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Azza Filali: Gaza, tombeau de l'occident
Publié dans Leaders le 27 - 01 - 2024

Le drame n'incite pas à aller au théâtre. Pourtant, seul un détour par la tragédie permet de saisir ce qui se passe à Gaza.
Allons donc au théâtre. Première scène: le rideau se lève sur la cour internationale de justice; sur l'estrade des juges, avec robes noires et perruques. Seraient-ils habités par une équité où frémit le fantôme d'une compromission? Voici qu'ils prononcent une sentence, imposant à Israël de ne plus tuer les civils palestiniens, de ne plus démolir ce qui reste d'habitations, de restituer eau, nourriture et électricité aux reclus. Jugement qui ne va pas jusqu'à affirmer le génocide, qui n'impose pas non plus à Israël un cessez-le feu immédiat. En somme, et de façon cavalière, c'est comme si les recommandations de la cour consistaient à dire: «Messieurs les Israéliens, bombardez doucement.» Certains prétendent qu'il faut lire le non-dit dans les mots prononcés par les juges de La Haye. Mais, dans le laps de temps, séparant deux non-dits, cinquante palestiniens sont déjà été tués.
Restons au théâtre. Deuxième scène, Gaza au quotidien lorsque l'horreur surpasse la pire tragédie: cadavres dispersés dans les rues, ou jonchant le sol de ce qui fut un hôpital. A leurs côtés, des blessés qu'on tente de soigner par terre, avec les moyens du bord. Tout autour, maisons, immeubles, écoles, lieux de culte démolis, la ville n'est plus que décombres. Parfois, de sous les décombres jaillissent des pleurs d'enfant, ou un cri d'homme, pas tout à fait morts. Mais cela ne saurait tarder car Israël empêche les secours d'arriver jusqu'aux victimes et encercle les hôpitaux.Mon intention n'est pas de m'indigner, mais d'analyser une donnée que beaucoup partagent: c'est à Gaza qu'agonise, avec les palestiniens, la civilisation occidentale. Ainsi, Mr Biden et ses toutous européens, entreront dans l'histoire comme ayant été les ultimes fossoyeurs de leur propre civilisation, jolie gloire posthume !
La mort de la civilisation occidentale en affecte toutes les dimensions. La plus évidente, celle qui émeut et révolte le plus, est l'anéantissement des valeurs longtemps prônées par l'occident: liberté, justice, égalité, respect de la vie humaine, préservation des besoins essentiels de tout individu : boire, manger, se soigner, s'éclairer, se chauffer… Ces valeurs qui ornent le fronton des constitutions en occident, sont foulées aux pieds par les dirigeants d'Europe et des USA. Ce faisant, l'occident démontre que ces valeurs n'étaient qu'effets d'annonce, destinées à l'export, juste bonnes à berner le reste du monde. Debout, alignés derrière nos anciens colonisateurs, nous autres, peuples émergents, assistons, enfin lucides, à l'inanité des leçons qu'ils nous ont seriné : égalité, justice, dignité ne sont que des leurres; quant à la liberté c'est un ingrédient que ces « honorables » se réservent pour mieux nous asservir.
La mort des valeurs entraîne avec elle l'obsolescence de toutes les instances internationales mises en place à la fin de la seconde guerre mondiale. Instances destinées à défendre les droits humains. Désormais, L'ONU, la FAO, l'Unicef, le croissant rouge international, sont réduits à une totale impuissance: ordre du chef. A Gaza, les enfants meurent comme des mouches, une famine sévit depuis des semaines, les maladies transmissibles prolifèrent. Les institutions internationales se réunissent en conférences, pondent des décisions, sitôt mises à la poubelle par les Etats-Unis. Alors, les organisations internationales baissent la tête et se ratatinent. Après tout, les USA sont leur premier bailleur de fonds.Autre pan de la civilisation occidentale qui s'effondre: le libéralisme consumériste à tout-va, dévoyé, prêt à tout pour sauver ses intérêts: nantis d'un côté, démunis de l'autre, entre eux un mur invisible que personne n'est capable d'abattre (Pour l'instant...) Les populations européennes, à travers les manifestations de 2021 et 2022, (gilets jaunes et autres) ont déjà clamé leur rejet de ce système économique. Mais, une prise de conscience populaire n'est pas synonyme de changement politique. Celui-ci se met en veilleuse jusqu'à qu'une déflagration parvienne à briser le mode de gouvernance en place. Or, la politique est gardée par l'argent (sale ou mal gagné). D'ailleurs, guerre et argent sont de bons amis : ne dit-on pas que l'argent est le nerf de la guerre, et qui mieux qu'une bonne guerre bien sanglante fait travailler les marchands d'armes, d'avions et de munitions?
Pour revenir à Gaza, les milliers, voire les millions de manifestants à travers le monde, appelant à un cessez-le-feu attestent d'une survivance des valeurs d'humanité chez les peuples, mais ces manifestations demeurent pour l'instant inopérantes. Il faut attendre qu'une étincelle de violence jaillisse quelque part, que le feu dévaste les citadelles bien gardées du pouvoir occidental et de leurs vassaux arabes (Arabie Saoudite, Qatar, Egypte et autres).
Autre cible de ce qui se passe à Gaza: la mondialisation, grand fleuron de la civilisation occidentale. Sous-tendue par les progrès du numérique, des transports aériens, et l'élargissement des marchés à plusieurs régions du globe.
Aujourd'hui, les structures supranationales, sont sous-tendues par les intérêts communs des pays, et la crainte qu'une guerre se déclare. Or, en Europe, depuis 2022, Russie et Ukraine ont aboli le fantasme d'une paix européenne perpétuelle. Ainsi, il est fort à parier que l'union européenne (initialement appelée 'marché commun') se délite sous la poussée des nationalismes singuliers et en cas de défection du soutien américain. Déjà, la fameuse «Françafrique» se désagrège sous nos yeux… Le slogan de l'ère à venir sera-t-il «chacun pour soi et les armes pour tous?».
Ainsi, c'est à Gaza que finit la trajectoire d'une civilisation occidentale qui a régné depuis le siècle des lumières. Quelle nouvelle civilisation verra le jour? Quels en seront les fondamentaux ? Nous pouvons espérer qu'elle installera plus de sincérité entre les êtres. En attendant, reprenons la fameuse citation de Gramsci: «Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.» Ces monstres, nul besoin de les chercher bien loin: leurs avions survolent à toute heure l'étroite bande de Gaza, larguant leurs bombes sur des civils qui vivent à ciel découvert, sans aucun refuge où échapper à une mort aussi injuste qu'inévitable.


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