accaparement de tout et avec toute sorte de subterfuges.
Or, la révolution tunisienne, appelée à juste titre ‘Révolution de la Dignité', a été certes porteuse d'aspiration à une meilleure gouvernance mais aussi de fin des privilèges, des inégalités, de la pauvreté, du chômage, de l'exclusion et de la misère. Il fallait donc qu'il y ait la double réponse politique et socioéconomique, alors que, si sur le plan de la démocratie et la bonne gouvernance l'on peut affirmer que les travaux de la reconstruction ont été engagés, non sans difficultés, pour le volet social et économique, ce n'est pas seulement l'absence de progression mais c'est le recul net qui a été engrangé. Avec la plus terrible conséquence qu'il puisse y avoir pour une révolution, celle de sa remise en question par le même peuple qui l'a portée si haut et qui est maintenant tenté, aidé en-cela par d'habiles manipulateurs, non seulement de la rejeter mais pire encore, d'appeler au retour de ceux qui ont été à l'origine du détournement du beau projet de l'édification nationale, de la justice sociale et de la promotion de l'homme tunisien par l'instruction, le bien-être, le travail, la culture et la liberté.
Face au drame du risque d'effondrement d'un si magnifique projet, aux conséquences régionales et internationales si prometteuses, les amis et la Tunisie, l'Europe et les Etats-Unis, se sont très vite repliés sur leurs réflexes de boutiquiers, en confiant l'appui économique et financier de toute une révolution à l'honnête gendarme de surveillance des balances de paiement qu'est le FMI, dont le strict rôle qu'il ne peut absolument s'en départir, est de protéger les prêteurs des risques provenant des emprunteurs. Pire, le FMI dont le rôle est strictement d'avertisseur antidérive financière, outrepasse ses compétences, pour s'ériger en développeur, donneur de directives en matière de politiques économiques et sociales et de ‘réformes'. Par ailleurs, cet organisme, respectable par ailleurs quant à la mission dont il est chargé par toutes les Nations membres, n'est outillé que pour les ‘crises de déviation de modèle' et non pas de ‘rupture de modèle' et se trouve ainsi complètement démuni face à des situations de type révolutionnaire impliquant la triple dimension politique, institutionnelle et développementaliste.
Or, le traitement économique et financier de la crise tunisienne, qui perdure en s'aggravant depuis bientôt neuf ans, ne peut être que d'ordre politique, dans le sens complet et profond du terme. En effet la crise n'a fait que reproduire et amplifier un état latent, hérité du pouvoir d'avant-révolution, qui a mis en place un système très ancré de jeu de prestidigitation, avec une somme incalculable de déficits inter-compensatoires, ceux du budget de l'Etat, du budget des ménages, celui des entreprises et des banques publiques, des caisses de sécurité sociale et de l'ensemble du dispositif de financement de la santé, le tout avec une manipulation extrêmement alambiquée des prix et des transferts financiers, de telle manière que la ‘réforme',aujourd'hui tellement annoncée mais constamment maintenue en échec, ne peut être que globale, profonde et progressive, dansun contexte très défavorable d'effondrement de la production et de tension financière persistante dans sa dérive.
L'approche complètement inadaptée de traitement d'une situation de rupture profonde avec des instruments de colmatage ordinaires est à l'origine de la descente aux enfers actuellement vécue par l'économie tunisienne, avec l'absence du moindre horizon de sortie, ce qui ne fait que davantage corser les difficultés à cause des signaux clairement perçus par l'ensemble des acteurs que la situation n'est pas dans la bonne voie.
L'unique solution à un pareil engrenage est de briser la chaine de la dégradation et la chute inéluctable en l'absence du traitement qui convient, en dotant l'Etat des moyens lui permettant non seulement de se dégager des ‘déficits de reproduction aggravante du déficit',mais aussi d'initier en même temps le dégagement de tous les autres organismes publics et sociaux englués dans le même bourbier et sans aucun espoir de sortie.
Une telle solution passe par l'octroi d'un crédit consistant et direct au budget de l'Etat de l'ordre de 15 Milliards de dollars,qui correspond à ce qu'a perdu ledit budget au niveau de ses ressources propres pendant les 9 années de 2011 à 2019, sur une période suffisamment longue de l'ordre de 15 ans et avec un taux d'intérêt très faible, proche de celui de l'inflation en Europe et aux Etats-Unis inférieure à 3%. Cette mesure aura l'immense avantage d'amorcer une sortie de la fermeture hermétique actuelle quant à la moindre sortie du tunnel.
L'appui à la requête tunisienne d'appui auprès de ses amis est un dossier de réformes, qui ne doit avoir aucun relent d'interventionnisme extérieur, en étant l'émanation d'un accord national social et politique tel qu'il puisse générer un réel soutien national au gouvernement qui aura la charge de la mise en œuvre.
La difficulté d'élaboration d'un tel dossier n'est pas la plus importante concernant chaque secteur ou politique publique pris à part, parce que les Tunisiens disposent de l'expérience et la compétence nécessaires et prouvées pour ‘fabriquer du développement', la difficulté, non insurmontable, est dans la mise en cohérence, la priorisation et la progressivité de l'ensemble du dossier, afin de sortir sans trop de heurts de l'énorme masse de dysfonctionnements et évoluer avec le plus d'assurance et le moins de risque sur la voie de la rénovation.
Incontestablement c'est Thomas L Friedman célèbre éditorialiste du New York Times qui a exprimé le mieux l'absurdité du comportement d'‘amis' de la Tunisie comme les USA, qui dépensent annuellement 45 Milliards de dollars par an et ce depuis 17 ans pour asseoir une démocratie en Afghanistan, sans résultat, alors que pour la démocratie tunisienne, qui est à l'œuvre, même si c'est sans difficultés, leur contribution n'a été que d'une dérisoire aide de 1 Milliard de dollars. L'UE a fait également certains efforts mais jamais dans le volume et à l'endroit qu'il faut et pour obtenir l'effet demandé.
Les conséquences de l'abandon de la Tunisie par ses amis sont incalculables. L'échec du processus démocratique, parce que piégé par la question socioéconomique, sera un revers pour les forces de la démocratie, la tolérance et la paix et un encouragement à ceux qui agissent en Syrie, Irak, Yemen, Libye, Tchad, Niger, Nigeria, Mali et ailleurs, y compris en Europe et aux USA, pour que triomphent la régression et la recherche désespérée et manipulatrice de solutions dans les dogmes figés et stériles quant à la solution au sous-développement, dont le seul horizon, pour des millions de jeunes, est d'aller se jeter dans la méditerranée,en désespoir de cause etdans l'espoir chimérique de rejoindre une Europe qui n'arrête pas de se fragiliser par précisément la montée fulgurante des populismes qui surfent sur la vague de la migration et de la sécurité.


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