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Mohamed Larbi Bouguerra: Les convulsions de l'unique démocratie du Moyen-Orient, ses talibans et son videur de boite de nuit
Publié dans Leaders le 31 - 05 - 2019

Cuisant échec pour Benjamin Netanyahou qui n'est donc pas arrivé à former un gouvernement et a provoqué la dissolution du parlement israélien. Malgré le soutien de Trump qui déclarait en ces heures critiques pour son poulain : « En espérant que ça marche pour la formation de la coalition en Israël et que Bibi et moi pourrons continuer à rendre plus forte que jamais l'alliance entre l'Amérique et Israël. »
La conférence du « deal du siècle » du gendre de Trump, Jared Kushner, que Bahreïn a accepté d'accueillir sans rougir pour traiter (ou enterrer ?) la question palestinienne vue à travers les tweets trumpistes, est ainsi bien mal partie ! Israël n'aura pas un nouveau gouvernement avant l'automne et Trump va être aspiré par sa propre campagne de réélection, ce qui fait dire à Saeb Erekat, le grand négociateur palestinien : « Maintenant, il s'agit du deal du siècle prochain. »
Un premier ministre aux abois
Pour échapper à la justice qui l'accuse de « corruption », de « fraude » et d'« abus de confiance », - et qui doit l'entendre en octobre - Netanyahou a tout fait pour décrocher un nouveau mandat et à concocté une loi pour se faire absoudre. Raté !
Au lendemain des élections du 9 avril, il parlait de « victoire éclatante » et de « succès sans précédent ». Mais son parti de droite, le Likoud, n'avait remporté que 35 sièges sur les 120 que compte le parlement israélien. Deux partis ultra-orthodoxes, férocement anti-palestiniens, le Shas et Yahadout HaTorah, ont remporté chacun huit sièges alors que Koulanou, le parti de centre droit, en a obtenu quatre et l'Union des partis de droite, cinq. Ensemble, ces formations réactionnaires sionistes ne disposent donc que de 60 députés. Pour s'assurer une majorité, Netanyahou a donc besoin des voix du parti laïque de droite, Yisraël Beytenou, dirigé par le sulfureux russophone d'origine moldave Avigdor Lieberman - ex-ministre de la Défense démissionnaire car jugeant Netanyahou pas assez agressif vis-à-vis de Gaza - et de ses cinq sièges (4% des voix).
Seul problème - mais de taille - Netanyahou doit satisfaire les desiderata de chacun. Habitué au grand écart et à tous les crocs en jambes de la politique israélienne, le Premier Ministre a pourtant échoué à réaliser la quadrature du cercle : faire cohabiter au sein de son cabinet des hommes et des partis unis par une même haine des Palestiniens, convaincus de la justesse du sionisme, défenseurs de la colonisation et de l'occupation. Tout ce joli monde, raciste et convaincu de sa supériorité par la grâce de la Torah, tente de capitaliser au maximum ses prétentions pour avoir barre sur l'avenir et asseoir son pouvoir.
Un obstacle de taille se dresse sur le chemin de tous ces politicards : une loi qui vise à rendre le service militaire obligatoire pour les haredim, les étudiants en religion des yeshivas - en fait des talibans, ayant l'intention d'imposer un Etat officiellement théocratique et une vision de la femme qui n'a rien à envier à celle d'autres fanatiques. Lieberman tient à l'adoption de cette loi par la Knesset sinon il ne donnera pas ses cinq voix au gouvernement malgré le fait qu'il est assuré d'avoir le portefeuille de la Défense « pour casser de l'Arabe » à volonté. Les partis religieux ne l'entendent pas de cette oreille et veulent amender cette loi. Mais Lieberman veut « un gouvernement de droite et non un gouvernement de la halaka. » Le New York Times (29 mai 2019) confirme ces propos, rapportant que Lieberman a écrit sur sa page Facebook : « Je suis pour un Etat juif mais je suis contre un Etat fondé sur la loi religieuse juive. » Lieberman en chevalier blanc de la liberté religieuse fait rire aussi bien en Israël que chez les juifs américains, affirme le quotidien.
Un député arabe se paye la tête de netanyahou
La quête fiévreuse de Netanyahou pour mettre sur pied un gouvernement qui lui permettrait d'échapper aux tribunaux, a poussé le député arabo-palestinien Ayman Odeh à la Knesset (chef du Parti Hadash) à se moquer ouvertement de ses efforts en déclarant lors du vote de dissolution : « Je m'excuse de ne pas m'être exprimé plus tôt, chers collègues….. Il y a sept minutes, le Premier Ministre Benjamin Netanyahou m'a parlé, il m'a dit qu'il est désireux de se retirer des territoires occupés et d'annuler la loi sur l'Etat-Nation et qu'il est en faveur non seulement de l'égalité civile mais aussi de l'égalité nationale. Il m'a assuré qu'il veut reconnaître la Nakba et corriger les erreurs historiques - à condition que je vote la loi sur l'immunité. » (Haaretz, 29 mai 2019) Bien entendu, les membres de la Knesset ont éclaté de rire face à cette annonce car si Netanyahou est à mille lieues de faire de telles déclarations en faveur des Palestiniens, que dire alors de Lieberman, son tombeur ? Ce dernier connaît bien le Premier Ministre dont il a été le chef de cabinet et avec lequel il a rompu, jugeant sa politique trop conciliante vis-à-vis des Palestiniens.
Lieberman, sauveur d'Israël?
En fait, si la moitié des Israéliens hait Netanyahou, ce n'est ni pour sa politique ni pour ses prises de positions. C'est, dit Gideon Levy (Haartez 29 mai 2019), pour « son style de vie et ses efforts imbéciles d'échapper à la justice. »
Or, Lieberman qui vient de faire mordre la poussière à Bibi Netanyahou n'est pas un ange ni un défenseur de la démocratie et de la politique propre… lui, l'ancien videur de boîte de nuit. « C'est le plus hideux et le plus répugnant des bandits de la politique. Il risque de nous faire regretter Netanyahou ! » assène Lévy.
Pour Levy, le parti de Lieberman, Yisraël Beytanou, est un parti bien plus pourri et bien moins démocratique que le Likoud de Netanyahou. Lieberman est un criminel reconnu coupable d'agression. C'est un cynique et un arrogant de la pire espèce. C'est un bandit des grands chemins face auquel Netanyahou serait « Mère Térésa » ironise Gideon Levy.
Trêve de plaisanteries!
Lieberman est pour le transfert et l'expulsion des Palestiniens. Il proposait, un temps, deux Etats ethniquement homogènes, et il envisageait des échanges de terres obligatoires pour assurer la majorité au peuple élu ; lui qui est arrivé de Moldavie en Palestine en 1978 en ayant changé de prénom passant de Lvovitch et Evik (ou Evit, on ne sait, dit Wikipedia !) à Avigdor ! Il a fait plusieurs fois le coup de main face à des étudiants palestiniens. Il fonde sa carrière politique sur les russophones établis en Israël, patchwork d'origines et de langues. A la Knesset, il attaquait régulièrement les députés arabes, notamment Hanèn Zoabi. Il a voulu imposer aux Arabes d'Israël un serment de loyauté pour l'obtention de la citoyenneté. Il est partisan de la peine de mort pour les résistants palestiniens, des « terroristes » pour lui. Le 10 mars 2015, lors d'un meeting électoral, il a éructé : « Ceux qui sont de notre côté méritent beaucoup, mais ceux qui sont contre nous méritent de se faire décapiter à la hache. »
De plus, Lieberman est un colon qui vit en Cisjordanie, dans la colonie de Nokdim. Ariel Sharon l'avait exclu du gouvernement car il s'opposait au retrait israélien de Gaza. Avec sa brutalité naturelle, il a menacé l'Egypte de bombarder le barrage d'Assouan et voudrait assassiner Ismaïl Haniyah, le leader du Hamas à Gaza. En décembre 2016 alors que la France organisait une conférence internationale sur la question palestinienne, il a qualifié cet évènement de « version moderne du procès Dreyfus » et a conseillé aux juifs français : « La France n'est pas votre pays, ce n'est pas votre terre ; quittez-la et venez en Israël. » réussissant même à se faire taper sur les doigts par le très sioniste Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF). En novembre 2018, il a abandonné le portefeuille de la Défense - il était mal vu par les militaires car ne connaissant rien à l'armée où il n'a été que sergent - après la conclusion d'un cessez-le-feu avec le Hamas, parlant de « capitulation devant le terrorisme. »
C'est cet homme qu'Israël vient d'introniser « sultan » et « faiseur de roi » !
Il ne s'agit en fait que d'egos surdimensionnés et de soif de pouvoir. Il s'agit de luttes spécifiquement israéliennes entre sabras, ashkénazes, orthodoxes, ultraorthodoxes, russophones, sépharades….
Isabel Kershner écrit dans le New York Times (29 mai 2019) : « Lieberman cherche à attirer l'attention et à se venger d'humiliations politiques. Il se pose ainsi en alternative à Netanyahou. »
En attendant, l'occupation, les assassinats de jeunes Palestiniens et l'injustice continuent.
Face au silence du monde arabe et de la communauté internationale.


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