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Dr Sofiane Zribi - Covid-19: La Tunisie entre deux vagues, dans le creux de l'insouciance!
Publié dans Leaders le 09 - 08 - 2020

Par Dr Sofiane Zribi - Habitué à être bercé par les vagues de la douce méditerranée, le Tunisien, comme le reste de la population mondiale est dans l'expectative de la deuxième vague de Covid-19 qui s'annonce. L'économie est à plat et les moyens médicaux pour y faire face, autres que préventifs sont dérisoires. Un changement profond des attitudes et des comportements est réclamé, mais tout porte à croire que le citoyen ne changera pas de sitôt ses habitudes. Voici pourquoi :
A vaincre sans péril…
La Tunisie s'autofélicite d'avoir résisté à la pandémie Covid-19.Elle en fait même un argument de vente pour récolter les quelques téméraires touristes qui osent cet été quitter leurs pays alors que la population insouciante reprend ses habitudes de sorties et de contact social.
Su fond d'un contexte politique instable, marqué par la démission pour soupçons de conflit d'intérêts, voire plus, du chef du gouvernement et un contexte économique morose annonçant des jours à venir difficiles, le tunisien n'y semble prêter que peu ou pas d'attention.
Les rues et les marchés sont pleins de monde, les cafés et salons de thé ne désemplissent pas alors que la ruée vers les plages redevient le sport favori des familles.
Les déplacements entre les gouverneras ont repris, et lors de l'Aïd El Kebir grands et petits se sont retrouvés face au même méchoui.
L'épidémie ne semble plus être qu'un vieil souvenir. « Nous y avons échappé ! » scande le citoyen, « nous l'avons combattu ! » répète tout haut avec une fausse fierté le chef du gouvernement démissionnaire. Pourtant à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire !
La Tunisie a opté pour une politique d'économie des tests PCR, contrairement aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, elle ne teste que les cas « suspects » ou l'entourage des cas confirmés. Autant dire qu'elle ne voit de l'épidémie que ce qu'elle veut voir !
Dans ce contexte, les seuls chiffres relativement indicateurs de l'état de l'épidémie dans notre pays, restent les chiffres des décès rapportés au nombre la population. Empruntons à l'excellent site politologue.com un de ses tableaux relatifs au nombre de morts Covid-19 pour 100000 habitants actualisé à la date du 9/8/2020 :
Loin de faire partie du peloton de tête, la Tunisie est certes moyennement bien classée, mais il n'y a pas de quoi gonfler le torse. Le nombre de cas retrouvés est en fait proportionnel au nombre de tests réalisés et pour ceci il n'y a pas de secret. Ce qui donne à penser que des gens ont été atteint par le virus corona, en sont tombés malades et sont actuellement guéris tout en échappant à l'œil scrutateur et à l'oreille attentive des autorités sanitaires.
Tout porte à croire qu'aujourd'hui encore, la même situation persiste, mais on préfère ne rien dire et ne rien voir. La seule action positive sur la transmission du virus que l'on peut mettre au crédit du gouvernement Fakhfakh est sa gestion du confinement et sa décision salutaire de fermer pour un temps les frontières.
Le véritable risque actuel est la résurgence d'un deuxième vague!
Il serait illusoire de croire que le virus a cessé de circuler dans notre pays. Avec la reprise de voyages, le retour des travailleurs immigrés, l'arrivée des touristes et surtout l'absence totale de distanciation sociale, du port du masque, des mesures barrières, le virus est certainement entrain de circuler intensément ou est appelé à le faire. Pour des raisons probablement démographiques et autres qu'on ignore encore, le nombre de morts et d'admis dans les services de réanimation reste minimal. Ceci ne devrait nous rassurer qu'à moitié car rien ne nous assure que de nouveau, avec l'arrivée de l'automne les contaminations ne vont pas reprendre sur un mode exponentiel. Il est vrai que les médecins réanimateurs connaissent mieux aujourd'hui la meilleure manière de soigner les cas graves en insuffisance respiratoire et les apprentis sorciers préconisant des remèdes miracle comme la chloroquine se font moins loquaces. Mais face à une pandémie, quand les services de santé se retrouvent débordés, la qualité des soins s'en ressentira obligatoirement et l'hôpital tunisien est malade, bien malade !
La peur n'est pas le meilleur moyen pour faire changer un comportement
Le risque de la deuxième vague est d'autant plus grand, que le citoyen sorti de la première vague de l'épidémie n'est pas prompt à reporter le masque ou à respecter les mesures barrières. Pourquoi ?
Les lois du conditionnement comportemental, nous apprennent qu'à moins d'être un parfait obsessionnel, les comportements appris sous l'influence de la peur et de la contrainte (Apprentissage Pavlovien), s'éteignent vite et ne résistent pas à l'épreuve du temps. A l'inverse, les comportements appris sur le modèle de l'exemple (apprentissage social) ou sur le modèle de la récompense (Apprentissage Skinnérien) on plus de chance de perdurer.
En réalité, nous avons des peurs inscrites dans notre génomes qui sont les peurs naturelles (Peurs sociale, peurs des animaux sauvages, serpents, hauteurs, enfermement...) qui sont durables et facilement réveillée à la moindre sollicitation, mais les peurs des situations modernes (voiture, vitesse, microbes, électricité, pollution…) nécessitent une connaissance, un apprentissage et un étayage qu'il convient de savoir mettre en place pour obtenir un résultat.
Lors de la première vague, le gouvernement a décidé seul, vite et a imposé une véritable psychose de la corona à la population sans recours aux spécialistes de la communication sociale et sans dialogue préalable. Nous avons été plusieurs à le critiquer sur cette façon de faire. Le déconfinement annoncé, la population s'est vite faite de se débarrasser de ce fardeau imposé et pas du tout compris et intériorisé. Si par malheur, une deuxième vague se dessine à l'horizon, alors que ni l'économie, ni les finances ne permettent un deuxième confinement, le gouvernement aura tout le mal du monde à imposer une seconde modification comportementale pour contrer la contagion et devra recourir de toutes manières aux mesures coercitives. Ces dernières, nous le savons ont peu d'effet en Tunisie, il suffit de voir comment les automobilistes respectent le code de la route !
En Conclusion
La Tunisie démocratique a de quoi être fière d'avoir plus ou moins résisté et avec beaucoup de chance malgré ses difficultés internes à la première vague. Malheureusement, ceci ne prédit en rien de ses bonnes aptitudes à faire face avec dextérité à la deuxième vague qui s'annonce. Sa population nonchalante, chaleureuse, sociale et communicative n'est en réalité simplement pas préparée à renouer avec les sacrifices de la première vague. Les messages de peur font leur effet une fois et sur le court terme, mais opérer une profonde mutation dans les comportements et les attitudes d'une population est une autre paire de manche et je reproche amèrement à nos décideurs de ne pas suffisamment appelé les spécialistes du comportement à la rescousse pour les aider à établir une véritable stratégie opérante pour pousser le citoyen à délaisser ses vieilles habitudes.
Mais la bataille contre le Covid-19 ne fait que commencer, il est encore temps de redresser la barre, de modifier la politique de communication dans le cadre de cette pandémie et de s'adresser aux véritables leviers de changement efficaces sans lesquels, la population risque de ne pas adopter les nouveaux comportements salutaires pour sa survie, de manière responsable et civile, sans coercitions et sans menaces.


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