Journée internationale de l'ozone : la Tunisie réaffirme son engagement aux côtés de l'ONUDI et de l'ANPE    Investissements industriels et de services : net repli au premier semestre 2025    La Tunisie gagne des places dans le classement de la FIFA    Match truqué ? Le président de l'Avenir Sportif de Kasserine visé par la justice    Sécurité alimentaire : l'INSSPA frappe fort à Gafsa, produits périmés saisis près d'une école    Pas encore de contrat TV : la FTF mise sur le numérique pour la Ligue 2    Tunisie – Hajj 2026 : L'Etat se mobilise pour un pèlerinage digne et bien organisé    Tunisie : le boom du tourisme pourrait créer 30 000 emplois d'ici 2030    Le Royaume-Uni prêt à reconnaître la Palestine ce week-end    Coupure des communications dans la bande de Gaza: 800 mille palestiniens isolés du monde    Global Innovation Index 2025 : la Tunisie rejoint le groupe des pays surperformants    Ezedine Hadj-Mabrouk: La fin des classes sociales    Logements sociaux : le ministre de l'Habitat appelle à l'accélération des appels d'offres    L'Espérance de Zarzis détrônée    L'étoile subit un 2e revers à l'Olimpico : Dridi remercié    EST- Volume de jeu consistant pour deux buts seulement : Un manque de réussite et d'efficacité !    Registre National des Entreprises : lancement de nouveaux services au cours des prochains jours    Vol Paris-Corse : plus de 15 minutes dans les airs... ce qui s'est passé va vous surprendre    Travail des enfants en Tunisie : plus de 215.000 mineurs pris au piège de la précarité    Liste des écoles primaires privées en Tunisie autorisées pour l'année scolaire 2025-2026    Secteur de la santé : un projet de loi pour stopper l'exode des médecins    Les autorités libyennes réfutent la fermeture du passage de Ras Jdir    Sfax célèbre l'humour à l'hôtel ibis avec ibis Comedy Club    La Bibliothèque nationale de Tunisie accueille des fonds de personnalités Tunisiennes marquantes    Le président est dans un oued, le gouvernement dans un autre    Corruption en Ligue 2 : les détails de l'affaire entre l'ASK et la JS    Météo en Tunisie : légère baisse des températures    Les raisons de la hausse des prix de la viande de poulet en Tunisie    Le ministre de la Défense s'entretient avec le prince héritier du Koweït    Lancement de la distribution des semences et engrais pour la saison agricole 2025-2026    Plus de 538.000 comprimés et 227 kilos de drogues saisis par la douane, depuis janvier 2025    Fadhel Jaziri: L'audace et la norme    Un territoire, une vie et plusieurs gouvernances    Décès de Ameur Bahri, figure emblématique de l'Espérance sportive de Tunis    "The Voice Of Hind Rajab » film d'ouverture du Festival du film de Doha    Opération coup de poing contre les « Habbata » : des intermédiaires du commerce informel visés par des mandats de dépôt    Mois du cinéma documentaire en Tunisie : une vitrine sur le cinéma indépendant et alternatif    Elyes Ghariani - La solution à deux Etats: clé de la justice pour les Palestiniens et de la stabilité régionale    DECES : Radhouane Ben Salah veuf de Nadra Sakka    Fin des privilèges à vie pour les anciens premiers ministres français    Diplomatie tunisienne : revenir aux fondamentaux et savoir avoir la politique de ses moyens    Global Sumud Flotilla : plus de 50 navires ont pris la mer pour livrer une aide humanitaire à Gaza    Piraterie interdite : la FTF menace toute diffusion illégale des matchs de Ligue 1    Fadhel Jaziri - Abdelwahab Meddeb: Disparition de deux amis qui nous ont tant appris    Seize pays appellent au respect du droit international et à la protection de la flottille Soumoud    Décès de Robert Redford légende du cinéma américain    Nafti renforce la coopération Arabo-Africaine à Doha    1,5 million de dollars pour faire de la culture un moteur de développement en Tunisie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Dr Sofiane Zribi - Covid-19: La Tunisie entre deux vagues, dans le creux de l'insouciance!
Publié dans Leaders le 09 - 08 - 2020

Par Dr Sofiane Zribi - Habitué à être bercé par les vagues de la douce méditerranée, le Tunisien, comme le reste de la population mondiale est dans l'expectative de la deuxième vague de Covid-19 qui s'annonce. L'économie est à plat et les moyens médicaux pour y faire face, autres que préventifs sont dérisoires. Un changement profond des attitudes et des comportements est réclamé, mais tout porte à croire que le citoyen ne changera pas de sitôt ses habitudes. Voici pourquoi :
A vaincre sans péril…
La Tunisie s'autofélicite d'avoir résisté à la pandémie Covid-19.Elle en fait même un argument de vente pour récolter les quelques téméraires touristes qui osent cet été quitter leurs pays alors que la population insouciante reprend ses habitudes de sorties et de contact social.
Su fond d'un contexte politique instable, marqué par la démission pour soupçons de conflit d'intérêts, voire plus, du chef du gouvernement et un contexte économique morose annonçant des jours à venir difficiles, le tunisien n'y semble prêter que peu ou pas d'attention.
Les rues et les marchés sont pleins de monde, les cafés et salons de thé ne désemplissent pas alors que la ruée vers les plages redevient le sport favori des familles.
Les déplacements entre les gouverneras ont repris, et lors de l'Aïd El Kebir grands et petits se sont retrouvés face au même méchoui.
L'épidémie ne semble plus être qu'un vieil souvenir. « Nous y avons échappé ! » scande le citoyen, « nous l'avons combattu ! » répète tout haut avec une fausse fierté le chef du gouvernement démissionnaire. Pourtant à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire !
La Tunisie a opté pour une politique d'économie des tests PCR, contrairement aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, elle ne teste que les cas « suspects » ou l'entourage des cas confirmés. Autant dire qu'elle ne voit de l'épidémie que ce qu'elle veut voir !
Dans ce contexte, les seuls chiffres relativement indicateurs de l'état de l'épidémie dans notre pays, restent les chiffres des décès rapportés au nombre la population. Empruntons à l'excellent site politologue.com un de ses tableaux relatifs au nombre de morts Covid-19 pour 100000 habitants actualisé à la date du 9/8/2020 :
Loin de faire partie du peloton de tête, la Tunisie est certes moyennement bien classée, mais il n'y a pas de quoi gonfler le torse. Le nombre de cas retrouvés est en fait proportionnel au nombre de tests réalisés et pour ceci il n'y a pas de secret. Ce qui donne à penser que des gens ont été atteint par le virus corona, en sont tombés malades et sont actuellement guéris tout en échappant à l'œil scrutateur et à l'oreille attentive des autorités sanitaires.
Tout porte à croire qu'aujourd'hui encore, la même situation persiste, mais on préfère ne rien dire et ne rien voir. La seule action positive sur la transmission du virus que l'on peut mettre au crédit du gouvernement Fakhfakh est sa gestion du confinement et sa décision salutaire de fermer pour un temps les frontières.
Le véritable risque actuel est la résurgence d'un deuxième vague!
Il serait illusoire de croire que le virus a cessé de circuler dans notre pays. Avec la reprise de voyages, le retour des travailleurs immigrés, l'arrivée des touristes et surtout l'absence totale de distanciation sociale, du port du masque, des mesures barrières, le virus est certainement entrain de circuler intensément ou est appelé à le faire. Pour des raisons probablement démographiques et autres qu'on ignore encore, le nombre de morts et d'admis dans les services de réanimation reste minimal. Ceci ne devrait nous rassurer qu'à moitié car rien ne nous assure que de nouveau, avec l'arrivée de l'automne les contaminations ne vont pas reprendre sur un mode exponentiel. Il est vrai que les médecins réanimateurs connaissent mieux aujourd'hui la meilleure manière de soigner les cas graves en insuffisance respiratoire et les apprentis sorciers préconisant des remèdes miracle comme la chloroquine se font moins loquaces. Mais face à une pandémie, quand les services de santé se retrouvent débordés, la qualité des soins s'en ressentira obligatoirement et l'hôpital tunisien est malade, bien malade !
La peur n'est pas le meilleur moyen pour faire changer un comportement
Le risque de la deuxième vague est d'autant plus grand, que le citoyen sorti de la première vague de l'épidémie n'est pas prompt à reporter le masque ou à respecter les mesures barrières. Pourquoi ?
Les lois du conditionnement comportemental, nous apprennent qu'à moins d'être un parfait obsessionnel, les comportements appris sous l'influence de la peur et de la contrainte (Apprentissage Pavlovien), s'éteignent vite et ne résistent pas à l'épreuve du temps. A l'inverse, les comportements appris sur le modèle de l'exemple (apprentissage social) ou sur le modèle de la récompense (Apprentissage Skinnérien) on plus de chance de perdurer.
En réalité, nous avons des peurs inscrites dans notre génomes qui sont les peurs naturelles (Peurs sociale, peurs des animaux sauvages, serpents, hauteurs, enfermement...) qui sont durables et facilement réveillée à la moindre sollicitation, mais les peurs des situations modernes (voiture, vitesse, microbes, électricité, pollution…) nécessitent une connaissance, un apprentissage et un étayage qu'il convient de savoir mettre en place pour obtenir un résultat.
Lors de la première vague, le gouvernement a décidé seul, vite et a imposé une véritable psychose de la corona à la population sans recours aux spécialistes de la communication sociale et sans dialogue préalable. Nous avons été plusieurs à le critiquer sur cette façon de faire. Le déconfinement annoncé, la population s'est vite faite de se débarrasser de ce fardeau imposé et pas du tout compris et intériorisé. Si par malheur, une deuxième vague se dessine à l'horizon, alors que ni l'économie, ni les finances ne permettent un deuxième confinement, le gouvernement aura tout le mal du monde à imposer une seconde modification comportementale pour contrer la contagion et devra recourir de toutes manières aux mesures coercitives. Ces dernières, nous le savons ont peu d'effet en Tunisie, il suffit de voir comment les automobilistes respectent le code de la route !
En Conclusion
La Tunisie démocratique a de quoi être fière d'avoir plus ou moins résisté et avec beaucoup de chance malgré ses difficultés internes à la première vague. Malheureusement, ceci ne prédit en rien de ses bonnes aptitudes à faire face avec dextérité à la deuxième vague qui s'annonce. Sa population nonchalante, chaleureuse, sociale et communicative n'est en réalité simplement pas préparée à renouer avec les sacrifices de la première vague. Les messages de peur font leur effet une fois et sur le court terme, mais opérer une profonde mutation dans les comportements et les attitudes d'une population est une autre paire de manche et je reproche amèrement à nos décideurs de ne pas suffisamment appelé les spécialistes du comportement à la rescousse pour les aider à établir une véritable stratégie opérante pour pousser le citoyen à délaisser ses vieilles habitudes.
Mais la bataille contre le Covid-19 ne fait que commencer, il est encore temps de redresser la barre, de modifier la politique de communication dans le cadre de cette pandémie et de s'adresser aux véritables leviers de changement efficaces sans lesquels, la population risque de ne pas adopter les nouveaux comportements salutaires pour sa survie, de manière responsable et civile, sans coercitions et sans menaces.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.