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Réponse à l'appel de la militante Emna Menif
Publié dans Leaders le 31 - 05 - 2012

D'abord, permettez-moi, Dr Menif d'exprimer ma déférence envers votre personne pour votre lutte incessante contre l'obscurantisme, pour votre persévérance à défendre les valeurs de la démocratie et pour le fait d'être parmi les rares personnes laïques qui ont fait preuve d'objectivité et de courage pour souligner les erreurs et les errements des partis perdants (lors des élections du 23 octobre). Je suis d'accord avec vous sur l'essentiel, sur les principes, les valeurs et les buts du PROJET mais j'ai quelques réserves sur certains points et j'ai déjà préconisé une démarche et une tactique menant aux buts. Avant d'y arriver faut-il d'abord décrire les éléments clés de la situation.
Tous les indices, les faits, les orientations et les décisions (et non le discours qui est parfait) prises par ennahdha montrent que ce parti n'a aucune volonté franche de construire et d'instaurer la démocratie mais, au contraire, il a plutôt comme projet d'être seul au pouvoir le plus long possible et d'enraciner, de façon graduelle et bien calculée (si besoin faire des reculs et des concessions provisoires), une dictature impitoyable sur un fond pernicieux de rigueur religieux. Les paliers successifs ou parallèles, de gradation montante, de son projet sont les suivants :
1. La mainmise sur les rouages de l'Etat, l'interférence des appareils de l'Etat avec celle du parti en pouvoir (ennahdha), les essais incessants de percer, de pénétrer et d'ébranler la principale force politique et sociale du pays (UGTT), et les manœuvres invisibles visant la marginalisation des deux autres partis de la Troïka (CPR et attakattol).
2. Les tentatives répétée de confiscation des acquis de la révolution depuis le14 janvier jusqu'au 23 octobre 2011 tels que la liberté d'expression, l'indépendance des médias, l'indépendance de l'ISIE afin d'assurer des élections libres loin de toute influence ou pression des acteurs politiques. Dans cet ordre d'idées, faut-il également souligner les manœuvres adoptées pour que le régime parlementaire soit adopté comme régime politique dans les textes de la constituante afin d'assurer le plus longtemps possible (des décennies) le contrôle exclusif du pouvoir. Ce régime, tel qu'il est conçu par le parti ennahdha, conduit dans les faits à la mainmise des pouvoirs exécutif et législatif du parti premier vainqueur des élections sans aucun partage avec le deuxième vainqueur. Le parti ennahdha est conscient de sa préséance sur les autres partis, non en raison de son programme, mais de la confusion, qui existe chez la plupart des pratiquants tunisiens, entre l'Islam et ennahdha. Sûr de son victoire, ce parti prône le régime parlementaire afin de régner seul au pouvoir et dicter ses lois au peuple tunisien.
3. Renforcer cette confusion à travers notamment la désignation des cheikhs extrémistes influencés par la pensée wahhabite et salafiste comme responsables des instances religieuses telles que la zitouna, la complaisance envers les noyaux durs des salafistes et l'utilisation des pratiquants, qui ignorent les valeurs de l'Islam, comme moyen de pression et de harcèlements morale et physique au lieu d'éclairer ses ignorants sur la raison d'être de l'Islam (l'éthique, la morale) et ses valeurs (l'amour, la dignité, l'égalité, la tolérance, le dialogue et la recherche scientifique).
Si le parti ennahdha réalise ces objectifs, la voie lui serait ouverte pour imposer ses lois et malheur à celui qui ose critiquer ses décisions, voire celui qui ne les bénit pas de façon solennelle au nom de recommandations divines de l'Islam ou au nom du choix du peuple qui a voté pour ennahdha. Plus les forces vives de la nation tardent à s'unir efficacement pour arrêter ce fléau et sauver les acquis démocratiques, plus ennahdha gagne du terrain et plus il devient pratiquement impossible de redresser la barre sans une guerre civile sans merci et de longue durée, ce qui est très coûteux et risqué pour la Tunisie. Ainsi, le redressement de la barre pour sauver les acquis démocratiques constitue en lui-même tout un projet d'une grande envergure, à mettre en branle de toute urgence (la priorité des priorités) que doit mener les forces vives et unis de la nation y compris les hauts dirigeants d'ennahdha. Ce que les partis d'opposition doivent comprendre, c'est qu'ils doivent en finir avec l'illusion qu'il y aurait de véritables élections s'ils ne s'unissent pas le plus tôt possible (avant qu'il ne soit trop tard) pour redresser la barre loin de tout calcul électoral. Donc, il faut veiller à assurer le déroulement effectif de véritables élections pour que l'investigation en matière de la stratégie appropriée à adopter menant au succès électoral ait un sens.
Tout lecteur peut s'étonner quant à l'association du parti responsable de la déroute du processus démocratique au projet de sauvetage des acquis démocratiques. Trois principales raisons plaident pour cette association :
1. Il se peut que je me trompe sur le vrai projet d'Ennahdha par manque de données ou par faute de finesse et justesse de raisonnement. C'est l'occasion alors de rectifier le tir des idées (et par suite des solutions) avec Ennahdha qui connaît les ficelles de son projet. Même au cas où mes appréhensions sur le projet d'ennahdha sont avérées, il serait toujours plus sage d'associer ce parti responsable de la débâcle au projet de sauvetage afin de lui faire assumer ses responsabilités. S'il refuse le dialogue et l'association au projet, il en assumera les conséquences.
2. Le danger des noyaux durs des salafistes est bien tangible (les derniers événements le prouvent) aussi bien pour le parti ennahdha (à moins que celui-ci considère les salafistes comme des alliés stratégiques ou comme moyen pour réaliser son projet) que pour toutes les forces vives de la nation qui aspirent à une Tunisie libre, paisible, modérée et évoluée à tous les plans et qui luttent contre l'obscurantisme et l'ignorance. Ce danger constitue une occasion de nous unir tous pour une Tunisie de dialogue qui n'exclut aucun de ses enfants.
3. L'élimination de ce danger n'est pas une simple affaire. Le dialogue avec certains salafistes ne semble pas une solution suffisante car, comme a dit M. Ghannouchi : « ils ne sont pas préparés au dialogue ». La solution opposée, le recours systématique à la force et à la confrontation, peut entraîner beaucoup de dégâts pour une cause dont l'issue est incertaine. Ce qu'il faut préciser et distinguer, c'est le fait que la force de l'engagement et de la mobilisation des militants et des partisans d'un parti de référence religieuse (tel que ennahdha) ou d'un courant salafiste « jihadiste » est inconditionnelle et d'une intensité insoupçonnée qui dépasse largement celle des partisans d'un parti civil, ou d'une idéologie autre que la religion, car les projets dits religieux portent la dimension symbolique de foi et de divinité. Cela explique pourquoi Ennahdha utilise les pratiquants qui ignorent les valeurs de l'Islam, comme moyen de pression envers tout ce qui ne s'aligne pas à son projet. Cette tactique montre qu'Ennahdha connaît mieux que les autres partis civils le langage de gens attachés à leur religion dont ils ignorent pourtant les fondamentaux et par conséquent, elle est mieux placée que les autres au dialogue avec les salafistes.
La nécessité d'associer Ennahdha au projet de redressement nous conduit à penser à une alliance (non électorale) de salut national qui devait réunir les leaders politiques et de la société civile pour sauver les acquis démocratiques. En parallèle, les partis d'opposition doivent s'organiser et s'investir pour bâtir une stratégie visant un meilleur équilibre de forces entre Ennahdha et l'opposition. Bien entendu, l'élaboration de cette stratégie et le projet de redressement n'excluent pas le PROJET dont a parlé Dr Emna Menif. Les acteurs d'alliance de salut national doivent inclure la classe dirigeante actuelle du pays (les hauts dirigeants d'Ennahdha, le ministre de l'intérieur, le ministre de la défense, le chef des armées, les trois présidents) ainsi que quelques représentants (de préférence les leaders) de chacun des forces démocratiques telles que l'UGTT, l'UTICA, les médias, les partis d'opposition, les associations civiles, les intellectuels et les sages (dont l'intégrité est au dessus de tout soupçon).
Pour que le projet de sauvetage ( ou d'alliance de salut national) voie le jour, il faut bien un déclencheur, un initiateur, un coordinateur. Je vois en Emna Menif, qui a lancé l'appel à l'union sacrée des forces démocratiques, la personne la mieux placée pour jouer ce rôle d'autant plus qu'elle possède la qualité d'un leader : charisme, talents oratoires et pouvoir de persuasion d'une part, et une bonne connaissance du milieu politique, d'autre part.
Le projet d'alliance de salut national devait comprendre un pacte sociopolitique et un plan de redressement. Le pacte prévoit que toutes forces démocratiques s'engagent à soutenir, renforcer et aider les leaders de la classe dirigeante à créer un climat sain et propice à l'emploi et à l'investissement. Tout mouvement entravant la roue économique tel que les grèves, les sit-in (économiques), l'obstruction des voies de transport devait être considéré (et annoncé par tous) comme acte criminel pour la Tunisie. Dans ce cadre, l'UGTT devait prendre la lourde et douloureuse décision de reporter les revendications légitimes d'augmentation des salaires. Bien entendu, elle ne peut céder à son programme d'anéantir les systèmes de "المناولة والحضائر". En contrepartie de tout cela, le Gouvernement doit s'engager formellement de façon très claire et sans aucune ambiguïté à œuvrer dans les trois voies suivantes :
- Faire preuve d'austérité : il est inconcevable que le Gouvernement et les membres du parti Ennahda aussi (et de surcroît parti qui se prétend islamique) exigent des salariés de geler leur bas salaires (au nom de la priorité à l'emploi) alors qu'ils mènent la belle vie !? Un pays comme la Tunisie ne peut pas avoir le luxe d'avoir un gouvernement de 80 membres du gouvernement ou avec rang de ministre et qui ne cesse d'élargir ses staffs. Le parti victorieux des premières élections après la révolution, utilise les moyens de l'Etat et compense financièrement ses militants.
- Faire preuve de maîtrise des prix et de contrôle de la contrebande.
- Faire preuve de volonté réelle mettant la Tunisie, sans tarder, sur la voie de la démocratie : indépendance des pouvoirs judiciaire, législatif (actuellement c'est le gouvernement qui dirige et contrôle la constituante au lieu du contraire !?) et des médias. Il ya lieu également d'activer l'instance supérieure et indépendante des élections et de mettre fin à ses actions d'emprise sur les rouages de l'Etat (politique de quadrillage de Ben Ali) et d'usage de la religion, à travers les dogmatiques qui ignorent les vrais préceptes de l'Islam, comme moyen de confusion et de pressions politiques.

Ce troisième volet correspond au plan de redressement. Pour une meilleure efficacité de la mise en application du plan, je propose les recommandations et les précautions suivantes :
1. Le plan devait recouvrir trois paliers ou axes successifs suivants :
- l'assurance de l'indépendance effective des pouvoirs judiciaires et des médias ainsi que le rétablissement du pouvoir de contrôle de l'ANC sur le travail et la conduite de l'exécutif (Gouvernement) et l'élimination progressive du système de quadrillage adopté par Ennahdha ;
- l'institutionnalisation de l'ISIE en tant que haute instance publique, indépendante et permanente, et l'institutionnalisation d'un régime politique autre que celui du parlementaire car celui-ci, pour le cas de la Tunisie, est un régime dictatorial mais présenté (en usant l'art de la rhétorique) comme le garant du sommet de la démocratie ;
- la conception des modalités de réalisation effectives de la justice transitionnelle et de l'intégration des salafistes dans la société tunisienne.
2. Pour chacun de ces trois paliers, les forces démocratiques doivent préparer une conception claire et des modalités concrètes d'application et de suivi comme base de discussion et de négociation avec la classe dirigeante. Faute de quoi, Ennahdha va proposer un projet qui ne mérite même pas d'être discuté pour gagner du temps et confisquer, autant que faire se peut, quelques éléments de la démocratie tout en donnant l'impression qu'elle est tolérante en concédant et en adoptant des modifications significatives à son projet initial.
3. Etre vigilant à tout dérapage de la classe dirigeante dans l'application de chacun des accords conclus et signés dans le pacte sociopolitique à travers un suivi minutieux selon les modalités d'application et de suivi.

Bien entendu, si le Gouvernement montre à travers les négociations que le parti Ennahdha n'a pas une volonté réelle de renoncer à son projet de régner seul au pouvoir et de confisquer les acquis démocratiques, les forces démocratiques doivent arrêter le processus de dialogue et exercer une pression croissante sur l'ANC, sans pour autant faire atteinte à sa légitimité, le poussant à assumer ses responsabilités historiques. L'idéal serait que l'ANC décide la dissolution du gouvernement actuel pour le remplacer par un Gouvernement restreint et indépendant de salut national où le choix de ses membres doit être établi selon les compétences. Cependant, les ministres les plus intègres et les plus performants de l'actuel gouvernement peuvent garder leur poste. Le choix des membres doit être fait par l'ANC en collaboration avec les forces démocratiques de la nation.
Les médias ont un rôle d'une importance capitale dans le processus du sauvetage. Ils doivent constituer un contre pouvoir et un moyen de contrôle de toutes les forces vives de la nation à commencer par les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). Les sujets à aborder, notamment sous forme de débats d'idées doivent être ouverts aux pratiquants qui ignorent les valeurs de l'Islam. J'insiste plus particulièrement sur les points suivants :
- les valeurs de l'Islam ne s'opposent aucunement à la démocratie à condition que le gouvernement montre l'exemple en adoptant lui-même une conduite exemplaire selon les préceptes de l'éthique et de la morale islamique tout en veillant à respecter les croyances de chacun (لا إكراه في الدّين). Faut-il préciser que ces préceptes sont des principes universels;
- la démonstration que le parti Ennahdha, au niveau de la pratique, ainsi que les courants extrêmistes du salafisme (pratique et discours) ne suivent pas les valeurs de l'Islam ;
- le sens, la portée et la profondeur de quelques citations illustrant la relation adéquate entre l'Islam, la politique et la science telles que :
• « Le problème du monde est que les fous et les fanatiques sont toujours sûrs de leurs positions, mais les sages sont toujours contrôlés par les doutes et les appréhensions » (Bertrand Russel) ;
• "إنّ للإسلام عدوّ من الخارج، هو أقلّ خطرا وعدوا من الدّاخل هو أشدّ خطرا كمسلم جاهل لا يفهم دينه، ويتعصب لجهله وضلاله" (الإمام الغزالي)؛
• "الفتن التي تتخفّى وراء قناع الدين تجارة رائجة جدّا في عصور التراجع الفكري للمجتمعات" (ابن خلدون)؛
• "الإكراه على الفضيلة لا يصنع الإنسان الفاضل .. كما أنّ الإكراه على الإيمان لا يصنع الإنسان المؤمن .. فالحرّية النفسية والعقلية أساس الفضيلة. إنّ كلّ تدين يجافي العلم ويخاصم الفكر ويرفض عقد صلح شريف مع الحياة ..هو تدين فقد كل صلاحيته للبقاء" (الإمام الشافعي)؛
• قال الشيخ محمد متولي الشعراوي لما سئل لماذا لا تنتمي إلى حزب ديني ؟ : "أعرفكم وأنا مسلم قبل أن تكون حزبا .. ولن يزول إسلامي بدونكم".
Revenons au problème de la nécessité d'établir une stratégie efficace visant un meilleur équilibre de force sur la scène politique. Il est important que les partis d'opposition prennent conscience des faits suivants :
• Il n'y a pas seulement le facteur dispersion des voix qui explique leur échec lors des élections du 23 octobre. Le facteur déterminant ou la cause majeure de cet échec consiste dans le fait que les débats, lors des compagnes électorales, étaient orientés et centrés sur l'identité du peuple tunisien tout en dénonçant, de façon agressive, notamment le double langage et le financement douteux du mouvement Ennahdha. Centrant leur propagande sur la perfidie d'Ennahdha, avec à l'appui des exemples concrets, ils ont, au contraire, rehaussé son image au lieu de la rabaisser car la majorité de ses supporters font la confusion entre le parti de référentiel islamique et l'Islam lui-même, et par suite toute agression envers Ennahdha est considérée comme agression contre l'Islam lui-même. En d'autres termes, les partis d'opposition n'ont fait qu'apporter de l'eau au moulin d'Ennahdha.
• La majorité du peuple tunisien est très sensible et attaché à son identité arabo musulmane tout en ignorant la raison d'être de l'Islam, ses principes et ses valeurs, et confondent entre référentiel islamique et Sharia. Ainsi, le laïque confond souvent entre l'Islam et la pratique des musulmans, notamment celle des extrémistes. La majorité des pratiquants croit que toute personne qui ne bénit pas le travail du Gouvernement d'Ennahdha sa foi est déstabilisée et ne soutient pas suffisamment la religion d'Allah. Cela explique pourquoi les partisans trouvent toujours des justifications à toute dérive, si grave soit-elle du Gouvernement.
Ces faits montrent qu'il est naïf de croire qu'Ennahdha, même en cas du déroulement normal des procédures des prochaines élections va subir un échec à cause de ses nombreuses bavures. Ennahdha sait quoi faire et comprend convenablement la mentalité des différentes franges de la population tunisienne. Ainsi, le parti d'opposition qui saura rectifier son programme et sa compagne en fonction des faits cités et de la psychologie des gens connaîtra sans doute une avancée substantielle sur l'échiquier politique.
Cependant, cela n'est pas suffisant, il faut que les différents partis d'opposition se mettent d'accord sur la manière ou la stratégie d'union ou d'alliance ou encore de fusion afin d'éviter l'effritement, l'éparpillement des partis et la dispersion des voix. Pour cela, les leaders des partis doivent d'abord faire un effort psychologique pour surmonter, ravaler leurs égos et oublier les calculs et les soucis de la répartition des responsabilités et du quota de chacun. Ensuite, il s'agit de déterminer le nombre adéquat de grands partis à former ayant chacun une orientation spécifique. A mon humble avis le nombre ne doit pas dépasser cinq (gauche, droite, nationaliste et futuriste). Le chiffre 2 (ou tout au plus 3) est le nombre idéal (n*) de grands partis ayant les orientations respectives centristes et futuristes. Actuellement, la majorité du peuple tunisien n'est plus sensible aux idéologies ; ce qui est important pour lui, c'est d'abord et avant tout un programme de développement économique et social capable de lui assurer un emploi avec un bon pouvoir d'achat et un meilleur épanouissement. L'histoire a montré que les régimes idéologiques relativement rigides tels que ceux de gauche (au lieu de répartir équitablement la richesse, ils ont plutôt réparti la pauvreté), de droite (régime qui se détruit lui-même à cause de l'inégalité) et nationaliste (précipitation, manque de pragmatisme et d'analyse fine et juste de la situation). Les régimes religieux n'ont engendré que le despotisme, la décadence, l'obscurantisme et la guerre civile. Bien entendu, cela ne veut pas dire que les partis idéologiques, qui croient sincèrement à la nécessité de la démocratie comme base du progrès économique et social, doivent disparaître de la circulation, mais ils sont tenus seulement de changer leur discours et rectifier un peu leur vision des choses (pour s'inscrire par exemple dans une vision centre- gauche). D'ailleurs, le régime de gauche au sens strict du terme n'existe plus. Des personnalités telles que Hamma Hammami et Chokri Belaïd (de vrais leaders), la Tunisie en a vraiment besoin.
Les partis de chaque orientation (parmi les n* orientations adoptées) doivent s'unir pour discuter et élaborer ensemble un modèle et un programme détaillé, précis et clair de développement économique et social avec « un support doctrinal aux orientations claires et aux lignes rouges bien tracées » (Dr Emna Menif) et former par la suite un grand parti. Les leaders et les membres du bureau politique doivent être choisis selon le principe d'or en gestion : l'homme qu'il faut dans la place qu'il faut et selon la règle du jeu démocratique du vote de la base. Faut-il remarquer que je n'ai pas évoqué (exprès) l'expression «régime politique » dans le modèle et programme à élaborer car je suppose que le choix du régime ne devait poser aucun problème dans la mesure où le régime mixte est le régime qui présente les meilleurs équilibres, indépendance et contrôle réciproque des quatre pouvoirs.
Quant à l'orientation future, tout ce que je peux dire maintenant, c'est que le manque de volonté et / ou de capacité (vu les extrêmes difficultés de la situation transitoire) des différents gouvernements qui se sont succédé depuis le 14 janvier, et l'immaturité de la majorité des partis d'opposition m'ont poussé à réfléchir sur les modèles politique et économique les plus performants et adéquats à la Tunisie. Cet effort de réflexion a abouti à une esquisse de vision prospective, authentique et originale. Ce projet est dans l'attente d'une personne relativement jeune (de préférence ne dépassant pas l'âge de 45 ans et tout au plus 50 ans) possédant les qualités d'un vrai leader et un large background et se soumettant, avec bon gré, aux règles de la démocratie et aux valeurs de l'éthique et de la morale pour prendre en main cette esquisse. A aucun moment, je n'ai pensé de jouer ce rôle car tout simplement j'ai dépassé un peu l'âge indiqué, je n'ai pas les qualités d'un leader et ma passion s'est portée sur la recherche scientifique, plus particulièrement dans les domaines de l'épistémologie, de la gestion de la production et de l'organisation.
Enfin, pour conclure je redis à tout citoyen, quelle que soit sa situation sociale, la belle conclusion du Dr Emna Menif : « Depuis toujours, on a eu un rêve pour notre pays, on le porte encore… Ne faites pas que l'on soit réduit à pleurer notre rêve et notre pays perdus ».
Youcef Nebli


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