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Riadh Zghal: Sauver le processus démocratique
Publié dans Leaders le 07 - 07 - 2019

Le doute s'installe dans notre pays quant à l'utilité de la démocratie, du changement de régime comme si la Tunisie, souffrant des suites désastreuses d'une «révolution», préparait le terrain à la restauration d'un régime autoritaire. Alors ce ne serait pas une révolution si l'on admet la définition qu'en donne l'éminente sociologue américaine Theda Skocpol : «Les révolutions impliquent le renversement simultané d'un ordre politique et un ordre social qui se renforcent mutuellement». (States and Social Revolutions, 1979).
A cet égard, la Tunisie ne fait pas exception car l'histoire est riche d'exemples où des révoltes ont balisé le terrain à de nouveaux régimes autoritaires même si le pouvoir a changé de main. La révolution française a bien été suivie par la terreur, la restauration de la royauté puis la prise du pouvoir par, non pas un roi, mais un empereur ! On sait aussi comment a tourné la révolution bolchevique de Russie et donné naissance à la dictature implacable et violente d'un parti. Dans notre pays, notre région et d'autres qui ont subi la colonisation et gagné leur souveraineté après les luttes populaires et leur tribut de sang et de souffrances, ce sont des régimes autoritaires qui se sont durablement installés. Les questions qui se posent avec insistance aujourd'hui pour nous Tunisiens est la suivante : allons-nous échapper à l'instauration d'une nouvelle dictature ? Sera-t-elle islamiste ? Capitaliste néolibérale ? Dirigée de l'extérieur par des puissances étrangères ou de riches Etats du Golfe ? Ou au contraire allons-nous réussir le processus enclenché de démocratisation politique, économique et sociale pour que tout change ? Quelles sont les forces en présence qui peuvent conduire à l'une ou l'autre des issues du soulèvement de 2011 ? Quelles forces sont les plus déterminantes ?
L'aboutissement des prochaines élections d'octobre-novembre dépendront sans conteste des rapports de force en présence.
Il y a d'abord celles qui sont en faveur du retour, avec quelques retouches cosmétiques de l'ancien régime autoritaire, ou d'un autre régime non moins autoritaire mais plus dangereux pour les libertés individuelles, celui de l'islamisme intégriste. D'autres forces donnent le vent en poupe aux candidats populistes qui capitalisent sur l'appauvrissement de la population. Les trois courants «benaliste», islamiste et populiste ont des messages simples aisément compréhensibles par tout un chacun : pour le premier, l'ennemi est l'islamisme, pour le deuxième, la religion est la solution à tous les problèmes, pour le troisième c'est la solidarité avec les pauvres. Tous les trois bénéficient de plus d'un levier qui peut les hisser au pouvoir : les performances médiocres de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011, rapportés par plusieurs aux «méfaits de la démocratie», «pour laquelle le peuple tunisien n'est pas prêt», la baisse du niveau de vie des classes moyennes, l'extension de la pauvreté et de l'ignorance, la défiance vis-à-vis des partis et des institutions, le désordre ambiant affectant le cadre de vie dans son ensemble, l'extension simultanée de la corruption, de la violence, du non-droit, et le sentiment d'insécurité qui en est résulté ; ajoutés à tout cela les mouvements de grève qui n'ont épargné aucun secteur et particulièrement ceux considérés comme essentiels pour le clair des Tunisiens, à savoir la santé et l'éducation, en plus de la dispersion des partis qui se déclarent démocratiques… Paradoxalement, Ennahdha, qui a gouverné depuis 2011, ne se présente pas comme responsable de la performance désastreuse des gouvernements successifs.
Une demande sociale pour un pouvoir fort a émergé et certains ne craignent plus d'exprimer haut et fort leur nostalgie du régime de Ben Ali.
Les forces sociales qui soutiennent le processus de démocratisation mais qui se font moins entendre sont non moins présentes. Il y a ceux qui ont milité et souffert dans leur chair pour la liberté et la démocratie et qui occupent encore une place sur la scène politique. Il y a des femmes qui tiennent à leurs droits et n'ont pas arrêté de le manifester d'autant plus qu'elles sont désormais présentes aussi bien au parlement qu'aux conseils municipaux qui maillent l'ensemble du territoire, qu'elles exercent des droits politiques et ne sont pas prêtes à les sacrifier au nom d'une quelconque idéologie. Il y a également la liberté d'expression qui a résisté à toutes les tentatives de musellement. Une autre force sociale est constituée par les organisations dynamiques de la société civile, même si certaines ont des liens forts avec certains partis, et par la jeunesse entreprenante dans les nouvelles technologies même si elle ne contrebalance pas la présence d'une masse de jeunes sans emploi. Les avancées dans la décentralisation de la gouvernance jouent également en faveur du renforcement du processus démocratique.
Certes le tableau, on le voit bien, n'est pas très reluisant, il est chargé de paradoxes. Mais le passage de siècles de gouvernance autoritaire à un système démocratique ne se réalise pas en une courte transition. C'est un processus lent qui nécessite un changement culturel fait de libération, pas seulement de la parole mais aussi de l'initiative, de responsabilité, de capacité de débattre en admettant les différences, de capacité de donner un sens à l'intérêt général partagé par le plus grand nombre, de performance de la gouvernance en mesure d'assurer la prospérité et l'équité dans la distribution des richesses. Certes nous n'y sommes pas encore mais on se rappelle cette pensée du philosophe chinois Lao-Tseu : «un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas».
Depuis janvier 2011, plusieurs pas en direction de la démocratie ont été accomplis, néanmoins, le retour en arrière n'est pas totalement exclu. Toutefois, plusieurs moyens pour renforcer le processus démocratique existent et sont à la portée, encore faut-il que ceux qui croient en la démocratie unissent leurs efforts pour les saisir et laissent pour un temps leur ego de côté ne serait-ce que dans les moments cruciaux sur le chemin de la transition politique comme celui que nous vivons actuellement à la veille d'élections importantes. Quant à la transition économique, les idées ne manquent pas si l'on regarde tout ce que l'intelligentsia tunisienne a produit comme ouvrages et articles traitant de la question durant ces dernières années.
Maintenant, il va falloir oublier ces qualificatifs chimériques et tendancieux de ce qui s'est passé en janvier 2011 du genre « printemps arabe » qui ne visent qu'à occulter une destruction méthodique de pays arabes dont la Libye et la Syrie. Rappelons-nous plutôt que si la Tunisie veut réellement pousser la logique de la révolution jusqu'au bout, cela ne peut se faire sans continuer dans le processus de démocratisation qui devrait aboutir à un vrai nouveau système politique et social. Renverser un ordre injuste tout en préservant la paix sociale demande à la fois du temps, beaucoup de patience et de la vigilance quant aux intrusions étrangères malveillantes, dominatrices et/ou antidémocratiques.


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