"Le courage consiste à dominer sa peur, non pas a ne pas en avoir " (François Mitterrand -1916-1996) Par Mourad Guellaty - François Mitterrand est le seul président de la République française qui a exercé sa fonction durant deux septennats entiers. Sous la cinquième république le septennat avait été instauré avec l'objectif de mettre un terme à l'instabilité des républiques précédentes notamment la quatrième, quand l'instabilité régnait, et les gouvernements se succéder. Mitterrand a été longtemps dénigré pour avoir été plusieurs fois ministre sous cette dernière. Mais sous la cinquième, il a fait montre d'un grand savoir-faire, d'un vrai courage, et d'une habileté politique sans précédent jusqu'alors en France. Il y a eu l'affaire de "l'Observatoire", non élucidée à ce jour, lui-même et ses partisans hurlant à une tentative de son assassinat, par des forces obscures proches de l'OAS (organisation de droite voire fascisante) alors que ses opposants avançaient un plan machiavélique orchestré par ses proches et lui-même pour lui faire redorer son blason terni par son parcours sous la quatrième république. Cette affaire de l'Observatoire, vraie ou fausse dans sa réalité, a largement écorné la stature de cet homme politique, qu'on disait ambitieux à l'excès et arriviste à souhait. Tout autre que François Mitterrand aurait succombé à ce feu nourri d'injures et d'insultes et aurait disparu vite fait, du paysage politique, plein de honte et de contrition. C'était mal connaitre cet "animal politique", qui dans un élan de volonté et de force d'âme, allait renaitre de ses cendres et faire un parcours, unique dans l'histoire de la République française, de deux septennats complets. Il a été vilipendé, conspué dans ses discours publics, mais n'a jamais plié, et surtout a continué à vivre normalement en se déplaçant à pied seul quotidiennement, tout au long du Boulevard Saint Germain entre la Brasserie Lipp et sa demeure dans une petite rue attenante à ce même Boulevard du coté du quartier de Jussieu. François Mitterrand était un orateur hors pair, et ses apparitions à la télévision française, à l'époque, dans les années 1970, faisaient merveille. IL était extrêmement dangereux de se mesurer à lui y compris pour les grandes “pointures“ politiques à l'instar des présidents, eux aussi, Georges Pompidou et Valérie Giscard d'Estaing et de celui l'Assemblée Nationale Jacques Chaban Delmas ce grand Don Juan, sportif séduisant que le tout Paris affublait du nom de "Jacques Charmant Delmas". Mitterrand était courageux, le serait-il s'il avait vécu avec le Covid, "Monsieur Covid", le dépeceur des corps et le destructeur des cœurs ? C'est en effet une question qui mérite d'être posée. Mais ces hommes à l'instar de Mitterrand qui ont affronté des guerres et conduit des parcours politiques d'envergure, ne pourraient jamais s'effacer ou se faire petit devant ce satané virus, méchant et comme tous les acolytes de son espèce un peu lâche puisque agissant dans la clandestinité, sans visage découvert et donc sans grand panache. Le Covid ce fantôme espiègle et lâche Qui est-il ce Monsieur Covid ? Pas un être de chair et d'os, un être informel comme tous les virus, invisible, qui se balade à travers la planète en toute indépendance, dans une discrétion semi totale, entrainant sur son passage tristesse et malédiction. A la date du 12 novembre le Covid a déjà infecté à travers le monde plus de 52 millions de personnes, dont 1,2 millions sont décédés. C'est considérable, triste et effroyable à la fois ! En Tunisie, les chiffres inquiètent pareillement - prés de soixante quinze mille personnes ont tété infectées - et plus de deux mille décès ont déjà été enregistrés à la date du 12 novembre 2020. Sombre bilan, mais très probablement petit bilan par comparaison avec tous ceux qui viendront suivre, et que Dieu nous préserve, augmenter ces statistiques funestes. Vivre avec lui Combien serons-nous à subir les fantaisies de ce virus qui nous plonge, comme par hasard, dans une obscurité non désirée, et un début d'hiver anxiogène, faisant contrepoids à deux saisons précédentes, très avenantes. Nous voici plongés derechef dans des journées non plus noires de monde, mais noires tout court, celles du soleil trop pressé de nous quitter et du noir obscur trop fier de s'imposer et de nous accompagner longtemps bien longtemps. Vivre avec ce satané virus, c'est le respecter en lui donnant sa vraie dimension, et en le "cajolant", tel un être humain ou un animal. C'est aussi ne pas le sous estimer ni le négliger, car il peut, si nous ne lui donnons pas la place qu'il mérite dans notre quotidien, se rebiffer et devenir plus menaçant voire plus violent. L'existence de Corona, va nous apprendre ou réapprendre l'humilité en insistant sur le fait – mes amis agnostiques ou non-croyants me pardonneront- que seul Dieu est grand sur cette terre et que tout le reste n'est que faux semblant, singerie, gonflement de poitrine, et prétention. Il m'est arrivé d'accompagner ce formidable président français, quand j'étais étudiant, dans ses retours vers son domicile. Il aimait bien me questionner parfois, sur des choses banales. Il ne m'a jamais demandé qui j'étais et ce que je faisais. Plus tard j'ai fais la connaissance au Kuweit, de son frère Robert, qu'il aimait beaucoup, car son contraire, polytechnicien, portant beau et beaucoup de succès auprès de la gent féminine. Robert Mitterrand s'amusait de ce que je lui disais de son frère, un amusement plein de tendresse et d'admiration. François Mitterrand était courageux, en politique, comme durant la guerre ou encore lorsqu'il était ministre sous la quatrième république, ou lorsqu'il faisait face à tous les opposants politique sous son double septennat. Un dernier mot, François Mitterrand, n'a pas vaincu le cancer mais a fait preuve d'un courage et d'une extrême dignité, salués comme il se doit par tout le personnel politique, adversaires compris. Et c'est bien des exemples comme celui que je viens d‘évoquer de feu François Mitterrand et bien d'autres, qui doivent nous servir dans notre attitude face aux vents, aléas, virus et autres situations dangereuses. Car le Corona, qui n'a pas le goût d'une boisson du même nom, a fait déjà de bien nombreuses victimes et risque d'en faire encore d'avantage, tant que les scientifiques et les médecins n'auront pas fait accepter par les autorités sanitaires mondiales un vaccin adapté aux caractéristiques de ce virus. La pédagogie corona Cette pédagogie est simple, rester chez soi autant que possible (confinez vous !), "porter un masque, lavez vous les mains et respectez la distanciation physique". De cette façon, l'Etat fait des économies de coût d'intervention de ses services sociaux et médicaux. Et pour ceux qui ont des moyens financiers suffisants : dépensez, dépensez, il n'y a rien à dire et il n'y a rien à vous faire : "tout va bien madame la marquise, tout va très bien, tout va très bien". Mais au total, nous le savons tous : Elles sont rares les opérations unilatérales, et pour un ou plusieurs vainqueurs, il y a toujours un ou plusieurs perdants. Et les perdants, ce ne sont pas les citoyens, mais l'Etat prodigue, qui rembourse, distribue, soit directement ou bien encore indirectement à travers les caisses sociales. Pour le moment au jour du 13 novembre, nous avons 76 106 cas en Tunisie, dont 51 807 guérisons et 2 151 décès. Ces chiffres sont lourds, très lourds, mais restent mesurés comparés à ceux qui sont relevés dans d'autres pays du monde. Les statistiques sont bien présents qui reviennent en force ces jours derniers et nous offrent les derniers résultats constatés. Sombres résultats en ces jours d'hiver, et de longues soirées, qui invitent la nuit et le noir qui va avec à un confinement, un second, qui heureusement ne s'ajoute ni prolonge le premier. Autres résultats qui vont impacter nos économies, c'est le confinement lui-même, qui empêche une grande force de travail et de réflexion à s'assumer et à produire, à créer à innover, en un mot à s'assumer. D'autant que le travail intellectuel exige souvent, connexions, échanges, et polyvalences, toutes activités qu'il sera moins facile d'entreprendre dans ces jours noirs d'un automne pas comme les précédents. Aujourd'hui 14 novembre au matin le soleil réapparait, qu'il nous accompagne encore, nous lui ajouterons la musique d'Alma Mahler, belle, comme toutes les Alma, comme le récit de sa vie, comme sa vie.