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Tunisie L'opposition sur le pied de guerre: «S'ils en tuent un, nous serons dix»
Publié dans Business News le 23 - 04 - 2012

« S'ils en tuent un, nous serons dix, s'ils en tuent dix, nous serons là par centaines. S'ils parviennent à terroriser les hommes, celles qu'ils appellent les graines du diable, les femmes, elles n'auront pas peur ». Devant l'ensemble des ténors de l'opposition tunisienne et représentants de la société civile, Emna Menif tient un discours guerrier. La posture a changé, les paroles également.
Aujourd'hui 23 avril 2012, six mois jour pour jour après les élections, dans une salle d'El Teatro, murs noirs et rétroprojecteurs passant en boucle les images de la violence policière et des agressions qui se sont multipliées, l'heure n'est plus aux discours d'une opposition apeurée, mais d'une résistance, face à ce qu'ils appelleront unanimement « un Etat fasciste ».
Iyadh Ben Achour, Sadok Belaid, Ahmed Nejib Chebbi, Sihem Ben Sedrine, Khemais Ksila, Selma Baccar, Samir Bettaieb, Said Aidi, Emna Menif, Mohamed Kilani, Youssef Seddik, et d'autres encore étaient, en effet, réunis ce lundi, dans une conférence initialement organisée par le réseau Doustourna pour revenir sur l'agression de son leader Jaouhar Ben Mbarek et de plusieurs militants du mouvement citoyen.
Sur fond d'images quelque peu propagandistes, illustrant des blessés victimes de la violence policière du 9 avril ou encore les agressions qu'a subies M. Ben Mbarek, ce dernier revient sur les circonstances de son agression à Douz : « Ils m'ont tiré en arrière par les cheveux, et demandaient à ce qu'on leur apporte un couteau. L'intention de tuer était claire, et je n'ai pas été le seul à avoir été victime de leur violence.
Pour ceux qui doutent du fait que ces personnes faisaient partie de la mouvance dite des salafistes, les habitants de la ville sont clairs. Ce sont des petites villes où tout le monde se connaît », affirme Jaouhar Ben Mbarek. A la question des journalistes évoquant le fait que certains doutent de la sincérité du leader de Doustourna et l'accusent de jouer la comédie, ce dernier répondra : «Il faudrait qu'on arrête de m'agresser dans ce cas, je n'aurais plus l'occasion d'exagérer les faits, ça m'arrangerait!».
Youssef Seddik, anthropologue et islamologue reconnu, racontera par la suite son expérience, lorsqu'il a été obligé de tenir sa conférence dans une pièce fermée, seul, avec les baffles à l'extérieur pour son public : « Je vais privilégier le réalisme et répéter mot pour mot ce qu'ils ont dit, qu'on ne m'accuse pas par la suite d'amplifier les faits », précise-t-il. « Si vous laissez passer M. Youssef, on le bat, ont-ils dit aux forces de l'ordre présentes sur place », témoigne M. Seddik. Olfa Youssef, également prévue pour cette conférence, n'aura pas pu s'y rendre. Et M. Seddik de s'indigner : «Je ne demande pas à ce qu'on soit de mon avis ou qu'on m'apprécie, mais l'espace public appartient à tout le monde! Si je suis empêché de me rendre dans un espace public, il y a problème, il y a des gens qui contreviennent à ma liberté alors que je n'ai rien fait pour limiter la leur».
Selma Baccar, quant à elle, sera la première à évoquer la création de comités de protection : «Il faut qu'on s'unisse et qu'on ne soit pas seuls, qu'on se protège mutuellement, parce que l'Etat n'est pas là pour nous protéger. Si nous devons prendre exemple sur les parties extrémistes, ce serait concernant leur union et leur sens de l'organisation», déclare-t-elle en substance.
Sadok Belaid appuiera ces dires. Il déclarera que l'orientation que prend le pouvoir à ce jour, est une orientation fasciste, semblable à celles qui ont éclos en Europe il y a plusieurs décennies. «La dictature fasciste s'installe par étapes. Ils emploient le pouvoir qui est entre leurs mains pour embrigader les plus faibles. En plus de développer leur milice, une milice professionnelle et je dirais même plus, une milice recyclée». « La seule solution pour éviter que le pire ne se produise, sera l'union ! », achèvera-t-il sous les applaudissements nourris de l'assistance.
Iyadh Ben Achour, rebondissant sur ces paroles, sortira de son discours modéré habituel : « Le problème ce n'est pas l'extrémisme, car si on avait un Etat pour nous protéger contre ces parties extrémistes, il n'y aurait pas de problème. Il n'y a qu'une force qui peut l'arrêter. Ce ne sont pas les démocrates ou les modernistes qui vont les arrêter, seul l'Etat peut le faire. Et le fait que l'Etat ne protège pas contre la violence de ces franges extrémistes, c'est ce qui nous mènera droit au fascisme».
Et d'ajouter : «Le combat est déloyal et déséquilibré dès le départ, car quand les démocrates privilégient le dialogue et le débat d'idées, les théocrates ne rejettent pas le recours à la violence». «Si l'Etat continue à privilégier et favoriser une partie au détriment d'une autre, nous allons droit à la guerre civile, et la dictature qui se prépare sera pire que la première car elle commandera au nom de Dieu», conclura M. Ben Achour.
Sihem Ben Sedrine tiendra à rappeler que ces violences ne datent pas de la période post-électorale mais que les exactions notamment contre le cinéma Africart ou encore contre les locaux de Nessma et le domicile de son directeur, se sont produites sous le gouvernement de transition. « Ces personnes également sont connues de la police, elles sont fichées et on sait très bien qui elles sont, et pourtant elles n'ont pas été inquiétées, y compris avant les élections, de même que la violence policière », précise-t-elle, «Aujourd'hui la violence a redoublé, et la situation est inquiétante. Mais il faut se poser les bonnes questions et se demander qui tire les ficelles pour instaurer ce climat de terreur», poursuit-elle en substance.
Ahmed Nejib Chebbi reviendra sur l'épisode Nessma TV, notamment le dernier jour du procès, où il déplorera que des avocats, qui ont été présents lors de la révolution, tiennent aujourd'hui un discours religieux extrémiste et appellent à la peine de mort pour le directeur d'une chaîne de télévision en raison de la diffusion d'un film. « Comme il y a eu des avocats qui ont soutenu le régime de Ben Ali, il faudra faire attention à ceux qui veulent instaurer cette dictature fasciste !»
Pour en revenir à Emna Menif enfin, cette dernière ne se privera pas de prendre à partie les deux partis de la Troïka aux côtés d'Ennahdha, que sont Ettakatol et le CPR : « Vous nous aviez annoncé que vous étiez au gouvernement pour jouer un rôle de garde-fou et éviter que les lignes rouges ne soient franchies ! Où êtes-vous ? Les lignes rouges ont été franchies à de multiples reprises et vous n'avez rien fait pour empêcher que la situation ne s'aggrave ! Maintenant ça suffit ! », lancera t-elle sous l'ovation du public. Samir Bettaieb ira jusqu'à annoncer la possibilité pour les députés de l'opposition du bloc démocrate de démissionner de l'Assemblée constituante, si aucune solution n'est trouvée à la situation grave que vit aujourd'hui la Tunisie.
Le ton est donné. L'opposition se place aujourd'hui dans la résistance. Il ne sera question ni de programmes, ni d'alternance, mais de la résistance contre un « Etat fasciste ».


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