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Tunisiennes, tunisiens : Ne perdez pas la foi en la démocratie !
Publié dans Leaders le 07 - 03 - 2022

Par Nidhal Mekki - La guerre déclenchée, il y a quelques jours, par la Russie contre l'Ukraine a enflammé, et enflamme toujours, les réseaux sociaux en Tunisie. On a droit à tout : des prises de positions, des analyses plus ou moins sérieuses, des débats et des échanges musclés, des invectives et des insultes jusqu'aux accusations !
L'opinion publique tunisienne et les positons qu'elle prend comptent pour du beurre ou presque en ce qui concerne le cours des évènements à l'échelle du monde et notamment quand il s'agit des conflits entre puissances. Mais nos positions sont d'une grande importance pour la culture politique que nous entendons inculquer à notre jeunesse ainsi que pour mesurer notre attachement aux règles du droit international, notre fidélité à nos convictions morales et notre sens politique.
La position officielle de la Tunisie (le vote en faveur de la résolution des Nations Unies) est irréprochable aussi bien sur le plan juridique que politique. Elle s'attache à la légalité internationale qui condamne la guerre d'agression et affirme la nécessité de mettre fin à la violence et à trouver une issue à travers les négociations. Le vote de la Tunisie s'inscrit parfaitement dans la longue tradition diplomatique tunisienne opposée à la guerre et refusant la politique des axes et des alliances.
Cette position est d'autant plus à saluer que l'Etat tunisien est très affaibli depuis plusieurs années sur tous les plans (économiquement, politiquement et sur le plan sécuritaire) et que les contraintes pesant sur lui sont énormes vu que chaque décision peut engendrer des conséquences diplomatiques sérieuses et même avoir un « prix ». Ces contraintes ne pèsent pas sur le commun des mortels des Tunisiens ni, a fortiori, sur les intellectuels qui sont tout à fait libres de s'exprimer en leurs âmes et consciences. Il était normal, donc, qu'on s'attende à une condamnation unanime et plus ferme de la guerre, à un appel à une solution négociée et à une solidarité sans nuances avec les réfugiés fuyant les bombardements.
Mais l'opinion publique tunisienne a été dans une grande majorité silencieuse sur le droit international, animée d'un certain bellicisme en se frottant les mains à l'idée d'un Occident « puni » (ou du moins humilié) par la Russie et presque insensible au drame des civils cherchant à fuir les bombes et les missiles en se focalisant sur la comparaison avec le traitement « de faveur » dont bénéficient les réfugiés ukrainiens contrairement au désintérêt voire le rejet subis par les réfugiés venants de pays arabo-musulmans et autres zones de conflits dans le sud (comme si infliger les mêmes souffrances aux uns atténuait ou corrigeait le tort fait aux autres !).
Cette « opinion publique » n'est pas socialement homogène. Elle est traversée, essentiellement, par trois courants.
Le premier est celui des gens qui pensent que la Russie d'aujourd'hui est une continuation de l'ex-URSS et qu'elle en porte la « philosophie internationaliste ». C'est plus qu'un manque de culture générale, plus qu'une nostalgie : c'est un déni de la réalité. Le régime russe, aujourd'hui, est un régime on ne peut plus nationaliste qui ne cherche qu'à préserver ses intérêts nationaux. Ce qui est tout à fait légitime à condition que cela soit fait par les moyens permis par le droit international. Les gens appartenant à ce courant ont une capacité de nuisance limitée et ne sont plus audibles depuis plusieurs années. Leur vision des choses peut irriter mais souvent elle ne fait qu'amuser.
Le deuxième courant appelle une réflexion plus sérieuse. Il s'agit des gens (malheureusement trop nombreux en Tunisie et dans le reste du monde arabe) qui sont encore habités par l'idée du « despote éclairé » seul capable d'assurer le « law and order » et d'affronter les envahisseurs ! C'est ainsi que l'on comprend le rapprochement que font ces personnes entre le maitre du Kremlin et leurs héros tels Saddam Hussein et Kaddafi entre autres. Comme si ces autocrates avaient fondé des Etats forts et où les citoyennes et citoyens jouissaient de tous leurs droits, vivaient dans la sécurité et la prospérité et se considéraient comme chanceux de les avoirs comme gouvernants. C'est un vrai problème de culture politique d'autant plus que les voix qui se sont élevées parmi les penseurs, les militants politiques et de plus en plus de la société civile pour combattre cette maladie infantile de notre conscience politique ont été nombreuses depuis plusieurs décennies. Alors que les pays les plus stables, les plus prospères et les plus « respectés » restent les démocraties libérales et que la plupart des expériences de dictatures ont lamentablement échoué et conduit à la destruction de l'intérieur ou de l'extérieur de leurs pays, la persistance, en Tunisie et dans le monde arabe, de cette quête du leader fort (pour ne pas dire tyrannique) et de cette fascination pour l'autoritarisme ne peuvent qu'interroger, fatiguer et presque désespérer.
Le troisième courant est, cependant celui qui suscite la plus grande inquiétude. Il s'agit de personnes détenant des diplômes universitaires et occupants des postes élevés dans l'administration ou dans le secteur privé ainsi que, dans de rares cas, fort heureusement, d'universitaires. Ces personnes, fortement occidentalisées dans leur mode de vie et ayant, d'habitude, les démocraties libérales comme référence en politique, en droit, en économie, en art se font très discrètes sur la violation flagrante du droit, et qui ne souffre aucune nuance, dans la crise actuelle et affichent une solidarité très timide avec des innocents arrachés à leurs pays alors qu'ils ne sont que les victimes d'un conflit entre puissances qui les dépasse. La « compréhension » (pour ne pas dire la justification) envers l'invasion russe est à peine voilée. On met de l'avant les intérêts de l'Occident et de l'OTAN (méchants et impérialistes !) tout en passant sous silence la volonté du peuple ukrainien lui-même. Comme s'il n'existait pas, comme s'il n'était pas en droit de vouloir vivre en démocratie et rejoindre des démocraties, (dans le respect des intérêts légitimes de la Russie ce qui aurait pu être fait à travers le dialogue et en envisageant une adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne, dans un futur plus ou moins proche, mais pas à l'OTAN). Comment, dans cette confrontation entre démocraties libérales (qui n'ont cessé de nous inspirer depuis des décennies même si on n'est pas dupe du fait qu'elles poursuivent, également, leurs intérêts et qu'on n'en a pas une vision angélique) et un régime le moins qu'on puisse dire autoritaire, des gens qui se sont dits, longtemps démocrates et pro-démocratie, se trouvent du côté (volontairement ou à leur insu) du côté de l'autoritarisme ? Comme s'expliquer cette attitude alors qu'elle ne relève pas d'une nostalgie du stalinisme ni du syndrome de l'orientalo-tyrannisme ?
Il n'y pas une seule explication à ce « phénomène » mais la principale, à notre avis, serait que ces personnes sont traumatisées par l'expérience démocratique tunisienne. Les dix dernières années ont mis l'économie tunisienne à genoux, affaibli le pouvoir d'achat des Tunisiens, détruit des milliers d'emplois, fait fuir les investisseurs et les touristes et par-dessus tout affaibli l'Etat jusqu'à la déliquescence, augmenté la corruption et rendu le peuple tunisien l'un des peuples les plus malheureux sur terre. Les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011, en Tunisie, ont réussi là où soixante dix ans de communisme dans l'ex-URSS ont échoué : Faire abhorrer la démocratie par le peuple ! Il est, donc, normal de se poser des questions sur la démocratie mais il faut se poser les bonnes questions. Car, la démocratie libérale fonctionne bien, voire très bien, ailleurs. Ce régime tout en n'étant pas parfait, reste le moins mauvais des régimes pratiqués, jusqu'à aujourd'hui. La démocratie libérale assure à plusieurs nations paix, sécurité, liberté, prospérité et puissance. Le problème en Tunisie n'est pas la démocratie mais la démocratie dévoyée et trahie. Au lieu de se laisser tenter par l'idée du « despote éclairé » appelons et travaillons à l'instauration d'une vraie démocratie. Cela commence par défendre l'idée de la démocratie ici et ailleurs. Cela commence par une prise de conscience que la défaite des démocraties, d'une seule démocratie, est une mauvaise chose pour le monde entier car de même que les démocraties sont solidaires, les dictatures se soutiennent mutuellement (jusqu'au jour où elles en arrivent à se confronter et à se détruire mutuellement).
La position politique que nous prendrons n'aura aucun impact sur le terrain où se déroule la tragédie actuelle mais elle impactera notre propre avenir. Si les élites n'affichent pas un attachement sincère et puissant à la démocratie pour notre peuple et pour tous les peuples, aujourd'hui, elles seront les premières victimes de l'hystérie autoritaire demain. L'histoire de la Tunisie et de tous les pays arabes en est la parfaite illustration.
Observons le sens politique, de la stratégie et la perspicacité de Habib Bourguiba quand il écrit, dans une lettre adressée au président américain Franklin Roosevelt en 1943 (alors que l'Allemagne nazie était encore au sommet de sa puissance et que l'issue de la deuxième guerre mondiale était loin d'être connue) : « C'est cette conviction profondément ancrée en nous qui a fait que, malgré toutes les avances, toutes les habiletés, toutes les pressions des puissances de l'Axe, nous sommes restés obstinément fidèles à la cause des Démocraties et que nous n'avons jamais cessé de croire à leur victoire. Dans nos cachots de France, comme dans les palais mis à notre disposition par le Gouvernement italien, c'était chez nous un acte de foi presque religieuse, peut-être parce que sans nous l'avouer, nous sentions que dans cette victoire réside notre seule chance de salut ».
Alors, ne confondons pas la démocratie avec la pratique qui en est faite et qui peut en être très éloignée, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain ! De grâce, ne laissons pas les pseudo-démocrates nous faire perdre notre foi en la démocratie.
Nidhal Mekki


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