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Ali Mrabet, ministre de la Santé: Repenser la santé
Publié dans Leaders le 14 - 10 - 2022

Vendredi 6 août 2021. Il était ce matin en tenue militaire, participant à une réunion de coordination de la lutte contre le Covid-19, au siège du ministère de la Santé. Il y retournera l'après-midi, en civil, nommé ministre de la Santé. Tout commencera alors pour le Pr Ali Mrabet, médecin militaire spécialiste en épidémiologie et santé publique. La Tunisie subissait alors de plein fouet le pic de la pandémie. Tout manquait, dans un dysfonctionnement anarchique. Le président Kaïs Saïed, prenant la situation en main, après avoir limogé Mechichi et son gouvernement, s'attelle lui-même à la tâche. A ses côtés, le Pr Mustapha Ferjani, alors médecin général de brigade, directeur général de la Santé militaire, devait se battre sur tous les fronts. A peine rentré d'une mission à Tataouine où il dirigeait une task-force de vaccination, le Pr Mrabet était lancé au front.
Comment avez-vous abordé votre mission et en êtes-vous acquitté?
Il faut rappeler qu'entre les mois de juillet et août 2021, la Tunisie a enregistré le plus grand nombre de décès journaliers dus à la pandémie de Covid-19 à l'échelle africaine et arabe. Dès la première heure de ma nomination, je devais opérationnaliser une stratégie nationale «réalisable» et «efficace» de riposte au Covid-19.
Ma priorité absolue en ce 6 août 2021 était non seulement de trouver des vaccins anti-covid, et ce, en temps de crise sanitaire mondiale, mais surtout de baliser leur acheminement en temps et en heure en Tunisie d'abord, puis garantir leur déploiement dans les conditions requises aux points les plus reculés du pays et surtout convaincre la population à se faire vacciner.
Au-delà des vaccins anti-Covid, je devais m'assurer de la disponibilité d'un stock stratégique d'oxygène et d'avoir le nombre nécessaire (et plus si possible) de concentrateurs. Il fallait les distribuer équitablement en un temps record, en coordination millimétrée et dûment respectée entre les différents acteurs du ministère de la Santé et la cellule nationale de coordination de riposte contre le Covid-19 gérée par le directeur général de la santé militaire et fraîchement mise en place par Monsieur le Président de la République.
Ces deux problématiques étaient accentuées par le manque de pratique des mesures de prévention des citoyens, surtout par rapport au port du masque et l'application des gestes barrières. On devait s'assurer non seulement de la disponibilité des masques mais surtout de leur prix et distribution.
Malgré l'impact de cette crise sanitaire, il fallait impérativement établir, en parallèle, une stratégie nationale pour les besoins des citoyens en matière de services de santé préventifs et curatifs quotidiens. Je devais m'assurer que les patients nécessitant un traitement bénéficiaient des soins requis. On devait conserver l'activité curative des pathologies dans les structures de santé, ainsi que l'activité préventive à l'instar de la distribution de trithérapie aux sidéens, maintenir la campagne de dépistage de certains cancers tels que celui du sein, le dépistage des maladies cardiovasculaires, etc. On devait garder un œil vigilant sur le stock national des médicaments. Les vols se faisaient rares ainsi que le transport maritime et on devait garder à flot le stock. On devait également maintenir la vaccination des enfants dès la naissance mais aussi la vaccination scolaire (dès le déconfinement). Les enfants sont l'avenir de ce pays et nous devions garantir qu'ils reçoivent leurs vaccins.
Comment comptiez-vous y arriver?
Ayant mené plusieurs missions, notamment au Kosovo (Tirana 1999), en RD Congo (2002-2003) ou encore à Choucha / Ras Jedir (en 2011), j'étais convaincu que le seul moyen de réussir cette mission était une coordination entre les différents intervenants. Ceci était impératif pour faire face à cette crise nationale. Nous avons établi une stratégie globale avec une série d'objectifs clairs, simples et réalisables par une personne à la fois. Chacun avait une mission mais toutes ces missions bien accomplies faisaient que la stratégie fonctionnait.
Il y avait aussi un grand manque de lits?
Pas uniquement. A ces problèmes s'ajoutent évidemment les défaillances de l'infrastructure hospitalière que nous connaissons tous ainsi que les obstacles financiers. Nous avons réussi à convaincre des bailleurs de fonds internationaux de nous soutenir et ils ont répondu présent. L'appui des instances internationales et des pays frères et amis nous a été précieux. Il faut dire aussi que l'absence de textes juridiques réglementaires ne rendait pas la tâche facile, surtout en temps de crise exceptionnelle. Malgré l'absence d'une équipe de communication au ministère de la Santé, je tenais à ce qu'on s'adresse aux citoyens, en temps opportun, avec des messages simples et clairs pour les fédérer et les inciter à respecter, dans la mesure du possible, les gestes barrières et les encourager à se faire vacciner.
Quelles sont les principales actions menées par votre département au cours de l'année écoulée?
Trois actions méritent mention:
1) La riposte efficace à la pandémie de Covid-19 avec ses différents aspects. Cette pandémie a forcé la concrétisation de la numérisation du secteur de la santé et à l'adoption de la télémédecine en tant qu'outil de travail pour faciliter l'accès aux soins à tous avec équité, y compris les zones les plus reculées du pays. Cette digitalisation nous aidera également dans le renforcement des investissements en matière d'exportation des services de santé et de tourisme médical.
2) L'appui au développement du secteur de la pharmacie et du médicament, en mettant en place la création d'une nouvelle filière de spécialisation en industrie pharmaceutique à la faculté de Pharmacie de Monastir. La fabrication des vaccins et des médicaments biosimilaires fait partie de ce grand axe qui permettra l'autosuffisance en médicaments mais aussi la possibilité d'en exporter.
3) La préparation et la validation de la politique nationale de santé à l'horizon 2030, en se basant sur les résultats du dialogue sociétal déjà entrepris en 2012, et on se prépare à tracer la politique nationale de santé à l'horizon 2050.
Quel est votre mode opératoire?
Au préalable, une vision novatrice est importante. La santé est unique et au profit de tous les citoyens. Elle associe tous les intervenants (ministère de la Santé, santé militaire, santé des forces de sécurité intérieure, santé professionnelle…). Nous devons assurer un suivi minutieux et une évaluation des mesures entreprises et des activités programmées, afin de réduire l'écart entre le « programmé et le réalisé », tout en restant à l'écoute active des attentes de la population et des professionnels de la santé.
La gestion au quotidien ne saurait occulter la mise en perspective de nos besoins et de notre approche. C'est pourquoi deux comités ont été mis en place dans le cadre de la stratégie de la santé 2030 -2050. Le premier est un comité des sages, qui constituent notre trésor national. Nous devons profiter de leurs expériences, de leurs expertises et savoir-faire. Le second est celui des jeunes du secteur. Nous avons besoin de porter un regard nouveau sur la santé, les technologies, les nouvelles spécialités à l'instar de la télémédecine, la robotique, la médecine nucléaire, les addictions (cyberaddiction, toxicomanie…), les soins palliatifs, la recherche, l'impact du réchauffement climatique… Pour cela, rien de mieux que les jeunes pour voir et avoir leur vision de la santé 2030-2050.
Quels sont les grands défis qui se posent à la Tunisie en matière de santé?
Ils sont multiples, aussi importants les uns que les autres. Je citerais particulièrement:
• La transition démographique et comportementale de la population tunisienne, avec le vieillissement de la population et l'augmentation des maladies non transmissibles, mais aussi les besoins des adolescents et des jeunes, la santé mentale et les comportements à risque.
• L'accès équitable aux services de santé, avec le principe de « la santé pour tous », tout en enracinant la culture de la prévention et en développant la santé préventive par les programmes nationaux de santé (vaccination, allaitement maternel, lutte antitabac et toxicomanie …)
• L'amélioration et le développement des infrastructures sanitaires, tout en axant sur la numérisation du secteur de la santé
• Se préparer à de nouvelles pandémies et à riposter à l'échelle nationale et internationale.
• Les systèmes de santé partout dans le monde font face à des défis environnementaux, dont le réchauffement climatique, ce qui augmente les risques d'apparition de nouveaux virus qu'il faut prendre en considération
• L'élaboration d'un cadre juridique mieux adapté aux situations de crise, la mise en œuvre de mécanismes de décentralisation de la prise de décision et de l'indépendance de la prise de décision sur le plan local et régional
• Le renforcement du secteur de la pharmacie et des médicaments, avec la fabrication de vaccins et de médicaments biosimilaires et des dispositifs médicaux
• Le développement de la médecine de première ligne et la médecine de famille, mais aussi tous les niveaux d'intervention.
• Le renforcement de la médecine d'urgence et d'intervention, à travers des programmes de prise en charge tels que le plan IDM (infarctus du myocarde) ou plan AVC (accident vasculaire cérébral) et l'héliportage
• Le développement de la greffe d'organes et des cellules et l'héliportage des organes.
• Enfin, un défi très important, celui du financement de la santé, les moyens nécessaires à la pérennisation des sources de budgétisation du secteur de la santé, le financement des activités ordinaires et de la recherche et l'innovation.
Quelle satisfaction tire le ministre Mrabet de cette année passée à la tête du ministère de la Santé?
Ce fut pour moi aussi rapide qu'intense. Ma première satisfaction réside dans le succès partagé dans la riposte au Covid-19. De la vaccination à la prise en charge des personnes infectées par le virus. La Tunisie a donné au monde un bel exemple de gestion de cette grave crise sanitaire. L'impact sur l'image du pays est important et nous confirme comme destination préférée en matière de tourisme médical. Il rejaillit également sur l'exportation des services de santé, notamment vers les pays africains et méditerranéens.
Quant à ma seconde satisfaction, c'est le retour à la vie normale, après deux années de confinement, de peur et d'incertitudes, de voir les gens prendre du plaisir à participer aux festivals, aux séminaires, voir les activités reprendre dans les secteurs hôtelier, touristique, culturel…
Je suis également très fier d'avoir accompli l'héliportage d'organes : grâce à l'aide précieuse du ministre de l'Intérieur lui-même, nous avons pu réaliser un héliportage pour une transplantation d'organes et donc sauver cinq vies.
L'organisation du train rose et des caravanes de santé est, sans doute, très importante.
Je suis fermement convaincu que la santé est un droit pour tout un chacun. Même si les moyens nationaux manquent dans certaines zones, je suis fier de voir des médecins du secteur public et du secteur privé travailler ensemble et se déplacer bénévolement pour effectuer des consultations et des interventions chirurgicales.
Je voudrais également mentionner l'importance de la campagne de propreté réalisée dans plusieurs hôpitaux et qui devrait se généraliser dans toutes les structures de soins d'ici à la fin de l'année.


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