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Adnen Khedher : Le pari d'une télévision publique de qualité et indépendante
Publié dans Leaders le 20 - 02 - 2012

Lui, au moins, il connaît bien ses limites: « Le journal télévisé, ce n'est pas moi!». Adnen Khedher, qui vient d'être promu président de l'Etablissement de la Télévision Tunisienne, le reconnaît et tient à le préciser.
« Je suis bien le président de la Télévision Tunisienne, mais je n'ai aucune autorité ni sur la ligne éditoriale des journaux télévisés, ni sur leur contenu. Ils sont du ressort des rédactions elles-mêmes, qui décident en toute indépendance et essayent de faire preuve de professionnalisme et d'éthique».
Mais qui assume la responsabilité en cas de dérapage, d'autant plus qu'il y a souvent des contestations, de différents bords ? « Vous savez, essaye de justifier Khedher, ceux qui font les journaux télévisés sont pour la plupart des jeunes. Ils avaient été moulés durant leurs études et jusqu'à la révolution dans un certain contexte dont ils veulent tous s'affranchir. Dans cet apprentissage de la démocratie, mais aussi des nouvelles approches de traitement de l'information, souvent à chaud sur des sujets très brûlants, ils peuvent, par inadvertance ou faute de temps, ne pas aller jusqu'au fond des choses, et ne pas recueillir la satisfaction de tous, surtout que les intérêts sont divergents. Mais, nous devons leur faire confiance et faire preuve de patience et de tolérance. Ils sont en train de forger eux-mêmes la nouvelle information publique, pluraliste et indépendante».
Alors que fait le président de la Télévision Tunisienne? «Fournir aux équipes de l'information, les conditions les meilleures possibles afin qu'elles puissent travailler», répond-il. Bref, la technique, les finances, l'administration et toute la logistique, mais sans interférence sur le contenu. «D'ailleurs, je me refuserai d'y intervenir et je n'ai pas manqué de le dire directement aux journalistes, en leur demandant d'exercer pleinement leur métier, en toute responsabilité et conscience».
Pour Adnen Khedher qui entamera ce 18 février sa 48ème année, la voie de la télévision s'est ouverte devant lui par un heureux concours de circonstances.
Maîtrisard en gestion (faculté de Sfax, 1986), il s'est retrouvé plongé dans la production télévisuelle, dans une boîte de production privée, pour s'occuper surtout de la gestion et du contrôle des coups de production. Découvrant cet univers et s'y perfectionnant en suivant des formations en France, à l'Ecole Internationale de
Bordeaux (ACCT), il finira par devenir directeur de production jusqu'à intégrer l'ERTT et sa filiale ANPA.
Dans le «houche» familial au milieu d'une plantation d'oliviers où il est né à Oued Béja, tout près de Sidi Alouène, en plein Sahel de Mahdia, il avait toujours été nourri depuis son jeune âge d'histoires rapportées par ses grands-parents, partis guerroyer au Levant avec l'armée française. L'un deux avait même connu Ismahène et Farid Latrache, encore enfants, puis jeunes pousses de la chanson arabe. Ils ramenaient des disques et surtout des revues magazines people. Plus encore, il y avait toujours à la maison des revues comme Ici Londres (BBC), Al Arabi (Koweït), et autres. Un oncle participera à la formation de sa culture audiovisuelle et l'entraînera plus tard dans son sillage : Aly Mansour, le réalisateur TV. D'ailleurs, à sa sortie de l'Université, c'est dans la société de production de son oncle qu'Adnène fera ses premiers pas.
Plus de 30 feuilletons avec de grands réalisateurs
Sur le terrain, il apprendra vite, essayant de comprendre les mécanismes de la production d'émissions et de feuilletons, d'en acquérir les bons reflexes, d'anticiper les difficultés, de soutenir les équipes et de réussir les tournages. Le plus dur est d'accomplir la post-production et de tout boucler non seulement dans les délais impartis, mais dans les limites du budget alloué. Recruté à l'ANPA, en 1998, après quatre années passées en free-lance, il sera, aux côtés de Mokhtar Laabidi, sur toutes les productions, gagnant ainsi en expérience. De directeur de production sur telle émission ou tel documentaire ou feuilleton, il sera promu coordinateur des productions dramaturgiques. Mais, plus particulièrement, il alignera à son palmarès plus de 30 feuilletons, tournés avec les plus grands noms de la télévision tunisienne.
« Lorsque on travaille, dit-il, avec Mohamed Ghdhbane, Slah Essid, Hmadi Arafa, Habib Meslmani et autres Haj Slimane, et qu'on produit des téléfilms de la trempe de Gamret Sidi Mahrous, on apprend énormément et on essaye toujours de performer davantage la production qui suit». A force de faire des repérages, Adnène a sillonné la Tunisie entière et découvert ses merveilles souvent peu connues, rencontré les populations locales, écouté leurs parcours et apprécié la bonté du terroir. En fait, Khedher est très marqué par ces racines profondes des Tunisiens. Les siennes plongent au fond des tribus arabes qui étaient venues, il y a plusieurs siècles, d'Arabie et de la Haute Egypte, s'installer, ici et là, dans le sud, le Sahel et le nord de la Tunisie. Cet ancrage est en fait une transmission de valeurs précieuses qui guident son parcours. Sa vaste culture et sa connaissance de l'histoire et de la civilisation arabes lui ont été utiles pour mieux comprendre les documentaires et feuilletons à tourner et lui servent aujourd'hui de trame de fond pour sa pensée et sa vision. Aujourd'hui, lorsqu'il enseigne les techniques audiovisuelles et la production, dans une école supérieure spécialisée, il essaye avant tout de transmette à ses étudiants le sens des valeurs qui président derrière la caméra et doivent imprégner l'image.
En première ligne, dès la révolution
De promotion en promotion, au sein de l'ANPA jusqu'à sa disparition après la restructuration de la Télévision Tunisienne, Adnène est hissé au premier rang des responsabilités non seulement de la production, mais aussi de la programmation et de la direction de l'antenne. Début janvier 2011, il était de permanence à la télévision, quasiment presque toutes les nuits, en plus de sa présence le jour, dans une mobilisation générale. Et c'est ainsi qu'il s'était retrouvé en première ligne dès le déclenchement de la révolution.
En bon logisticien rompu aux exigences du « confort plateau de tournage des productions », il devait s'occuper des équipes, pour sécuriser leurs déplacements, assurer les hébergements sur place dans la Maison de la Télévision, fournir le ravitaillement pour pas moins de 200 personnes et veiller au moindre détail, en plus du soutien nécessaire pour ce qui est de la programmation et de la gestion de l'antenne. Dès le 28 janvier, le nouveau patron le chargera de la direction de la deuxième chaîne baptisée Watanya 2. Il s'y emploiera de toute son énergie, continuant à prêter main-forte à la première chaîne, faisant de tout son mieux.
La veille de l'Aïd, le 6 novembre 2011, un chant religieux de Faouzi Ben Gamra mentionnant le président déchu diffusé, par mégarde, sur la première chaîne, avait entraîné le changement de son patron.
C'est ainsi qu'à la faveur d'une permutation, Adnène a été promu à la tête de Watanya 1 et Sadok Bouabène, pour le principe, muté à La 2.
«Si je peux être utile…»
Deux mois après, et sur fond de rumeurs contradictoires mais guère confirmées, Mokhtar Rassaa, président de la Télévision Tunisienne, prévenait les nouvelles autorités du pays de l'imminence de son départ à la retraite, en février, signalait l'absence d'organigramme et, partant, de fondement juridique pour la désignation officielle des directeurs de chaînes, et soulignait, sur la base du bilan des actions accomplies et de leurs enseignements, les mesures urgentes à entreprendre. Samedi 7 janvier à 14H30, Adnène Khedher apprit sa propulsion à la présidence de la Télévision Tunisienne.
« Pouvais-je décliner cette désignation que je n'ai jamais sollicitée?, confie-t-il. J'y ai vu un avantage et un inconvénient.
L'avantage, c'est que je suis issu des rangs, familier avec les rouages et les équipes. L'inconvénient, les forts tiraillements politiques qui peuvent survenir, alors que je me suis toujours imposé une totale indépendance, tenant à mon professionnalisme. Mais, mes collègues m'ont encouragé à accepter cette mission. Je me suis dit alors : si je peux être utile… ».
Quelles sont ses priorités, maintenant ? «Elles sont aussi nombreuses qu'urgentes et importantes, répond-il. Il y a d'abord ces questions fondamentales de statut du personnel, d'organigramme, de système de rémunération des pigistes, producteurs et différents intervenants.
Il va falloir former des groupes de travail, instituer une commission des programmes, faire élire un comité de rédaction pour les journaux télévisés, etc.
Il y a aussi à réfléchir sur la composition du conseil d'administration afin d'y faire représenter également la société civile et le personnel. Beaucoup de chantier à la fois et pas une minute à perdre ».
Les journées sont sans fin pour Adnène Khedher. Tard dans la soirée, il a hâte de rentrer chez lui dans la banlieue sud de Tunis, retrouver sa petite famille, rêvant de pouvoir passer une après-midi à Tabarka qu'il adore, ou Béni Khiar, qu'il chérit… sans espérer, pour le moment, trouver le temps de poursuivre jusqu'à Oued Béja, son terroir natal.


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